Peter Parker x Reader

98. Commencer par le début

Je n'arrive pas à y croire. Pourquoi ? Juste pourquoi... Pourquoi est-ce que pendant tout ce temps, il n'a jamais essayé de m'informer du fait qu'il était toujours en vie ? J'ai toujours cru que j'étais toute seule – et je l'ai vraiment été pendant toutes ces années – mais maintenant, il débarque comme si de rien n'était, et il s'attend à ce que je sois heureuse de le revoir ? C'est une blague ?

Je laisse un nouveau soupire s'échapper alors que je continue de fixer le plafond de la chambre.

Tout a l'air si irréel... Je ne suis pas en train de rêver à nouveau, hein ? Il fallait vraiment que ça arrive maintenant ? Alors que j'avais enfin réussi – plus ou moins – à accepter mon passé, et que je commençais à comprendre les raisons pour tout ce qu'il m'est arrivé jusqu'ici ?

Je me redresse lentement, sentant un horrible mal de crâne me prendre à la tête. Je m'adosse au mur et laisse ma tête tomber en arrière, pour elle aussi la laisser reposer contre le mur. Je ferme les yeux.

Ce jour-là... je suis sûre de l'avoir vu mourir. Je me souviens encore de la mare de sang qui l'entourait quand 002 m'a emmené avec lui. La vue de son corps inerte est aussi fraîche que si cela venait de se dérouler. Il ne bougeait plus, il avait arrêté de respirer.

Je place mes mains de part et d'autre de mon visage, mes sourcils se fronçant légèrement.

Est-ce qu'il est vraiment en vie ? Est-ce même possible ? Ne serait-ce pas plutôt mon cerveau qui me joue encore une fois un tour ?

Je rejoue encore et encore la scène dans ma tête, cherchant désespérément une information que j'aurais laissé passer sous le choc la dernière fois. Pourtant, le souvenir reste le même. Mon père se rue sur eux, puis il s'écroule, son T-shirt blanc teinté de sang, et 002 m'explique que tout est de ma faute. Aucune respiration ne se fait entendre, aucun des corps n'émet le moindre mouvement. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils sont tous les deux morts.

Revoir ce souvenir encore et encore finit par devenir de la torture. Pourtant, je ne peux faire autrement. Je ne comprends pas, alors je veux comprendre. Je me creuse la tête pour essayer de voir ce que je n'ai pas pu voir, et tenter de me rappeler de ce dont j'aurais oublié. Les cris résonnent dans ma tête, les coups de feu retentissent sans fin. Je fais ce que je peux pour laisser une distance entre moi et ce souvenir, mais c'est peine perdue.

Je sens de la sueur couler dans mon dos ; pourtant, j'ai froid. Je suis dans le flou, je ne comprends rien. Je sens mes dents se serrer un peu plus à chaque seconde qui passe, cette scène devenant très vite insoutenable. J'ai même peur qu'elle aille me hanter jusque dans mes cauchemars.

Et puis, après plusieurs dizaines de minutes supplémentaire à m'infliger ce supplice, un nouveau souvenir semble se débloquer en moi, comme si jusque là mon cerveau l'avait rejeté, mais avait momentanément décidé de le faire ressurgir sous ma demande.

Alors qu'une main me tire fermement en avant, ma tête se tourne, adressant un dernier regard à mon père qui agonise sur le bitume. Mes yeux s'écarquillent alors que je croise son regard. Son corps de profil, sa main tendue vers moi en une dernière tentative de m'atteindre, le sourire crispé dessiné sur son visage qui témoigne de la douleur qui le traverse à ce moment, tout me revient. Et puis, il ferme les yeux, et son visage devient paisible.

Je sens un frisson me parcourir. Un profond malaise me prend alors que la raison tente de s'imposer à moi. Je croise les bras, tentant d'atténuer la sensation de froid qui s'empare de moi.

Même s'il est resté conscient pendant un moment, la vie a quitté son corps quand il a fermé les yeux. Il est donc bien mort, ce jour-là.