Thomas Watson
-La Bible parle des "anges qui n'ont pas gardé leur dignité". Ils ne la gardent pas car ils ne s'en contentent pas. Nos premiers parents, revêtus de la beauté de l'innocence dans le jardin, n'avaient pas non plus appris la leçon du cantonnement. Leur coeur aspire à quelque chose de plus. Regardant leur nature humaine comme un état trop bas et domestique, ils désiraient endosser la divinité elle-même et être comme Dieu.
S'il était donc déjà si difficile d'apprendre cette leçon dans la pureté céleste et dans la parure de l'innocence, combien nous la trouvons ardue à acquérir, nous qui sommes embourbés dans la corruption.
-Le riche doit apprendre le cantonnement comme tout le monde. Les riches possèdent de grands biens, mais pas contents car ils en veulent de plus grands. Comme ils aimeraient que leurs millions se transforment en milliards. Ils ressemblent à l'ivrogne, dont la soif augmente à mesure qu'il boit. La convoitise est une sorte d'ivresse sèche.
Il est rare qu'un tel homme ait suffisamment de biens pour se satisfaire. Pourtant, si cela est le cas, il lui fait alors davantage d'honneur. On ne voit pas les riches se réjouir autrement que lorsque le souffle des honneurs et de la popularité emplit leurs voiles. Dès que ce vent se calme, le mécontentement les saisit à nouveau.
On aurait pu penser qu'Haman possédait tout ce qu'un cœur humain puisse désirer. Il régnait au-dessus des princes, placé au pinacle de l'honneur, juste au-dessous du grand roi. Mais non! Au sein de toute sa pompe, son cœur orgueilleux ne pouvait se contenter et la colère l'emplissait, car Mardochée refusait de se prosterner devant lui. Seul le sang de la race juive serait un sacrifice suffisant pour calmer cette pleurésie de vengeance. La démangeaison de l'honneur ne s'assouvit guére sans effusion de sang.
-"Comme n'ayant rien, nous possédons toutes choses." 2 Co 6:4-10. Même chassé de tout, la douceur du contentement de son esprit emplissait son âme d'une symphonie céleste et lui indiquait qu'il possédait tout.
-Om que souffle la providence, il possédait une telle adresse et dextérité à cet exercice divin qu'il savait comment orienter correctement sa voie. Sa condition extérieure lui importait peu. il pouvait être tout aussi bien au sommet qu'au pied de l'échelle de Jacob, calme dans l'allégresse ou posé dans le deuil. Il pouvait traverser tout ce que Dieu lui envoyait: "Je sais vivre dans l'humiliation, et je sais vivre dans l'abondance."
-Paul ressemble à un dé. Bien qu'ayant plusieurs faces, il retombe toujours sur sa base! Que Dieu le bouscule comme il lui plaît, l'apôtre finit toujours par retomber sur une base de contenant. Dieu le plaça dans une multitude de conditions diverses mais aucune ne l'enflait ou le décourageait.
-Placez un laboureur devant un chevalet et vous n'obtiendrez pas un chef-d'œuvre! Pareillement, le peintre, qui sait si bien jouer avec les couleurs, ne saura pas tracer un sillon régulier. Il ne le peut pas, malgré sa maîtrise, car ce n'est pas son art. Il n'a aucune adresse dans ce domaine. Exhortez l'homme naturel, étranger à christ, à vivre par la foi et, quand tout va de travers, à posséder un esprit de contentement. Y réussira-t-il? Vous lui demandez de faire ce qu'il ne peut pas. Il n'a pour cela aucune capacité. Une vie de saint contentement dans le dénuement des consolations terrestres est un art que la chair et le sang n'ont encore jamais appris.
-Le chrétien peut-il être content tout en étant sensible à sa condition? Bien sûr! S'il ne ressentait rien, il ne serait pas chrétien mais il appartiendrait seulement au mouvement des stoïciens. Comme le dit le prophète, Rachel pleure ses enfants, et elle faisait bien, car sa nature de mère parlait. Son erreur consistait en son refus d'être consolée, une attitude engendrée par le mécontentement.
-L'esprit d'Anne, la mère de Samuel, se brisait sous sa douleur et l'amertume emplissait son âme. Elle dit: "Je suis une femme qui souffre en son coeur." Ayant prié et pleuré, elle s'en alla cependant et son visage ne fût plus le même. Le chagrin l'avait quittée. Nous voyons ici la grande différence qui existe entre une sainte plainte et l'expression du mécontentement. La première se plaint à Dieu, alors que la seconde se plaint de Dieu.