R. C. Sproul
-Dans le Nouveau Testament, nous voyons que la joie est un fruit de l'Esprit Saint, c'est-à-dire qu'elle est une vertu chrétienne. Étant donné son importance dans l'enseignement biblique, il nous faut comprendre ce qu'elle est et la rechercher.
-En raison de la manière dont la joie est aujourd'hui présentée et décrite dans la culture occidentale, nous pouvons avoir du mal à saisir ce que la Bible en dit.
-Lorsque nous sommes malheureux, nous pensons qu'il est impossible de modifier nos sentiments par un acte de notre volonté. Nous avons tendance à considérer le bonheur comme étant une chose passive, ce serait quelque chose qui nous arrive et sur quoi nous n'avons aucun contrôle. Nous le désirons et nous voulons en faire l'expérience, mais nous sommes convaincus qu'il est impossible à créer par un acte de notre volonté.
-Sur la base de l'enseignement biblique, j'irais même jusqu'à dire que le chréten a le devoir, l'obligation morale, d'être joyeux. Cela signifie qu'un chrétien qui n'est pas joyeux désobéit et que la tristesse et le manque de joie sont, en quelque sorte, des manifestations de la chair. Il y a bien sûr des moments où nous sommes envahis par le chagrin. Jésus lui-même était appelé "Homme de douleur et habitué à la souffrance". Les Ecritures nous disent que "Mieux vaut aller dans une maison de deuil que d'aller dans une maison de festin." Même dans le sermon sur la montagne, Jésus a dit "Heureux les affligés, car ils seront consolés" Puisque la Bible nous apprend qu'il est parfaitement légitime de passer par le deuil et d'éprouver de la tristesse et du chagrin, ces sentiments ne sont pas des péchés. Toutefois, je voudrais que vous considériez que les paroles de Jésus pourraient être traduites par "joyeux sont les affligés".
-Au cœur de ce concept, dans le Nouveau Testament, se trouve la réalité suivante: quelqu'un peut avoir une joie biblique même lorsqu'il est affligé qu'il souffre ou qu'il connaît des circonstances difficiles. Cela est dû au fait que le chagrin de la personne est orienté vers une préoccupation, alors qu'au même moment, elle possède une certaine mesure de joie.
-Dans sa lettre aux Philippiens, l'apôtre Paul parle de la joie et du devoir qui incombe au chrétien de se réjouir sans cesse. Par exemple, il écrit: "Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur." C'est l'un de ces impératifs bibliques, et il ne laisse aucune place au manque de joie, car Paul dit que les chrétiens doivent se réjouir en tout temps, non pas parfois, à intervalles réguliers ou occasionnellement. Il ajoute ensuite: "Je le répète, réjouissez-vous." Lorsque Paul a écrit cette épître, il était en prison, et il y aborde des sujets très graves, tels que la possibilité qu'il subisse le martyre, servant de libation. Pourtant, il rappelle aux croyants de Philippes qu'ils ont le devoir de se réjouir malgré ces circonstances. Cela nous ramène à la question de la joie dans son rapport avec la discipline et la volonté. Comment est-il possible de rester toujours joyeux? Paul nous donne la réponse: "Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur." La clé de la joie chrétienne se trouve dans sa source, à savoir le Seigneur. Si Christ est en moi et que je suis en lui, cette relation n'est pas une expérience occasionnelle. L'enfant de Dieu est toujours dans le Seigneur et celui-ci l'accompagne sans cesse. C'est là un motif permanent de se réjouir. Même lorsque les circonstances inspirent le contraire, et qu'il passe par des moments de douleur, de peine ou de chagrin, le chrétien peut sans cesse expérimenter la joie en Christ.
-La vie chrétienne ne doit pas être marquée par une attitude maussade ou misérable. Nous connaissons tous de mauvaises journées, mais la joie est la particularité fondamentale de la personnalité chrétienne. En tant que chrétiens, nous avons tellement de raisons de nous réjouir que nous devrions être les personnes les plus joyeuses du monde.
-L'exhortation de Paul présuppose qu'il y a quelque chose que les croyants peuvent faire s'ils se sentent dépourvus de joie. La méthode la plus élémentaire consiste à concentrer notre attention sur le fondement, la source de notre joie. C'est dans son épître aux Philippiens que Paul donne les instructions les plus pratiques à ce sujet: "Que tout ce qui est vrai, tout ce qui honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées." C'est une exhortation à méditer sur les choses du Seigneur et à porter notre attention sur ce qui se rapporte à Dieu.