David F. Allen
-Le cœur est le réceptacle de ces sentiments douloureux et enfouis, il est aussi comme une éponge, il ne peut contenir ces émotions qu'en quantité limitée. Une fois saturé, il ne reste que très peu de place pour l'amour, la joie et l'harmonie. De même, nous possédons tous une énergie psychique limitée. Si nous permettons à ces émotions enfouies d'accaparer notre énergie, il ne nous reste que peu ou pas d'énergie pour exprimer ou ressentir l'amour. Ainsi, face à la beauté par exemple, nous pouvons demeurer indifférents. De la même manière, lorsque nous sommes aimés, nous pouvons nous voir incapables de ressentir l'amour qu'on nous prodigue.
-John Bowlby a observé ce détachement émotionnel chez des enfants hospitalisés. Lorsque leurs mères ne revenaient pas les voir après une longue période, ces enfants pleuraient et protestaient pendant les semaines d'absence maternelle. Si l'absence de leurs mères se prolongeait, ils basculaient alors dans le désespoir. En effet, passée une certaine limite ils désespéraient et finissaient par se détache émotionnellement des infirmières, des docteurs, ainsi que des autres enfants présents. Ils devaient émotionnellement indifférents, coupés, séparés de leurs émotions particulières. Ils leur offraient éventuellement un sourire, le même qu'ils auraient offert à des étrangers. Lorsque notre cœur implore et ne reçoit pas ce dont il a besoin, il finit par se fermer ou se détacher émotionnellement. Il est ensuite difficile de ressentir, non seulement notre propre douleur, mais aussi celle des autres. J'ai connu des parents dont l'indifférence était telle qu'ils ignoraient les problèmes de drogue de leurs enfants alors qu'ils vivaient sous le même toit. Pour moi, ces gens-là sont un peu comme des morts vivants, et e crois qu'ils sont beaucoup plus nombreux qu'on le pense. Un politicien m'a confié : « Je ne ressens plus rien, docteur. Avant, le sort des gens m'importait. D'ailleurs, c'est pour les aider que j'ai fait de la politique. À présent, je suis devenu indifférent. J'ai l'impression d'être détaché de ma propre sensibilité, de ma propre humanité. »
-Il n'est pas rare qu'un patient déclare au cours d'une thérapie « Personne ne m'aime. » Or, ceci est tout simplement un mensonge, la vérité est que son cœur est en quelque sorte « saturé » de blessures qui l'empêchent de ressentir l'amour autour de lui. Mais lorsqu'une personne en souffrance a le courage de faire face à sa douleur et d'évacuer les sentiments négatifs qui habitent et enchaînent son cœur, le résultat est comparable à une éponge que l'on serre et que l'on relâche : le cœur peut s'ouvrir à nouveau pour accueillir l'amour, la joie et l'harmonie.
-Saint Augustin l'a exprimé ainsi : « Tu nous as créés pour toi-même et notre cœur est sans repos tant qu'il ne se repose pas en toi. »
-J'aime mon épouse ou mon ami mais j'ai aussi tendance à la détester. (Les psychiatres appellent cela des attitudes d'ambivalence rapprochées », c'est-à-dire de désirer et de rejeter en même temps une personne.)
-Je mets souvent un terme à une relation parce que j'ai l'impression que l'autre personne cherche à me contrôler (nous appelons cela la peur « d'être englouti »).
-Les êtres humains peuvent s'adapter à la souffrance aussi bin qu'à la joie : aussi, la souffrance peut devenir une compagne. Une personne qui a une mentalité d'esclave choisira toujours la servitude, même si elle peut bénéficier de sa liberté. Il arrive souvent que notre propre cœur imprégné de cette mentalité d'esclave nous limite beaucoup plus que des restrictions imposées par l'extérieur.
-Il existe plusieurs niveaux ou stades dans la souffrance humaine, j'appelle l'un d'eux le stade du silence. Il correspond à la douleur profonde, aux sentiments inexprimables. En dépit de la détermination que nous pouvons avoir à soigner cette douleur et cette souffrance et de la qualité du thérapeute, l'aide de Dieu se fait alors sentir comme un besoin impératif. Le chirurgien peut couper. Le docteur peut prescrire. Le psychiatre peut écouter. Mais seul l'amour de Dieu peut guérir.