-Il est terriblement occupé à faire deux choses en particulier : se comparer aux autres et se vanter. On peut les voir toutes les deux dans le passage. D'abord, notez que dans le verset 6, il n'y a pas de point final après le mot prétentieux. Paul ne dit pas : « que personne ne s'enfle d'orgueil ». Non, il dit « que personne ne s'enfle d'orgueil en prenant parti pour l'un contre l'autre ». C'est l'essence même de ce que signifie avoir un ego humain normal. La manière employée par l'ego humain normal pour essayer de remplir son vide et de traiter son gène est de se comparer aux autres. En permanence.
-L'orgueil ne naît pas du plaisir de posséder, mais plutôt d'avoir plus que le voisin. Nous constatons que si les gens sont fiers d'être riches, intelligents ou beaux, c'est toujours par rapport aux autres. Si chacun recevait une part égale de richesse, d'intelligence ou de beauté, il n'y aurait plus aucun motif d'orgueil.
-l'apôtre est donc en train de dire aux Corinthiens qu'il ne se soucie pas de ce qu'ils pensent. Il ne se soucie pas de ce que quiconque pense de lui. En fait, son identité ne dépend en rien de ce que les gens disent de lui. C'est comme s'il disait : « je m'en fiche de que vous pensez. Je me fiche de ce que quiconque pense ». L'estime de soi de Paul, l'opinion qu'il a de lui-même, son identité n'est en aucune manière liées au verdict des autres ou à leur évaluation.
-Il 'accorde que peu d'importance au fait d'être jugé par les Corinthiens ou par n'importe quel tribunal humain. Mais il va ensuite encore plus loin : il ne se jugera même pas lui-même. C'est comme s'il disait : « Je me fiche de ce que vous pensez, mais je me fiche aussi de ce que je pense. J'ai une très faible opinion de l'opinion que vous avez de moi, mais j'ai aussi une très faible opinion de l'opinion que j'ai de moi-même. »
Le fait d'avoir une bonne conscience ne fait aucune différence. Regardons attentivement ce qu'il dit au verset 4. « Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais ce n'est pas pour autant que je peux être considéré comme juste. » Sa conscience est peut-être bonne, mais il sait que même s'il a une bonne conscience, cela ne signifie pas nécessairement qu'il est innocent. Hitler aurait bien pu avoir une bonne conscience, ça ne signifie pas pour autant qu'il était innocent. Que dirait Paule à ceux qui disent que nous devrions définir nos propres valeurs ? Il dirait que c'est un piège. Un piège dans lequel il ne tombera pas.
-Parce que nous nous jugeons nous-mêmes. Mais Paul ne le fait pas. Lorsqu'il dit qu'il ne laisse pas les Corinthiens le juger ou qu'il ne se juge pas lui-même, il est en train de dire qu'il est au courant de ses péchés, mais qu'il ne les associe pas à lui-même ou à son identité. Ses péchés et son identité ne sont pas liés. Il refuse de jouer à ce jeu. Il ne voit pas de péché susceptible de détruire sa perception de son identité. Il ne fait pas de lien. Il ne voit pas non plus un accomplissement pour lequel il se féliciterait. Il voit toutes sortes de péchés en lui et toutes sortes d'accomplissements, mais il refuse de les lier à lui-même ou à son identité. Bien qu'il se sache le pire des pécheurs, cela ne va pas l'arrêter de faire ce pour quoi il est appelé.
-Si nous venions à rencontrer une personne véritablement humble, dit Lewis, jamais nous ne repartirions en pensant qu'elle était humble. Elle ne nous raconterait pas constamment qu'elle n'est personne (car une personne qui ne cesse de dire qu'elle n'est personne est en fait quelqu'un d'obsédé par lui-même). La chose dont nous nous rappellerions d'une rencontre avec une personne évangéliquement humble, c'est combien elle semblait totalement intéressée par nous. Car l'essence de l'humilité évangélique n'est pas de se sous-évaluer ni de se surévaluer, mais simplement d'être moins centré sur soi.
-L'humilité selon l'Évangile consiste à ne pas devoir penser à soi. Ne pas devoir ramener les choses à soi. C'est la fin des pensées telles que « Je suis dans cette pièce avec ces personnes, de quoi ai-je l'air ? Est-ce que je suis ici à ma place ? » la véritable humilité selon l'Évangile signifie arrêter d'associer chaque expérience, chaque conversation, avec moi-même. En fait, j'arrête simplement de penser à moi. La liberté de l'oubli de soi. Le repos béni que seul l'oubli de soi apporte.
-Ne voudriez-vous pas être le type de personne qui, dans la vie qu'il s'imagine, ne s'assieds pas en fantasmant sur son heure de gloire, rêvant de succès qui lui donneraient de l'avance sur les autres ? Peut-être que vous vous en prenez plutôt à vous-même et que vous êtes tourmenté par les regrets. Ne voudriez-vous pas en être libéré ? e voudriez-vous pas être la patineuse qui gagne la médaille d'argent, et qui pourtant admire les trois triples sauts qu'a effectués la gagnante de la médaille d'or ? De la manière qu'on contemple un lever de soleil ? En admirant simplement le fait que ça se soit passé ? Peu importe que ce soit sa réussite ou la vôtre. Vous ne vous souciez pas que ce soit elle ou vous qui l'ayez effectué. Vous y prenez tout autant de plaisir que si vous l'aviez réussi, parce que vous êtes simplement heureux de le voir accompli.