CHAPITRE 2

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JENIFER.

15 septembre 2018,

— Je peux te demander un service ?

Il hausse les épaules. Je lui en demande tant pour ses fragiles épaules.

— Tu pourrais être le sage garçon que tu es à chaque fois que tu vas chez tonton Yann ? J'ai besoin de partir quelques jours pour le travail.

— Encore ?

— Oui. Je suis désolée mon grand. Mais ce ne sera pas long, deux ou trois jours seulement.

Antone ne sourit pas, je crois même qu'il est triste. Je pose ma main sur son épaule pour le réconforter.

— Tu t'amuses bien chez tonton Yann d'habitude, là ça va être pareil.

— Mais je préfère être avec toi.

— Moi aussi je préfère être avec toi mon champion. Juste trois dodos au maximum et on se retrouve.

— Promis ?

— Promis !

Il me tend son petit-doigt et je lui serre avec le mien. On ne revient pas sur ce genre de promesses, j'espère que le boulot sera vite plié pour que je n'aie pas à revenir dessus. En trois jours, c'est faisable !

— On va prendre la douche, puis on va dîner chez tonton. D'accord ?

— Je peux finir ma construction ?

— Vas-y.

Je le laisse continuer ce qu'il faisait. Je pourrais lui dire de se dépêcher, lui dire qu'elle sera là à notre retour, mais je préfère qu'il finisse ce qu'il a prévu ce soir. Nous avons le temps d'aller prendre la douche, de préparer ses affaires et de partir chez son oncle.

Je dois tellement à Yann, il est mon sauveur, je lui suis tellement reconnaissante pour tous ces jours où il s'occupe d'Antone.

— Maman ! T'as vu ?

À côté de mon garçon s'érige une tour de presque sa taille. Je souris.

— Wouah ! Attends, je vais chercher mon téléphone pour prendre une photo pour papa !

Je me lève et attrape mon mobile, je reviens vers l'amour de ma vie et je m'accroupis pour prendre le bon angle pour la photo.

— Tu crois qu'il sera content papa ?

— Il sera très fier de toi !

Je prends la photo et mon garçon vient s'accrocher à ma nuque en attendant que j'envoie le message à son père. Antone le sait, tout comme moi, Raphaël ne pourra pas répondre tout de suite. L'armée filtre les messages avant de les distribuer.

— Tu as écrit quoi ?

— Tu te moques de moi, tu es capable de lire Antone maintenant.

Je lui passe mon téléphone, il fronce ses sourcils et commence à lire. Malgré sa montée en CE1, je constate qu'il a encore quelques difficultés en lecture. Peut-être que je ne lui ai pas lu assez d'histoires quand il était plus jeune.

— Regarde ce qu'a... fait Antone. On essaie de... la... garder jusqu'à... ton retour. C'est ça ?

— C'est ça oui. C'est parfait mon chéri. Aller, à la douche.

Je l'embrasse sur la joue et il commence à partir vers la salle de bain. Je monte à l'étage avec lui. Dans sa chambre, il choisit des affaires à mettre pour aller chez son oncle pendant que je lui prépare son sac pour trois jours, avec du rechange. Je vois mon petit garçon disparaître dans la salle de bain.

— Mamaaaaaaan !

Je lâche le sac de mon fils pour aller le rejoindre. Il est dans la baignoire et il m'attend. À son âge, il est capable de se doucher seul, pourtant, c'est un moment que l'on passe tous les deux par habitude. Alors, il se lave, moi je le regarde et on discute.

— Samedi tu pourras venir à mon match de foot ?

Je calcule dans ma tête. Je pars demain matin, trois jours, ça me fait revenir dimanche. Je fais la moue et je le regarde.

— Normalement non. Mais peut-être que si je vais vite au travail, je vais pouvoir rentrer pour ton match.

— J'espère ! Tu rentres quand ?

— Dimanche. Parce qu'on est mercredi, demain on est ?

— Jeudi ! Et il y a cinéma à l'école.

— Oh mais oui c'est demain ! Tu m'appelleras pour me dire comment c'était !

— Oui !

— Vous allez voir quoi déjà ?

Antone réfléchit en coupant l'eau et en attrapant son shampoing pour me le donner. Je retrousse mes manches et je commence à lui laver les cheveux.

— On va voir Maya l'abeille !

— Oh c'est vrai. Tu vois, je serais toujours là avec toi mon grand. Mais c'est nul, tu l'as déjà vu.

— C'est pas grave, mes copains l'ont pas vu.

— Ne leur dit pas la fin, petit voyou.

— Je me tais.

Je ris aux éclats et je lui rince les cheveux. Je remarque qu'il fait exprès de me mouiller. Je suis bonne à me changer moi. Il finit la douche, je le sors de la baignoire pour qu'il ne glisse pas. Je lui donne ses affaires et je le laisse s'habiller seul. Je dois me changer avant de partir. Je troque mes affaires de ville pour un jean skinny et un pull qui appartient à Raphaël. Je vais chez mon frère, je n'ai rien à lui prouver, par rapport à l'activité culturelle à laquelle on a été en début d'après-midi avec Antone où il y avait d'autres mamans. J'entends Antone descendre les escaliers. Je m'occupe de récupérer le reste de ses affaires avant que l'on parte. Quand je le vois dans le salon, je lui demande :

— Tu ne veux pas qu'on sèche tes cheveux ? Tu vas attraper froid.

— Non, c'est bon maman !

Je ne comprends pas les enfants, ils n'ont jamais froid. Moi, je suis un éternel glaçon, toujours entourée de mon plaid.

— Aller hop en voiture champion !

Antone saute dans ses chaussures, moi de même et on part en direction de la voiture. Antone s'installe dans son rehausseur et s'attache. Je vérifie juste, je dépose un baiser sur sa joue et je vais me mettre à la place du conducteur. Comme d'habitude, quand Antone est avec moi en voiture, je mets un CD qui conte une histoire. Ce soir, on ne déroge pas à la règle. Je sais qu'Antone adore entendre ces histoires. D'ailleurs, il faudrait que j'en rachète d'autres, parce qu'on commence à avoir fait le tour de tout ce qu'on avait.

Quand je regarde mon garçon par le rétroviseur intérieur alors qu'on vient de partir, je le sens ailleurs. D'habitude, il a des marques de concentrations sur son doux visage, il écoute la voix qui lui raconte l'histoire. Mais pas ce soir. Il ne semble pas écouter. Rapidement, je mets en route ma clé USB branchée à mon auto-radio. Des enceintes, plus l'histoire du petit Poucet mais du bon vieux rock français. Antone réagit et il me sourit.

— Ça me fait plaisir de te voir sourire mon grand.

— Met plus fort le son maman !

Je monte légèrement le volume. Pas trop, pour qu'il n'y ait aucun danger pour son audition. Il aura bien le temps de se tuer les tympans plus tard avec son baladeur. Je le surprends à chantonner les paroles de « Laisse béton » de Renaud. Je crois que même s'il a des difficultés à lire, je l'ai bien éduqué sur la musique.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant