CHAPITRE 30

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JENIFER,

13 novembre 2018,

Alors je crois qu'Antone joue très bien la comédie avec nous. S'il a voulu aller dans sa chambre avec son oncle, il refuse encore d'y aller avec nous. Il n'y met pas un pied et ce depuis plus d'une semaine. Il dort toutes les nuits avec nous, il faut toujours aller lui chercher ses affaires. Je ne sais pas pour Raphaël, mais moi, je commence à péter un câble.

Comme d'habitude, c'est moi qui amène Antone à l'école le matin, de toute façon, Raphaël ne peut toujours pas conduire et il va déjà le chercher à pied le soir. Ce matin, je réveille doucement mon fils, il quitte le lit dans mes bras et on descend à la salle à manger où je lui prépare son petit déjeuné. Je lui donne son bol de céréales et je m'assois à côté de lui avec le mien.

— Tu deviens vraiment trop lourd Antone, je crois que je vais arrêter de te porter, dis-je en riant.

Il fait la moue et continue de manger ses céréales. Le matin, c'est quitte ou double avec Antone, un peu comme ça l'est avec moi. Soit il va beaucoup parler, soit il va se murer dans le silence. Ce matin, je crois qu'il faut que je le laisse tranquille. Sur mon téléphone, je regarde mon programme de la journée. J'ai un jeu télévisé à enregistrer. C'est pour le nouvel an. Vous allez passer votre nouvel an avec ma tête, j'ai déjà hâte. Cependant, l'heure tourne et je presse un peu mon fils. Il finit son bol de céréales, mais ne bouge pas de sa chaise.

— Est-ce que tu peux aller t'habiller mon grand ? Je fais la vaisselle, j'arrive.

J'appréhende sa réponse quand je lui dis ça. D'habitude, il se braque et il commence à faire sa comédie. Ce matin, c'est différent. Il ne dit rien et s'en va vers sa chambre. Est-ce qu'il va y arriver ? J'y crois. Peut-être qu'il a compris que sa comédie avait trop duré et que ça ne pouvait plus se passer comme ça. Je me lève et je vais faire la vaisselle de nos bols. Je monte à l'étage pour me préparer aussi. Antone est sur le pas de sa porte et ne rentre pas. Il n'y a pas réussi. C'est bizarre, j'ai l'impression que ce n'est même plus de la comédie. Pourtant, je ne peux pas accepter encore ce comportement de sa part. Je ne suis pas à sa merci, à devoir aller dans sa chambre pour aller lui cherché ce dont il a besoin. Je m'approche de lui. Me mettre près de lui, à sa hauteur, le fait sursauter.

— Mon grand, il y a un moment où il va falloir que tu ailles dans ta chambre.

Il baisse le regard vers ses pieds. Ma main se pose sur son épaule.

— C'est quoi le problème ? Il y a une araignée ? Demandé-je en haussant un sourcil. Un monstre ? Tu sais que maman aime se battre contre les monstres ! Regarde, j'ai pris du muscle.

Je lui montre alors mon biceps, Antone sourit et vient tâter mon bras.

— Même pas maman.

— Si, juste tu ne le vois pas ! Aller, on va dans ta chambre ?

Je me redresse et rentre dans sa chambre. Il ne me suit pas.

— Tu sais quoi, je vais vérifier pour les monstres ou les araignées, on ne sait jamais.

Je fais le tour de sa chambre. Je sens qu'il me regarde. Je finis par me retourner vers lui, mes mains sur mes hanches.

— Il n'y a aucun monstre en vue ! Tu n'as plus rien à craindre.

Je m'approche de lui, mais il fait non de la tête. Je me remets à sa hauteur. Ma main se serre autour de son avant-bras.

— Antone. Tu dois rentrer dans ta chambre.

— Je peux pas.

— Si.

Doucement, j'essaie de le faire venir vers moi, pour qu'il fasse un premier pas dans sa chambre, sans qu'il s'en rende forcément compte. Cependant, il comprend ce que je suis en train de faire, il sent la pression de ma main et ma force sur son avant-bras. Il force pour ne pas avancer, sauf que je suis plus âgée que lui, j'ai plus de possibilité que lui. Quand j'essaie de le faire avancer, il se met à hurler et à pleurer. Non, je ne voulais pas qu'il crie comme ça !

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant