CHAPITRE 39

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JENIFER,

22 novembre 2018,

Froide, distante. Je pense que ce sont les mots qui me définissent le plus en ce moment. Pourtant, je ne le fais pas volontairement. C'est toute seule que je m'enferme dans mes souvenirs et surtout dans ceux qui me sont revenus il y a quelques jours. Je me sens assez mal depuis que j'ai compris, depuis que mes nuits sont hantées par ce que j'ai vécu quand j'étais jeune. Je m'en veux même, pour Antone. Tout ce qu'il s'est passé pour lui, c'est de ma faute. Mais comment lui dire ? Me pardonnera-t-il ? On ne pardonne pas ce genre de choses. Même Raphaël. Il me quittera, je le dégoûterais.

— Maman, c'est vert.

Merde ! Les voitures klaxonnent derrière moi, je m'excuse d'un geste de la main et j'avance.

— Désolé mon grand.

Je regarde l'heure. Nous serons en avance malgré mon absence de quelques secondes. Ce matin, Antone a souhaité que je l'amène à l'école, moi, pas son père. Alors je me suis habillée et je suis montée en voiture pour aller à l'école. Je crois qu'il est content d'y aller avec moi.

— Tu pensais à quoi maman ?

Mes mains se crispent autour du volant. Mon dieu mon amour, tu ne veux pas savoir à quoi pense maman en ce moment. Par le rétroviseur intérieur, je le vois qui attend une réponse de ma part.

— Je... Je pensais à ce que j'allais faire aujourd'hui mon grand.

— Tu travailles ?

— Oui, mais cet après-midi, je vais préparer la tournée.

— Ah oui ! Moi aujourd'hui, je vais essayer de te faire un dessin. Car si on finit tôt les exercices, on a le droit de faire ce qu'on veut. Alors, je te ferai un dessin, pour toi maman.

— Merci mon grand, mais ne bâcle pas le travail pour me faire un dessin. Tu auras le temps d'en faire à la maison tu sais.

— Oui, mais je veux le faire à l'école. Tu seras heureuse si tu as un dessin.

— Je ne pourrais pas être plus heureuse.

Je m'arrête devant l'école, coupe le moteur et descend de la voiture. Antone en descend aussi et insiste pour que je l'accompagne jusqu'à la porte de l'école, alors je le fais. Il me fait un bisou avant de partir et je lui souhaite de passer une bonne journée. Je le regarde disparaître sous mes yeux. Je prends une grande respiration et je rentre à la maison.

Sur la table de la salle à manger, il y a un cadeau, une boîte emballée. Je m'en approche et j'appelle Raphaël. Mon mari arrive quelques secondes plus tard.

— Ça a été avec Antone ?

— Oui. C'est quoi ça ?

— Un cadeau pour la plus belle des femmes.

Je lui souris. Il m'embrasse sur le crâne et il se décale légèrement. Je commence à ouvrir la boîte, pour tomber sur une autre boîte.

— T'es sérieux ?

Il est mort de rire, je suppose que oui, il est sérieux. Vraiment, c'est un gamin des fois. Et ça me fait du bien d'être avec lui. Je sors la deuxième boîte et l'ouvre à nouveau. Je m'attendais à une autre blague, mais non, je tombe sur un pull. Je le sors du carton et je le déplie devant moi. C'est un pull de l'équipe de hockey sur glace dont j'ai le pull depuis des années.

— Je sais que ce n'est pas forcément ce que tu voulais, commence Raphaël, mais ton pull commence vraiment à être vieux. Alors en attendant d'y retourner tous les deux, je t'ai pris celui-là. Tu pourras le prendre pour la tournée.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant