CHAPITRE 10

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JENIFER,

20 septembre 2018,

Je n'ai pas compris tout ce que le docteur Bousquet m'a dit, mais j'ai tout laissé en plan derrière moi pour aller retrouver Raphaël à l'hôpital. J'ai mal conduit sur la route, légèrement au-dessus de la vitesse autorisée. Je sais que c'est mal, mais plus vite j'irais, plus vite je retrouverais mon mari. Ça devient vital de le voir, de savoir comment il va. Parce que même le docteur ne m'a rien dit. Je m'inquiète terriblement. J'ai peur, peur de voir dans quel état il est rentré. Et si ? Non, il n'a pas de problème physique, il n'a pas perdu un bras, ni même une jambe. Il ne serait pas déjà en France. Enfin, je ne sais pas.

Je me gare à l'arrache sur le parking de l'hôpital, risquant une contravention, mais ça ne m'importe peu. Je trouve rapidement le service où a été admis Raphaël, malgré la peur de me perdre dans cet hôpital. Alors que je cherche la chambre que l'on m'a dite, un homme m'arrête.

— Je présume que vous êtes madame Leblanc ?

— Oui. Je veux voir mon mari. Je cherche sa chambre.

— Elle est au bout du couloir.

Cool merci, maintenant lâche-moi.

— Un problème docteur ?

— Votre mari est très fatigué, il aura besoin de repos.

— D'accord.

— Allez le voir, je reviens vers vous dans quelques minutes.

— D'accord. Merci docteur.

Je laisse l'homme derrière moi et je m'avance le long du couloir. Je trouve la chambre de Raphaël. Il est derrière la porte, je n'ai plus qu'à l'ouvrir pour le retrouver. Alors que je veux faire ce simple geste, je cherche le docteur du regard. Il ne m'a rien dit de particulier. S'il y avait quelque chose de grave, il me l'aurait dit. On ne laisse pas une femme découvrir son mari amputé sans la prévenir de ce qu'elle va voir.

Je prends une grande respiration et j'ouvre la porte. Je ferme les yeux avant de les ouvrir et de les poser sur mon mari. Mon cœur loupe un battement. Mon cerveau n'arrive pas à assimiler toutes les informations devant mes yeux. Je devrais repartir pour penser à tout ça.

Non, j'avance et je ferme la porte derrière moi. Je m'avance vers le lit. Raphaël est là, couché, endormis, le bras droit en écharpe. Je l'imagine plâtré. Son visage est recouvert d'un bandage qui me fait mal au cœur. Ses cheveux, son visage, j'espère qu'il ne leur est rien arrivé. Je peux voir quelques portions de sa peau. Elle a l'air abîmé. Je m'assois sur la chaise et j'espère que ma présence va le faire se réveiller. Je n'ose pas le déranger.

Comme il ne réagit pas, que je commence à prendre peur, je me relève et ma main caresse sa main déposée sur son ventre, celle qui a l'être d'aller bien. Puis, je dépose un baiser sur sa joue, là où mes lèvres peuvent rentrer en contact avec sa peau. Je crois que c'est ça qui le réveille. Ses grands yeux s'ouvrent sur moi et un large sourire, suivis d'une grimace, s'affichent sur son visage.

— Jeni, chuchote-t-il.

Je me trouve dépourvue. J'ai terriblement envie de l'embrasser, mais peut-être que ce serait trop.

— Assieds-toi chérie.

J'exécute son ordre et je m'assois sur le bord du lit.

— Rapproche-toi un peu de moi, que je puisse toucher ton joli visage.

Il n'a rien perdu de son romantisme, ça me fait plaisir. Je me penche vers lui, son bras valide se lève vers mon visage et ses doigts le caressent. Je ne peux m'empêcher de venir plaquer mes lèvres contre les siennes. Ses baisers m'ont manqué. Six mois sans sentir ses lèvres sur les miennes. J'ai l'habitude, pourtant ça me semble toujours une éternité. Sa main se déplace sur l'arrière de mon crâne et il ne souhaite pas que nos baisers s'arrêtent. Je crois que je lui ai manqué aussi. D'ailleurs, il ne tarde pas à me le dire, une fois que je me suis légèrement redressée.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant