CHAPITRE 9

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JENIFER,

20 septembre 2018,

Je n'ai jamais connu un jour aussi long que le dimanche qui vient de se dérouler. Perdue dans mes pensées et dans mes peines, j'ai choisi de passer la journée seule, dans ma chambre. Je n'ai même pas ouvert à Coralie. À quoi bon l'accabler d'un nouveau problème de ma vie personnelle ? Je crois que je lui en ai déjà trop dit samedi soir. Bien qu'elle soit mon amie, je n'ai pas l'habitude de m'ouvrir comme ça. Ça m'a fait du bien, certes, mais je suis plutôt du genre à tout garder pour moi jusqu'à ce que j'explose. Je sens que je peux encore en recevoir avant d'exploser.

Finalement, le photographe nous a envoyé la photo de la couverture de « Nouvelle Page » dès le dimanche soir. D'un accord commun, on a tous accepté et ça a été envoyé aux équipes. Bien sûr, on aurait pu rentrer sur Paris, cependant, il n'y avait plus aucun train à notre disposition. Il fallait encore attendre le lundi. C'était sûr. Mais nous avons choisi de prendre des billets pour le premier train du jour, c'est-à-dire celui de six heures.

Toujours dans ma bulle, je m'avance dans la gare, ma valise à la main, les écouteurs dans les oreilles. Ils ont tous compris qu'il y a quelque chose qui ne va pas, pourtant, aucun d'entre eux n'ose faire le pas vers moi, de peur de se sentir rejeté. Je n'ai besoin de parler à personne. Je ne veux même pas en parler. Je veux simplement rentrer chez moi, retrouver mon mari, mon gosse et ma vie de famille. Sur le quai, cachée derrière un manteau trop large et une casquette visée sur ma tête, personne ne me reconnaît. Coralie et Marc se tiennent assez loin tout en gardant un œil sur moi. C'est rassurant, mais quelques fois ça peut être effrayant. Ce que je souhaite, c'est que personne ne me reconnaisse et ne me demande de photos. Je n'aurais pas envie de les faire, mais si je ne les fais pas, je connais déjà la réaction de Marc.

Le train arrive à quai et je m'avance la première dedans, presque à pousser les autres passagers. Je trouve ma place, balance ma valise sur le siège vide à côté de moi en espérant que personne n'ait son billet pour faire trois heures à mes côtés. Marc et Coralie sont sur les sièges à côté, toujours pour avoir cet œil sur moi. Dans mes pensées, je me mets dans le sombre de l'extérieur, les lumières du train se reflètent dans les vitres et ça me dérange. J'ai envie de dormir, alors malgré les vibrations de la machine, je ferme les yeux et j'attends de tomber dans les bras de Morphée.

Ce n'est qu'à quelques kilomètres de l'arrivée que Coralie me réveille. Je déteste réveiller les gens, je ne le fais même pas à mon fils ou à mon mari, laissant cette charge au réveil. Je crois que mon amie a détesté me réveiller aussi ce matin, pourtant c'est sa main que je sens sur mon visage et qui me fait ouvrir les yeux. La vision encore un peu floue, je la distingue et elle me parle sans que je l'entende. Alors je me redresse, cherche mon téléphone pour éteindre la musique qui se déroule dans mes oreilles, puis je reporte mon attention sur Coralie.

— Quoi ?

— On va arriver Jen.

— Super.

Coralie souffle. Je n'ai pas le bon comportement avec elle, je le sais, pourtant je n'ai pas envie d'agir autrement. Je n'ai pas besoin d'aide, je ne veux même pas de pitié. J'enlève mes écouteurs et les range dans mon sac. Le train ne tarde pas à s'arrêter. Debout, prête à partir, mon portable vibre pour me dire qu'il ne lui reste plus que quinze pourcents de batterie. Mais non, je ne suis pas d'accord ! Non, j'ai besoin de sa batterie, si l'hôpital m'appelle. Merde, j'aurais dû couper la musique dans le train, ou j'aurais dû brancher mon portable. Bon, de toute façon, c'est fait. Je m'avance vers Coralie qui me sourit.

— Excuse-moi, tu n'aurais pas une batterie externe ?

— Elle est HS, désolée bichette. Un problème avec ton portable ?

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant