Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)

CHAPITRE 33

JENIFER,

15 novembre 2018,

— Jenifer ?

Je ne connais pas la voix. Et il y a personne autour de moi. Qui me parle ? D'un coup, tout devient noir. Comme une enfant, je commence à avoir peur du noir à ce moment-là. Qu'on rallume. Que quelqu'un fasse quelque chose.

— Jenifer ?

Mais merde, qui me parle ? En plus ça me fait super peur, je ne vois rien. C'est bizarre, parce que ce n'est pas sombre. C'est noir. Comme si on avait repeint les murs. Enfin, il faudrait déjà qu'il y ait des murs. J'ai l'impression d'être dans un lieu, immense, vide et seule. Cependant, ça ne résonne pas quand on me parle. D'ailleurs, il est où celui qui me parle ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas entendu.

— Salut Jenifer.

La voix s'est rapprochée de moi. À présent, elle est proche, mais je ne sens aucune présence près de moi. Je n'entends aucune respiration. Je ne comprends pas et ça commence à m'inquiéter.

— Elle est là ta mère?

Ta mère ? Maman... Mes mains se mettent à trembler. Maman n'est plus là et depuis longtemps. Maman ne s'intéresse plus à moi. Je n'ai jamais su pourquoi. Des fois, elle me manque, mais j'avoue être heureuse qu'elle ne soit pas dans les parages ces derniers temps. Elle aurait été si déçue d'avoir une fille qui est incapable de s'occuper de son fils, qui lui crie dessus au lieu de s'intéresser à ses problèmes. Car il en avait des problèmes.

— On est seul alors ?

Il est proche de moi. Je sens maintenant son souffle sur ma joue. Il m'est pourtant toujours impossible de le reconnaître. Sa voix ne me dit rien. Et je ne le vois pas. Je sais qu'il est là, mais je n'arrive pas à le voir. Comme s'il n'existait pas. Comme si je l'inventais. D'un coup, sa main se plaque contre ma gorge. Rapidement, je n'arrive plus à respirer.

— Lâche-moi, dis-je avec difficulté.

Il obéit et me lâche. Par peur, je me mets à courir. Je cours sans savoir où je vais. Je ne vois toujours rien, toujours ce même noir, même pas du sombre pour que j'arrive à me diriger. Les battements de mon cœur sont rapides. Je suis sûre que je vais tomber sur quelque chose, je vais tomber, il va me rattraper. Je ne l'entends pas me suivre. Si ça se trouve, il s'est trompé. C'est sûrement ça. Pourquoi avoir voulu m'étrangler s'il ne me connaît pas ? Je percute quelque chose, un corps, stoïque. Notre choc me fait reculer, mais lui n'a rien, je le ressens. Ce n'est pas possible. Comment il a fait pour passer devant moi ? Il ne m'a pas dépassé ! C'est sûr ! Il s'est volatilisé pour se mettre devant moi, je ne vois pas autre chose.

— Arrête, crié-je en me remettant à courir dans le sens inverse.

Il faut que je le sème, il ne doit pas me rattraper. Je sais que je ne vais pas dans le bon sens, car je reviens sur mes pas, mais je ne sais même pas par où je pourrais m'enfuir.

— Mais où tu vas Jenifer ?

C'est toujours lui. Je cours, je perds haleine, mais lui n'est pas fatigué du tout. Il ne semble même pas courir. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne comprends rien. Qu'il me laisse tranquille. Je m'épuise à courir dans le noir comme ça. Je me croirais dans un mauvais jeu vidéo. D'un coup, je tombe, comme si on me faisait un croche-pied, mais je n'ai senti personne, en tombant, je hurle.

— Oh Jen réveille-toi !

J'ouvre d'un coup les yeux et je tombe sur Raphaël, qui me serre fort les bras. Il me fait mal même.