CHAPITRE 21

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JENIFER

2 novembre 2018,

Dix-sept heure. Mon regard ne décroche pas de l'horloge. Je veux que le temps passe moins vite. Dans à peine trente minutes, il faudra qu'on parte à la gare. Je n'arrête pas d'y penser depuis hier. Je culpabilise de le laisser y aller seul. J'ai peur de ce qu'on va lui dire. J'ai aussi peur qu'il me cache des choses si on lui dit que quelque chose ne va pas, parce que c'est Raphaël, je le connais, il ne voudra pas m'inquiéter. Alors que je suis dans mes pensées, je suis ramenée à la réalité par un baiser sur ma joue.

— Tu me couperais les cheveux avant que j'y aille chérie ?

Je lève la tête vers mon mari. Il m'embrasse. Mais ce n'est pas ça que je voulais, je souhaitais voir la longueur de ses cheveux.

— Moi j'aime bien quand ils sont un peu plus longs.

— J'ai peur que ça m'embête là-bas, tu sais, plus ils sont courts, moins ils demandent de l'entretien. Mais promis, à mon retour, je les laisse repousser, pour toi.

— Je vais chercher ce dont j'ai besoin et j'arrive. Assieds-toi sur le tabouret.

Raphaël sourit et je me lève. Je monte à la salle de bain, passe une tête à la chambre d'Antone où mon garçon joue avec ses jouets.

— Tout se passe bien chéri ?

— Oui maman !

Bon, rien à craindre alors. Je lui souris, il dévie son regard sur ses soldats et je redescends. Je retrouve mon mari, sur son tabouret, le regard pensif. Je dépose la tondeuse sur la table et je vais chercher la rallonge.

— Tu veux que je t'aide ?

— Non, ne t'inquiète pas. Je gère.

— Tu es multi-tâches, chanteuse, comédienne, maman, infirmière et aussi coiffeuse.

Je ris et je lui demande ce qu'il souhaite exactement. Il m'explique et je commence à lui couper les cheveux. Il aurait largement la possibilité d'aller chez le coiffeur, pourtant, depuis neuf ans, on a pris l'habitude que ce soit moi qui lui coupe quand ils sont assez courts comme là. Quand ils sont plus longs, je refuse d'y toucher, de peur de mal faire. Sur le côté gauche de son crâne, juste au-dessus de son oreille, les cheveux coupés laissent apparaître un tatouage. Je souris. Je passe une dizaine de minutes à tondre. J'arrête finalement la tondeuse et la repose sur la table. Je regarde mon mari. Bon, je n'ai clairement pas les diplômes de coiffeuse, mais ça passe.

— Pourquoi tu me regardes comme ça Jen ?

— Six mois loin de moi et j'ai perdu le coup de main.

— C'est moche ? Genre, t'as loupé quelque chose ? Si tu as loupé quelque chose, tu rases tout, je m'en fous moi.

J'éclate de rire et il me dévisage.

— Ça va, ça passe, avoué-je.

— J'aime pas ça.

Il se lève, me pousse légèrement et il va se regarder dans le miroir de l'entrée. Il revient quelques instants plus tard.

— Tu m'as fait peur ! J'ai cru que tu avais attaqué le cerveau.

— Non, ça j'arrive à éviter. J'avais oublié à quel point le tatouage sur ton crane est beau.

— Tu vois qu'il ne faut pas que j'aie les cheveux plus longs, on ne le verra plus.

Il m'embrasse et me dit qu'il va changer de tee-shirt. J'ai le temps de ranger la tondeuse dans son carton, de remonter à la salle de bain pour la ranger avant qu'il ne m'appelle pour que je l'aide.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant