CHAPITRE 38

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tw : viol.

JENIFER,

Flash-back 1989,

Maman dort sur le canapé. Je crois que c'est son endroit favori pour dormir. Je ne le trouve pas confortable le canapé, je préfère mon lit. De toute façon, maman ne veut jamais que je dorme avec elle, surtout quand elle n'est pas bien comme aujourd'hui. Elle m'a crié d'aller jouer dans ma chambre, alors j'y suis allée. Ce n'est pas bien grand ma chambre, mais moi j'aime bien. Je m'y sens bien. Il y a mes poupées, celles que maman m'a acheté, celles que Yann m'a donné. Yann a une plus grande chambre que moi, peut-être parce qu'il est plus grand. Sa chambre, je n'en veux pas, je préfère la mienne. Les murs sont peints en rose. Maman dit que c'est papa qui les avait repeints avant ma naissance. Ils sont beaux les murs. Dessus, j'y ai accroché des photos, il y a des chevaux, des chiens, des trucs découpés dans les magazines.

Depuis mon arrivée dans ma chambre, je discute avec mes poupées. Elles ont bien dormi, mais elles sont encore fatiguées. Elles veulent faire la sieste après le déjeuné, mais c'est pour les bébés la sieste. Moi je suis une grande ! On frappe à la porte de ma chambre, je regarde Yann qui me sourit.

— Jenifer ?

— Oui ?

— Je peux rentrer ?

Je l'autorise à rentrer. Il cache quelque chose derrière son dos. Une nouvelle poupée ? Ce serait trop bien ! J'ai été sage ces derniers jours, je n'ai pas embêté maman, ni même Yann.

— Elles te racontent quoi tes poupées ?

— Elles ne veulent pas jouer avec moi, elles sont fatiguées.

Il sourit et vient s'asseoir par terre à côté de moi.

— Ça tombe bien, moi je voulais jouer avec toi Jenifer. Tu veux qu'on joue ensemble ?

Yann est toujours occupé, soit il travaille pour l'école, soit il est avec ses copains. Il ne joue presque jamais avec moi. Je suis trop heureuse qu'il me demande ça !

— Oui !

J'aime bien quand il me sourit comme ça. Il sort de son dos ce qu'il me cachait depuis son arrivée. C'est une bouteille. C'est à maman ça.

— Attention, on ne joue plus comme des bébés, avec tes poupées, on joue comme des grands, me dit-il.

— On n'a pas le droit. C'est à maman.

— Je lui ai demandé, elle m'a autorisé à te faire goûter.

— Ah bon ?

— Oui, parce qu'on ne vit pas comme une famille normale. Tu le sais, non ?

— Oui. Il y a plus papa et maman a des problèmes.

— Tu n'as que six ans, mais tu dois déjà agir comme une adulte. Autant qu'on joue aux mêmes jeux que les adultes. Ça te ferait pas plaisir ?

— Toi tu joues à ces jeux-là avec tes copains ?

— Oui Jenifer.

Il me tend la bouteille. Je la dévisse.

— Ça fait mal ?

— Non, ça pique un peu la première fois. Tu verras, c'est cool.

Yann doit avoir raison. C'est bien de faire comme les adultes des fois. Puis, si maman le fait, alors ça ne doit pas être dangereux, je ferai comme elle, j'irais me coucher sur le canapé pour dormir. Alors que je penche la bouteille, il l'attrape et me l'arrache des mains.

— On est d'accord, on ne dit pas à maman qu'on a joué à ces jeux.

— Tu m'as dit qu'elle avait dit oui.

— Pour la bouteille oui. Si tu aimes bien ça, je te montrerai autre chose après.

— Un autre jeu ?

— Ouais. Allez, goûte.

Il me redonne la bouteille et je bois une gorgée de l'alcool. C'est fort. Ça me pique la gorge. Je tousse tout de suite. Je lui tends la bouteille pour qu'il la reprenne. Je n'en veux plus. Il pose sa main sur mon crâne et caresse mes cheveux.

— Doucement Jenifer. Tu as été trop rapide.

— Je n'aime pas.

— Bien sûr que si tu aimes, tout le monde aime.

— C'est pas bon.

— Essaie une nouvelle fois.

Il tient fermement la bouteille. Il veut que je boive encore une fois. Si tout le monde aime, je dois aimer aussi, sinon je serais nulle. C'est comme à l'école, les autres ils ont tous des trucs trop cool, pas moi, alors ils me mettent à l'écart. Si je n'aime pas la boisson de maman, elle me mettra à l'écart. Et Yann aussi je pense. Je bois une nouvelle gorgée, ça pique toujours, mais moins que tout à l'heure. Sous le regard de Yann, je bois une nouvelle fois. Il empoigne la bouteille et il rigole.

— Allez, arrête, c'est déjà pas mal ce que tu as fais. Tu aimes ?

— Ça va.

— T'as vu, c'est juste la première gorgée qui surprend. T'es une grande fille.

J'ai l'impression que ma tête tourne un peu. Mais je ne le dis pas à Yann, il va me trouver nulle.

— C'est quoi l'autre jeu ?

Il sourit.

— Je vais te montrer, mais tu es sage.

— Oui.

Il se lève et va fermer la porte. Puis, il revient vers moi. Pourquoi a-t-il fermé la porte ? Peut-être qu'on va faire du bruit, rire, il ne faudrait pas que l'on réveille maman. Après elle va crier.

— Il faut que tu baisses tes collants.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas, ils ont toujours joué comme ça les grands.

Je hausse les épaules et j'obéis. Après tout, il doit mieux savoir que moi. Il m'invite à m'asseoir à côté de lui. Sa main touche mes cuisses et il finit par passer sa main dans ma culotte. Mes mains se posent sur son bras.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il en chuchotant et en souriant.

— Est-ce que ça va faire mal ?

— Pas du tout. Mais chut, ça reste entre nous. On n'a pas le droit de jouer aux jeux d'adulte normalement, car on est des enfants.

— D'accord.

— C'est bien.

Je sens ses doigts. Je ne dirais pas que ça fait mal, mais ce n'est pas agréable. Il me regarde et me sourit. Je ne sais pas du tout ce qu'il est en train de faire, mais comme je le disais, il sait mieux que moi. Pour le moment, je ne m'amuse pas. Je ne comprends pas pourquoi on joue à un jeu où moi je m'amuse pas. Il arrête de faire ce qu'il faisait et me demande de me rhabiller. C'est déjà fini ? Pourquoi il y a seulement lui qui s'est amusé ? Ça s'est vu à son visage qu'il était content, mais moi je ne l'étais pas.

— Tu as aimé ?

— Je ne sais pas.

— Tu aimeras de plus en plus.

— Peut-être.

— En tout cas, ça se voit que tu as pris plaisir.

Je ne pense pas. Ou peut-être que je n'ai pas fais attention. C'était bizarre. De toute manière, je ne sais pas la façon dont les adultes ont à avoir du plaisir. Mais ils doivent bien s'embêter les adultes. Je n'ai pas hâte de faire partie de leur monde. Je préfère rester ici avec mes poupées. Yann semble content et quitte ma chambre. Je ne le reverrai pas avant le repas du soir.


Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant