Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)

CHAPITRE 45

ANTONE,

22 décembre 2018,

Aujourd'hui, on fait le sapin de Noël avec papa. C'est le premier jour des vacances, alors il a bien voulu qu'on le fasse. C'est triste car maman n'est pas encore rentrée, elle ne va pas pouvoir le faire avec nous. Mais je suis sûre qu'elle va aimer le voir quand elle rentrera. Papa dépose les derniers cartons dans lesquels il y a les décorations de noël. J'ai trop hâte !

— Tout est là, le sapin est là aussi. Tu te rappelles comment on fait mon grand ?

— Oui !

Je crois. Maman dit toujours qu'il faut commencer par mettre les guirlandes électriques, comme ça la lumière ne sera pas trop forte.

— Il faut les guirlandes électriques !

— Très bien. On va vérifier si elles marchent encore.

Dans la voix de papa, je sens qu'il a envie qu'elle fonctionne encore, car il n'a pas envie de ressortir. Déjà, ce matin, en allant chercher le sapin, il n'était pas trop content. C'est peut-être l'absence de maman qui le rend triste. C'est sûr qu'elle lui manque aussi. J'aimerais vraiment qu'elle rentre maman. Papa ne m'a même pas dit si elle avait écouté le message qu'on lui a envoyé la dernière fois. J'espère que oui. Mais c'est bizarre, car si elle avait répondu, papa n'aurait pas oublié de me le dire.

— Ça me fait chier ces guirlandes.

Papa s'énerve. Il s'assoit sur la chaise et tire sur les guirlandes. Il va les casser comme ça et c'est sûr qu'elles ne vont plus marcher après. D'habitude, c'est maman qui s'occupe de démêler les guirlandes électriques, elle aime bien je crois. Des fois, elle s'énerve un peu dessus aussi, mais pas autant que papa. Je m'approche de lui et essaie de l'aider.

— Attends Antone !

Je fais un pas en arrière. Il est très en colère papa. Je baisse la tête, je crois qu'il me regarde. Mais s'il est en colère, je ne veux pas le regarder, il va me crier dessus.

— Désolé mon grand. Tu sais, d'habitude, c'est maman qui s'en occupe des guirlandes. Tu veux venir m'aider ?

Je relève la tête vers lui et je lui souris. Il me sourit aussi. Quand je me rapproche, il s'excuse une nouvelle fois. On arrive à démêler une première guirlande et papa va la brancher pour voir si elle fonctionne encore. Oui !

— Bon, celle-ci elle clignote. On la met où champion ?

— Vers le bas !

C'est moi qui tourne autour du sapin pour mettre la guirlande, papa me fait confiance. Il commence déjà à être beau. Pendant que je finis d'installer la guirlande, il commence à en démêler une autre. Je viens l'aider et on la tire. Il la branche aussi et on vérifie qu'elle marche. Elle ne clignote pas celle-ci. Quand je lève le regard vers papa, ce n'est pas lui que je vois, mais maman. À chaque fois c'est pareil, elle s'entoure dans la guirlande qu'elle vient de démêler et elle demande à papa si elle est jolie. Maman c'est la plus belle, papa lui dit. Après, elle se plaint parce qu'elle a encore emmêlé la guirlande, papa rigole toujours. Son rire n'est pas là aujourd'hui, ni même celui de maman. Ça me manque.

Pour celle-ci, il ne me demande pas où la mettre, il la met de lui-même en haut du sapin. Il en reste une que l'on démêle et comme elle est blanche, on la met au milieu du sapin. Papa se recule et pose ses mains sur les hanches. Je le rejoins.

— Tu le trouves comment notre sapin ? Demande-t-il.

— Il est beau. Tu crois que maman aimera ?

— Je crois oui. On continue ?

— Oui !

On ouvre les cartons où il y a plein de boules de Noël. Je commence à les installer. Papa installe d'autres guirlandes qui ne font pas de lumière. On fait le sapin en silence. Il manque la musique de noël que maman met à chaque fois quand on décore la maison. Elle aime bien chanter les chansons de Noël, pour celles que je connais, je chante avec elle. Aujourd'hui, on ne chante pas. Il n'y a que la voix de maman qui chante « Petit papa Noël » qui se joue dans ma tête.

J'ai l'impression que l'on passe la journée entière à faire le sapin avec papa ! On n'a pas vraiment parlé, mais on a fait un super sapin. Il est vraiment trop beau ! Et il le sera encore plus quand il y aura les cadeaux. Papa range les cartons maintenant vide dans le garage pendant que je reste devant le sapin. Cette année, on n'a décoré que le sapin, nous n'avons pas décoré la maison. Papa n'a pas envie de mettre les lumières dehors, il dit que c'est trop tard de toute façon, car on est déjà le vingt-deux décembre. S'il le dit.

— Papa, on peut faire une photo pour maman ? Comme ça elle verra le sapin avant qu'elle rentre.

— Si tu veux.

En me répondant, papa ne me regarde pas. Il me dit rapidement d'aller m'installer près du sapin pour qu'il fasse la photo. Je fais mon plus grand sourire pour maman et il prend la photo. Je me rapproche de papa pour voir la photo qu'il a prise.

— Elle te plaît ? Me demande-t-il.

— Oui. Maman va être trop heureuse ! Mais papa.

— Oui ?

— Elle rentre quand maman ? Noël c'est dans deux jours !

— Noël, c'est dans trois jours mon grand. Et je ne sais pas quand maman va rentrer.

— Elle est où maman ? Elle a eu notre message ?

Papa me regarde dans les yeux, mais ne me répond pas.

— Il n'y a même pas de réseau internet là où travaille maman ?

— Ouais, c'est ça mon grand. Il n'y a aucun réseau.

— C'est nul. On dirait qu'elle est partie au Groenland !

— Peut-être. Qui sait.

Papa ne sourit toujours pas. J'ai même l'impression que ses yeux se mouillent. Je n'aime pas le voir comme ça. Je le prends dans mes bras et je lui fais un bisou sur la joue.

— Je t'aime papa.

Papa me prend dans ses bras quelques instants. Puis, il me lâche.

— Va jouer dans ta chambre mon grand, s'il te plaît.

Papa n'a pas l'air bien, je veux rester avec lui, mais je crois que je devrais l'écouter. Alors, je le lâche et je m'en vais. Je ne pars pas trop loin, je garde un œil sur papa. Il me tourne le dos, il est penché sur la table. C'est silencieux dans la maison et je crois qu'il pleure. Pourquoi papa pleure ? Est-ce que c'est à cause de moi ? À cause de maman ? Je ne veux pas que papa pleure.

— Papa ? Tu sais, maman elle t'aime aussi.

Papa ne me regarde pas quand je lui dis ça. Je crois qu'il pleure encore plus. Mince, je ne voulais pas ça. Bon, maman, je ne sais pas où tu es, mais il va falloir revenir, papa est triste. Maman, reviens...