Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)

CHAPITRE 22

JENIFER,

2 novembre 2018,

J'ai la jambe tremblante, j'ai les pensées ailleurs, pourtant j'essaie au maximum de suivre l'interview et les questions auxquelles je dois répondre. Ce sont généralement les mêmes que d'habitude, j'essaie cependant de trouver d'autres façons de dire la même chose que j'ai déjà dis dans une autre interview. La femme en face de moi, qui me regarde quand elle me pose ses questions, me sourit et elle m'inspire beaucoup de confiance.

— Est-ce que cet album est personnel ?

Je la fixe. Personnel ? Oui, il l'est.

— J'ai tenu à ce qu'il le soit, répondis-je. J'essaie toujours de mettre un morceau de moi dans mes albums, dans mes chansons. Je l'ai toujours fait, c'est souvent bien passé.

— Quand vous dîtes souvent, vous repensez à votre dernier album, « Paradis Secret » ?

— Entre autres. Je me suis ouverte d'une manière que je n'avais expérimentée avant. Ça a plu à certains, ça a déplu à d'autres. Je pense que c'est le court normal des choses. Il était peut-être trop personnel, je ne sais pas vraiment. Pourtant, il fait partie de moi, de ma discographie et je l'assume toujours avec autant de plaisir.

— On peut dire qu'avec Nouvelle Page, vous prenez moins position sur certains sujets. On peut penser à « Des idylles » sur votre dernier album.

— Peut-être. Je pense qu'avec Nouvelle Page, je suis revenue à ce que je pouvais faire avant, avec « Le passage ». Mais j'aime que chaque album ait une âme bien à lui.

Ses questions sur « Paradis secret » m'embêtent. Je dois avouer que j'ai voulu tourner la page sur cet album. J'aime toujours autant ces chansons, mais j'ai eu tellement de mal à avancer. Sur la table entre nous, mon téléphone vibre. La photo de Raphaël apparaît. Je relève le regard vers celle en face de moi.

— Est-ce que ça vous dérange si je réponds ?

— Allez-y.

Je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle m'avait dit non. J'aurais sûrement pleuré. Je la remercie, attrape mon téléphone et répond à Raphaël. Je m'écarte légèrement du lieu d'interview et même des regards oppressants de Marc et Coralie. Je décroche.

— Chéri ?

Il ne me répond pas verbalement, simplement par des larmes.

— Raph ?

— Je suis désolé Jen.

— Calme-toi. S'il te plaît.

Je l'entends reprendre sa respiration et il tente de se calmer.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je suis allé chez le médecin ce matin.

Il marque une pause. Mon cœur se resserre. Je suis persuadée que ça c'est mal passé. Raphaël ne pleure jamais. Je l'ai rarement vu pleurer, si ce n'est pour un collègue décédé ou quelque chose comme ça.

— C'est un nerf qui est bloqué, un truc comme ça. Je n'ai rien compris. Tu sais j'y connais rien à la médecine, c'est toi qui regardes toutes tes séries à la télé.

Je ne sais pas quoi lui répondre quand il arrête de parler comme ça. J'attends juste qu'il reprenne la parole.

— Il y a une opération Jeni.

— C'est bien ça ! Ils vont pouvoir t'aider, enfin.

— Il se peut que ça se passe mal.

— Comment ça ?