CHAPITRE 53

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JENIFER,

16 janvier 2019,

Raphaël conduit, le regard concentré sur la route. Antone n'arrête pas de parler depuis que je suis montée dans la voiture. Il commence à me donner mal à la tête. Je sens que ça agace aussi son père qui a dû lui dire d'être silencieux avec moi. Mais c'est normal pour un garçon de sept ans d'être content que sa maman rentre à la maison. Moi aussi je suis heureuse de rentrer, après ce long séjour à l'hôpital. Je sais que certains en font malheureusement des plus longs que moi, mais pour moi, cette vingtaine de jours m'a paru interminable.

Plus on s'approche de la maison, plus j'angoisse. Pourquoi ? Je ne sais même pas. Je rentre chez moi, tout va bien se passer maintenant. Raphaël gare la voiture devant chez nous et je mets quelques secondes à me décrocher. Le moteur est déjà éteint, Antone est détaché comme son père. Ma main se tétanise sur la poignée de la portière. Raphaël se tourne vers notre fils.

— Tiens mon grand, va ouvrir la maison s'il te plaît.

Du coin de l'œil, je vois Antone attraper les clés et je l'entends à présent quitter le véhicule. Par la vitre, Raphaël vérifie ce que fait notre garçon, avant de se tourner vers moi en me souriant.

— Je te sens tendue.

— J'ai peur. Je me suis sentie tellement mal la dernière fois que j'étais chez nous.

Les larmes me montent aux yeux et je détourne le regard. Raphaël vient embrasser ma tempe.

— C'est fini tout ça. On oublie les mauvais moments, d'accord.

— Oui.

Je prends une grande respiration et je quitte le véhicule. Le temps que je contourne la voiture, Raphaël en descend aussi et ses bras m'accueillent. Antone est déjà dans la maison. Bizarrement, à chaque nouveau pas vers l'entrée, mes doigts se crispent sur le manteau de Raphaël. En m'embrassant le crâne, il me chuchote que ça va bien se passer. Il a raison, il a toujours raison. Je ne dois pas avoir peur de rentrer chez moi, de faire face à ce que j'ai été.

Il m'est difficile de faire le premier pas chez nous. J'ai envie de rire, car j'ai crié sur Antone quand il ne voulait pas rentrer dans sa chambre et aujourd'hui, j'agis comme lui, dans ma propre maison. Mes yeux se remplissent à nouveau de larmes quand je me revois penser à comment me sortir du malheur dans lequel j'étais. Je suis sortie de mes pensées par mon fils qui s'approche de moi en courant.

— Regarde, je t'ai fait un nouveau dessin ! Il te plaît ?

Il me donne son dessin. Antone adore faire des dessins, je le sais. Depuis qu'il est petit, nous faisons énormément d'activités créatives et je crois qu'il a apprécié faire tout ce que je lui proposais. Antone était si mignon, vers l'âge de trois ou même quatre ans, quand il s'amusait à mettre de la peinture partout. À cette époque, j'explosais de rire à ce genre de bêtises de la part de mon fils. J'attrape son dessin. S'il aime faire du dessin, il n'a pas l'air de s'améliorer avec le temps, je trouve ça toujours aussi moche et ça ne me ressemble pas du tout.

— Il est très beau Antone, merci.

— C'est nous trois dans le jardin !

— Ah ! Ah oui, je n'avais pas vu l'arbre.

Je n'avais surtout pas reconnu que c'était un arbre. Je me penche vers mon fils pour lui faire un bisou. Il me prend dans ses bras et m'annonce qu'il est content que je sois là. Il ne peut pas savoir à quel point, moi aussi, quand je serai plus forte que je le suis actuellement, je serai contente d'être ici.

— Antone, n'embête pas maman, lance Raphaël.

Je me tourne vers mon mari. Il a été cherché mon sac, celui que j'avais à l'hôpital. Je n'avais pas prêté attention à ses déplacements.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant