CHAPITRE 48

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tw : suicide.

JENIFER,

25 décembre 2018,

J'ai pensé à Antone avant de plonger la tête dans l'eau. Je pensais que ça allait être douloureux, mais ça ne l'a pas été tant que ça. J'avais la tête immergée. Je retenais ma respiration jusqu'à ce que je ne puisse plus la retenir. J'ai laissé de l'eau passée. Reflex de survie, j'ai voulu sortir la tête de l'eau. La première fois, je n'ai pas réussi à rester sous l'eau. J'ai repris de l'air. J'ai toussé, j'ai même craché de l'eau. Mais je n'avais bu que la tasse. Ce n'est pas ce que je voulais. Alors j'ai fait pareil, une deuxième fois. J'ai repris une grande respiration, j'ai pensé à mon fils et j'ai plongé à nouveau la tête sous l'eau. Quand l'envie de prendre ma respiration m'est revenue, j'ai gardé la tête sous l'eau. J'ai senti l'eau dans mes narines. J'ai senti l'eau passée entre mes lèvres entrouvertes. Je voulais simplement me noyer, partir, qu'on me laisse tranquille. Et d'un coup, tout est devenu noir. Je n'ai pas eu mal.

Je suis là aujourd'hui. Dans un lit d'hôpital, dans le service de réanimation. Sous le regard des gens, qui je pense, me jugent bien qu'ils me disent que je suis forte. Non. Je ne pense pas être forte. Si j'avais été véritablement forte, j'aurais réussi à mourir. C'est tout ce que je voulais à ce moment-là. Perdue, ce matin, je ne sais pas ce que je veux. Peut-être que j'ai toujours cette envie, mais elle est surpassée par le bonheur de Raphaël d'hier soir. Il semblait si heureux de me voir vivante. Il était triste de ce que je lui ai fais vivre. Je le savais ça, qu'il allait être triste et égoïstement, j'aurais préféré mourir pour ne jamais en avoir conscience. On frappe à la porte et ça me sort de mes pensées. Une infirmière rentre en ouvrant doucement la porte.

— Vous ne dormez pas madame ?

— Non.

J'ai mal quand je parle, c'est horrible. Je suis obligée de dire le moins de mots possibles pour ne pas souffrir le martyr. Ils m'ont dit que ce ne serait qu'une question de jours, mais je sens qu'ils vont être longs ces jours.

— Puisque vous êtes réveillé, ça vous dérange si je vous fais une prise de sang ? Ça avancera mes collègues du matin.

— Faites.

Je doute qu'ils m'aient demandé mon autorisation pour m'en faire quand j'étais dans le coma. L'infirmière sort de la chambre et revient quelques instants plus tard avec du matériel. Elle pose la boîte sur le lit, à côté de mes jambes. Doucement, je décale mes jambes pour ne pas gêner.

— Donnez-moi votre main s'il vous plaît.

Je lui tends mon bras et elle regarde mes veines.

— Serrez le poing s'il vous plaît.

J'obéis et elle tape doucement sur ma main et mon bras. Je sais qu'à ce qui paraît, ça fait sortir les veines. Après tout, les miennes sont déjà sorties. Elle installe l'espèce de garrot et prépare son matériel. Je détourne le regard. Je sens qu'elle pique.

— Vous avez mal ?

— Non.

— Super.

Je me perds dans un rire nerveux et je la regarde à nouveau.

— Vous avez un super mari, me dit-elle.

— Comment ça ?

— Il est venu tous les jours, il a pris soin de vous. Je suis contente pour vous deux que vous alliez bien.

— Merci.

Raphaël a perdu du temps à venir me voir ici. Peut-être que j'ai senti sa présence, mais je n'en ai pas forcément le souvenir.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant