CHAPITRE 8

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JENIFER.

18 septembre 2018,

Lundi. Il faut réellement que j'attende lundi pour repartir de Marseille. En plus, demain je ne vais rien faire. J'ai envie de péter un câble, de hurler sur tout le monde. Ça me paraît si long jusqu'à ce jour si bénit où je pourrais rentrer chez moi.

Seule dans ma chambre d'hôtel, il faut que je me motive à appeler mon frère. Il faut que je lui dise que je ne rentrerais que lundi. Le pire va être de le dire à mon Antone. Il va me détester, il ne voudra plus me parler.

Le téléphone devant moi, je n'arrête pas de regarder les réseaux sociaux avant d'aller dans mon répertoire pour appeler. Je sais que ça ne dérangera pas Yann, il n'est pas à une journée près. Mais Antone. Il va tellement être déçu.

Je souffle.

Il faut que j'appelle. Aller Jen. Après tu sortiras boire un coup avec tes amis. Je me lance et j'appelle mon frère, en haut-parleur.

— Jeni !

— Je te dérange ?

— Pas du tout. Comment tu vas ?

— J'ai connu mieux, mais ça va.

— Merde, t'as un problème ?

— Non. Enfin, je ne vais pas pouvoir rentrer demain. Le taff pour l'album a pris du retard et je pourrais monter que lundi sur Paris.

— Merde. Il va être tristounet le petit.

— Je sais. Je peux l'avoir au téléphone ?

— Il se repose là.

— Il est dix-huit heures Yann !

— Il a très bien joué cet après-midi et il est crevé. On l'autorise à dormir un petit quart d'heure avant de passer à table.

— D'accord, j'espère que vous arriverez à le faire dormir après sa sieste.

— Ne t'inquiète pas. On peut te rappeler après le repas ?

— Euh... Ouais. Pas de souci. Et ne lui dis pas pour demain, je préfère que ce soit moi. Je veux qu'il me fasse la gueule à moi et pas à toi.

— Ne t'inquiète pas.

Je raccroche, sans un bonne soirée, sans rien, juste un souffle de ma part peut-être. Là, j'avais un peu de courage pour parler à mon petit, mais je vais devoir attendre. Yann me semblait bizarre au téléphone, comme s'il était pris en plein flagrant délit pendant qu'il fait une bêtise. Peut-être que simplement je le dérangeais, mais il n'a pas osé me le dire.

Je m'allonge sur mon lit et me retiens de pleurer. Je sais que je ne devrais pas rester ici, que je devrais rentrer pour mon fils. J'ai été trop souvent absente ces derniers mois. D'accord, c'est une partie de la vie d'artiste qu'il faut accepter, comme celui où on se fait traquer toute la journée. Je suis d'accord et j'en suis consciente. Mais il y a des jours plus durs que d'autres. Enfin, je me plains, mais je ne fais pas un métier horrible non plus. De quoi je me plains même ?

On frappe à ma porte et je me redresse avant d'autoriser la personne à rentrer. La tête frisée de Coralie se montre puis tout son corps.

— Je crois que tu as besoin d'un verre Jenifer. On sort ?

Je la dévisage avant de me rendre compte que oui, j'ai besoin d'un verre. J'ai besoin de sortir, de voir autre chose, de penser à autre chose. Je me lève, attrape ma veste et on sort dehors. On marche peut-être dix ou quinze minutes avant de trouver un bar qui nous convient. Puisque l'humidité tombe rapidement le soir, on choisit de prendre une table à l'intérieur. On s'installe et un serveur ne tarde pas à prendre notre commande.

Derrière les Soleils (JENIFER FANFICTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant