PROLOGUE ❥ ❥ ❥

40 1 0
                                    

Je soupire de frustration en pédalant lentement, examinant les voitures qui se trouvent autour de moi sur ce parking, sans jamais trouver celle que je veux. C'est pourtant pas compliqué... Les grosses voitures sont les plus simples à trouver en général.

Après une bonne dizaine de minutes, je freine finalement près de l'objet de ma recherche avant de descendre de mon vélo que je laisse à l'abandon près de moi, déposant mon sac au sol, celui-ci étant précédemment hissé sur mon dos. J'ouvre sa fermeture à la hâte d'un air déterminé et en sors deux bombes de peinture que je secoue avec joie, un sourire pendu aux lèvres.

Je suis certaine que la voiture de cet idiot va apprécier son nouveau design.

Je retire le bouchon de la première bombe avant de commencer à taguer « massive douchebag » sur le capot, puis je m'amuse à faire des dessins sur les portières, ainsi que sur le toit. Je sors les œufs hors de mon Eastpak et les écrase avec joie sur le pare-brise ainsi que sur chacune des fenêtres. J'induis ses poignées de blancs d'œufs avant de verser de la farine un peu partout sur la voiture en courant autour de celle-ci, chantant des comptines pour enfants. Une fois mon petit carnage terminé, je fouille à l'intérieur de mon sac avec précaution, pour ne rien salir, de manière à y trouver des mouchoirs et une bouteille d'eau pour me rincer les mains.

Je contemple mon chef d'œuvre en buvant l'eau qui reste au fond de ma bouteille, une fois les mains propres.

Je m'approche de la poubelle la plus proche de manière à jeter tout ce que je possède de vide. En revenant vers la voiture pour récupérer mon vélo, tout en dépoussiérant mon uniforme de la farine, je tombe nez à nez avec un garçon qui reste interdit face à la voiture de mon ex petit ami. On dirait que ça lui fait presque du mal... Je comprendrai jamais les garçons et leur amour pour les voitures. Ce sont des voitures. Je veux dire... C'est un tas de fer, quoi!

Je peux tout expliquer... La petite décoration, c'est parce que cette raclure de bidet m'a plaqué pour l'une de mes meilleures copines le lendemain de nos sept mois passés ensemble... Par texto. Classe n'est-ce pas? Il fallait que je me venge, cela va un peu de soi. Comme il tient à sa voiture comme à la prunelle de ses yeux, voilà de quoi lui rendre la monnaie de sa pièce... On ne largue pas les filles fragiles et amoureuses par texto.

Le garçon présent avec moi sur ce parking tourne la tête vers moi alors que je m'occupe de ramasser mes affaires et mon vélo. Il m'interpelle avant que je ne chevauche ma selle rose bonbon.

— Hey! C'est toi qui a fait ça?
— Qu'est-ce que ça peut te faire?

Il se met soudainement à rire en frappant dans ses mains, comme si il venait d'être possédé par je ne sais quelle créature démoniaque. Je le considère longuement en fronçant les sourcils, un peu perplexe quant à sa réaction assez excessive. Il remet ses cheveux en place avant de dangereusement s'approcher de moi.

— C'est ma voiture, lâche-t-il brusquement, visiblement très sérieux, pointant furieusement la voiture du doigt. C'est. Ma. Voi-ture.
— Ah?

Je m'approche tranquillement du véhicule en tenant le guidon de mon vélo et me penche pour regarder la plaque d'immatriculation. Je hausse les sourcils, surprise de me rendre compte qu'en effet, il ne s'agit pas de la voiture de mon ex. Je l'examine et reste surprise en remarquant que ce type avec les cheveux bouclés et l'air furibond possède exactement la même auto que Jake – c'est mon ex, ça. Même couleur, même marque, même sièges en cuir à l'intérieur, même volant brillant et tout et tout. Le seul truc qui différencie leur voiture, c'est en fait la plaque d'immatriculation et accessoirement la seule chose que je n'ai pas regardé avant de commencer à me venger. Je regarde autour de moi et me rends compte que la voiture de Jake est à quelques mètres plus loin, en parfait état.

Merde.

Je lève les yeux vers le gars, qui semble complètement hors de lui.

— Comme il n'y a que toi sur ce parking et comme ta jupe est recouverte de farine, je suppose qu'il s'agit de ton œuvre. Maintenant, ma question est: Pourquoi tu me fais ça?

Il prend une longue inspiration en regardant longuement sa voiture, passant nerveusement ses mains sur son visage sur lequel il tire, ce qui en soit, fait assez peur... Il risque de s'arracher la peau ou de se faire vraiment mal, ce que j'interprète sur le moment comme un système de matching, parce que bon, comme sa voiture a changé de look il lui faut à lui aussi un ravalement de façade pour faire la paire avec elle. Le pauvre quand même, il devrait pas se donner tant de peine...

Non OK ça va, je ne suis pas stupide. J'ai bien compris qu'il se faisait violence pour ne pas m'étrangler ou quoi... J'essaye juste de ne pas culpabiliser. J'ai une haine si grande envers les garçons désormais, que je peux être totalement détachée et ne ressentir aucune émotion pour ce pauvre mec. Il n'est pas spécialement moche, il doit en briser des cœurs, lui aussi. Il a ce qu'il mérite, si ça se peut.

— Si t'es une anti... Parfait, reprend-il. Pourquoi pas! Tu peux m'insulter de tout ce que tu veux, m'envoyer des messages horribles sur Twitter, franchement, tu peux m'envoyer toute ta haine, je peux tout encaisser maintenant, je fais une thérapie, je vais bien, je suis plus fort... Mais... Ma voiture, elle t'a rien fait, quoi! Elle t'a rien fait, répète-t-il en me regardant d'un air complètement désespéré, visiblement dépassé par la situation, cherchant une réponse à mon acte sur mon visage.
— Je... Je comprends pas de quoi tu parles.

Sa tête me dit quelque chose, c'est sûr je l'ai déjà vu quelque part, mais je suis incapable de mettre un nom sur son visage. Il me parle d'anti, il doit probablement parler de ces personnes qui détestent les stars. Est-ce que je suis en train de taper la cosette à une célébrité? Avec une bagnole pareille, c'est sûr qu'il doit être pété de thune... Mais qui est-il?

— Je fais tout pour garder mon calme, tu vois? Je prends sur moi pour ne pas crever les roues de ton vélo et fracasser ta tête contre le capot de ma voiture. Je suis pas un garçon violent d'habitude, mais... On s'en prend pas à ma voiture, d'accord...?
— Je suis désolée, je...
— J'espère que tu as de quoi payer les dommages que tu as fait à ma voiture? me coupe-t-il.
— Pardon?

Il reprend son espèce de rire dément, alors que soudainement, mon cœur bat plus fort dans ma poitrine. Payer les dommages? Est-ce qu'il a dit « payer »?

— Tu crois quand même pas que je vais te laisser filer sans que tu ne banques pour repayer la peinture de ma voiture ainsi que la pompe à lavage automatique...?
— J'ai pris ta caisse pour celle de mon ex qui est juste là bas, dis-je en pointant la voiture du doigt. C'était un accident, OK?
— Mais je m'en fous moi de ce que tu voulais faire à la base. Maintenant, ce qui est fait est fait, voilà l'état de ma voiture, tu vas changer ça vite fait!
— Sérieusement, t'as l'air de transpirer l'argent par tout les orifices. Je suis étudiante, ma mère peine à joindre les deux bouts, je lutte moi-même pour m'acheter une Twingo, tu crois sincèrement que je vais claquer de l'argent pour repayer la peinture de ta voiture, qui soit dit en passant est hyper moche...? Tu peux très bien t'en occuper seul mon grand. Sur ce.

J'enjambe mon vélo avant de m'en aller à toute vitesse, ignorant ce qu'il hurle dans mon dos. Il devrait s'estimer heureux, je n'ai pas crevé ses pneus! Un peu de reconnaissance, oh! Au moins, il pourra rentrer chez lui... Bon, en se tapant un peu la honte, certes... Mais quand même...

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant