QUARANTE-TROISIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ you're all i'm thinking about.

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Je déboule dans la chambre de mon frère directement après être rentrée de cours. Dès que j'ai vu ses chaussures dans l'entrée, mon sang n'a fait qu'un tour. Je me suis tellement précipitée à l'étage que j'ai manqué de me ramasser. Il glisse présentement quelques affaires dans son gros sac de sport, debout devant son lit. Il a toujours sa veste sur le dos.
— Tom... Tu restes pas?
— Nan, je passais juste chercher quelques affaires.

Je m'approche de lui la mort dans l'âme et entoure mes bras autour de son corps, collant ma joue contre ses omoplates. Il se met à rire avant de caresser mon bras doucement.

— Maman m'a dit que tu avais encore fait des conneries.
— Je suis juste sortie sans prévenir... alors que j'étais punie.
— Tu me tues, Franny, dit-il en tirant sur le zip de son sac de manière à le fermer.
— J'ai pas l'habitude d'être punie! Maintenant que j'ai besoin de sortir de la maison je suis punie! C'est injuste... Tom, elle m'a pris mon téléphone. Il faut que tu m'aides à le récupérer, je dois joindre quelqu'un.
— Je peux te passer mon portable, si tu veux.
— Je connais pas son numéro de tête... Il me faut mon portable, sérieusement. Help.
— Tu sais où il est?
— Oui, elle l'a planqué dans la cuisine.
— Bon, je vais aller parler à Maman pour la distraire et toi en attendant, tu vas récupérer ton portable et passer ton coup de fil. Prends pas trois plombes Frances, je vais pas passer la soirée ici et elle va finir par aller cuisiner, de toute façon. Tu la connais.
— J'en ai pour deux minutes, promis.
— Je te couvre, Sis. J'ai toujours rêvé de faire ça, s'exclame-t-il, plein d'entrain.

Je me mets à rire avant de le relâcher. Nous quittons sa chambre et nous nous rendons en bas. Tom se dirige vers le salon dans lequel se trouve ma mère et ma grand-mère et moi, je fonce dans la cuisine. Je tends l'oreille et m'assure qu'ils sont occupés à discuter avant de fouiller dans les pots d'épices qui se trouvent sur le gros meuble qui occupe beaucoup de place dans la pièce. Certains sont pleins, d'autres sont vides et dans l'un d'entre eux se trouve mon portable. Je débouche les couvercles et au bout du troisième pot, je tombe finalement sur mon GSM. Je m'en empare et ouvre la porte fenêtre pour aller dans mon jardin.

J'allume mon portable et attends quelques minutes que tous les messages et appels que j'ai reçu finissent de faire vibrer mon appareil avant de faire quoi que ce soit. Il y a un texto d'Andreas qui m'a contacté ce matin parce que j'étais en retard, avant de savoir que je n'avais plus de téléphone et tout le reste vient de Harry. Huit textos et quatre appels. Deux m'indiquent qu'il m'a laissé des messages vocaux et les six autres sont écrits par ses soins. Et il est vraiment pas content de ne pas avoir eu de nouvelles de moi de la journée.

Je m'empresse de composer son numéro. Après deux bips, je commence à stresser.

— Réponds, idiot, réponds...
— Bah c'est pas trop tôt! dit-il en décrochant.
— Harry, j'ai pas beaucoup de temps. Ma mère a pété un câble hier soir quand je suis rentrée et elle m'a confisqué mon téléphone. Je t'appelle illégalement, là. Juste pour te prévenir.
— C'est la moindre des choses de me prévenir, je suis ton Maître après tout.
— Va te faire foutre.

Il se met à rire et, ouais. Comme toujours. Je frissonne.

— Je vais devoir raccrocher et sache que je n'ai plus de portable jusqu'à nouvel ordre.
— Frances...
— Passe à mon lycée demain, on pourra trouver une solution. A plus tard.

Puis je raccroche avant de rentrer chez moi illico, éteindre le téléphone pour le remettre à sa place. Je me dirige vers le salon et rejoins mon frère, ma mère et ma grand-mère qui sont en train de discuter. Ils s'interrompent lorsqu'ils remarquent ma présence.

— Vous parlez de quoi?
— De ton cas, répond mon frère en se levant, le sourire aux lèvres. Bon, c'est pas tout ça mais mon imbécile de colocataire va m'attendre... Je vais y aller. Je repasserai sûrement à la fin de la semaine.
— D'accord, fais simplement ma mère en lui souriant.
— Tu vas me manquer, Tomi, je dis en faisant une moue faussement triste.
— Ne m'appelle pas comme ça, Fran.

Il frappe dans mon épaule ce qui me fait éclater de rire et pousser une plainte de douleur en même temps. Je m'occupe de lui rendre son coup, puis il se dirige vers l'entrée pour enfiler ses pompes et après un dernier signe de main, il quitte la maison. Je soupire et me tourne vers ma mère qui me considère froidement.

Je déteste cette atmosphère.

Je tourne les talons et monte dans ma chambre, le pas las. Je dois encore faire mes devoirs et j'ai vraiment, vraiment, vraiment affreusement la flemme. Je m'installe derrière mon bureau après avoir ouvert mes cahiers et commence à répondre aux questions que j'ai à faire en Géographie. Je déteste cette matière à la con, je déteste le sujet de ce chapitre, ça m'ennuie. Puis c'est jamais bien expliqué sur ces putains de cartes merdiques, sérieux.

Soudainement, alors que je suis en plein dans la question quatre de la page 256, la sonnette de la porte d'entrée m'interpelle. Qui peut bien sonner à une heure pareille? Je me lève brusquement en me rappelant cette fois où Charlie est venue sonner chez moi au beau milieu de la soirée parce que Luke l'avait largué. J'imagine le pire et rejoue le même scénario dans ma tête, mais avec Nicolas dans le rôle du briseur de cœur, cette fois... Charlie qui sonne, en larmes sur le palier de la porte, essoufflée d'avoir couru jusqu'ici. Incapable de s'exprimer à cause de ses sanglots, de sa peine, les bras ensanglantés par ses fraiches mutilations cachées sous ses manches...

J'ouvre la porte de ma chambre et dévale les escaliers avant de me stopper brusquement en voyant ma mère tourner la poignée pour répondre à la personne de l'autre coté de la porte.

— Bonsoir, c'est bien ici qu'habite Frances Williams?

Je fronce les sourcils. C'est pas Charlie.

— Oui? répond ma mère.
— Je suis... on est en classe ensemble. On s'assoit à coté dans un cours et je crois qu'elle a pris l'un de mes cahier en rangeant ses affaires aujourd'hui, sans faire attention, et j'en avais besoin pour réviser ce soir. Est-ce qu'elle est là?

J'essaye de réfléchir... A côté de qui je me suis assise aujourd'hui? Je descends quelques marches, les sourcils froncés. Cette voix m'est définitivement trop familière. Ma mère se tourne et sursaute en me voyant au beau milieu des escaliers, ne s'attendant visiblement pas à ce que je sois là. Elle ouvre la porte en grand et me laisse découvrir un Harry sur le palier de la porte, les mains glissées dans les poches, l'air stressé. Son visage se détend quand il m'aperçoit.

Je me retiens d'éclater de rire.

— Salut Frances, dit-il, un sourire en coin pendu aux lèvres.
— Salut Harold.
— Tu n'as qu'à monter dans sa chambre, suggère ma mère. Vous n'en avez pas pour longtemps de toute façon, non?
— Non, juste le temps que je retrouve son cahier, je réponds à ma mère en faisant signe à Harry d'entrer.

Le bouclé s'approche en regardant autour de lui et monte les escaliers pour m'emboîter le pas. Je rentre dans ma chambre et me bénis toute seule de l'avoir rangé au début de la semaine. Mon lit n'est pas fait et il y a quelques fringues qui trainent dans un coin de la pièce, mais c'est pas trop dérangeant.

— L'antre de Frankie, déclare-t-il en refermant la porte derrière lui, toujours souriant.

Je le regarde examiner les trucs qui se trouvent dans ma chambre. Il s'approche des posters accrochés aux murs, il regarde ce qui se trouve sur les étagères qui sont là pour décorer, habillées d'objets futiles qui prennent la poussières, de cadres représentants mon frère et moi, ma mère et ma grand-mère, puis mes meilleurs amis, touchant à quelques trucs, ça et là. Il s'approche ensuite pour regarder par ma fenêtre avant de faire demi-tour sur lui-même et croiser mon regard.

— J'avais vraiment pas anticipé que tu te pointes... Qu'est-ce que t'es venu faire là?
— Récupérer mon cahier, fait-il en s'installant sur mon lit, l'air narquois. Soudainement, ses sourcils se froncent. Ton matelas est hyper dur, comment tu fais pour dormir là-dessus?
— Harold.
— Déstresse Marie-Jo, soupire-t-il en rebondissant sur le bord de mon lit, visiblement perturbé par sa rigidité. J'avais besoin de te voir, lâche-t-il en haussant les épaules.

Je sens des papillons battre des ailes dans mon estomac à l'entente de sa dernière phrase. Je suis contente de l'entendre dire ça. Et c'est complètement idiot. Je suis affreusement niaise, bordel. Internez-moi.

— Pourquoi? J'essaye de paraître le plus impassible possible.
— Parce que ça me frustre de pas pouvoir te joindre et je t'ai appelé pour que tu viennes aujourd'hui. Mais bon...
— T'aimes pas être séparé de moi.
— Hey! C'est ma phrase ça, crie-t-il presque avant de faire la moue.
— Comment on va faire maintenant qu'on ne peut plus se parler par portable? Tu vas devoir te débrouiller seul. Difficile, hein?
— Tais toi, sale moche. Je vais être obligé de te traquer tous les jours.
— Flippant. Tu dois pas avoir l'habitude de suivre quelqu'un partout, c'est plutôt le contraire, en général.
— C'est vrai... Mais si je veux pas que mon esclave m'échappe, c'est le deal.
— Comme si j'allais partir quelque part. Je suis punie, je te rappelle, je lui réponds en m'installant sur ma chaise de bureau.

Je lui lance un cahier de brouillon qu'il rattrape à la volée avant de me détourner de lui, faisant face à mes cahiers pour reprendre mon stylo et continuer mes devoirs.

— Voilà ton cahier, Styles.

Il se lève et s'approche de moi pour regarder ce que je fais, par dessus mon épaule. En général, je déteste quand quelqu'un fait ça... Mais tout ce à quoi je peux penser, là maintenant, c'est la proximité de nos corps. Je peux sentir son souffle dans mes cheveux.

— Qu'est-ce que c'est?
— Mes devoirs de géo. Ça me les brise tellement, si tu savais.
— Je peux t'aider.
— T'es bon en géographie?
— A vrai dire, non. Mais la Mondialisation est un sujet assez actuel, alors je peux essayer de t'aider.
— Te fatigue pas Harry. Il me reste une petite question à faire et j'ai terminé, tout est dans le document, j'ai juste à lire et recopier ce qui est dit dans le paragraphe. Tu peux rentrer chez toi si tu veux.
— Tu veux que je m'en aille?

— Ma mère risque de se poser des questions si tu restes trop longtemps.


Il hausse les épaules en restant penché au-dessus de moi pour me regarder faire. Je tente de lire ma question, de me concentrer, mais savoir qu'il est juste là, sentir son parfum et... En fait, juste l'idée qu'il soit dans ma chambre en train de regarder ce que j'écris... non. J'arrive pas. Je relâche mon stylo en fermant les yeux.

— Harry, tu me déconcentres.
— Je sais que ma présence est troublante Frances, mais essaye de passer au-dessus de ça, bon sang! explose-t-il, faussement agacé.
— Calme tes hormones et arrête de te prendre pour le Roi du Pain d'Épice, un peu. Tu me souffles dans l'oreille, c'est ça me déconcentre.

Il s'approche de cette dernière et se met à souffler dedans ce qui me force à le repousser pour qu'il arrête, mais en vain. Je me lève en riant de sa bêtise, les mains sur les oreilles avant de le pousser pour qu'il me laisse tranquille. Il rit bêtement, comme à son habitude, visiblement fier de me faire chier, comme à son habitude bis. Je m'approche de la porte pour l'ouvrir en levant les yeux au ciel.

— Allez, je fais en lui faisant signe de sortir.

Il se met à rire et pince ma hanche sur son passage. Je me tords en deux avant de le suivre, riant un peu sur le coup. Nous descendons les escaliers et il commence à dire tout haut – certainement pour que ma mère entende:

— En tout cas, il y a pas de problème, Frances... Si tu veux que je repasse demain pour réviser avec toi le croquis sur la Mondialisation qu'on a à rendre pour bientôt, tu n'auras qu'à me le dire au lycée et je demanderai à ma mère si je peux passer. Où alors tu peux venir chez moi...

Je fronce les sourcils et frappe l'arrière de sa tête en lui disant de se taire et me crispe lorsque ma mère passe la porte de la cuisine en adressant un sourire à Harry. A ce moment là, elle ne se doute pas une seule seconde que c'est pour lui que je quitte la maison sans arrêt, que c'est à cause de lui que je sèche, que je prends des heures de colle... Elle ne se doute pas une seule seconde non plus qu'il est chanteur dans l'un des groupes les plus populaires de l'Angleterre et que je suis son esclave depuis plus de quarante jours.

— Je suis privée de sortie. Mais je te tiens au courant demain, promis.
— Super. Au revoir Madame, dit-il à ma mère avant de s'approcher de la porte. A plus tard, Frankie.

Puis il sort dehors et je m'occupe de fermer derrière lui. Je repose ma tête contre le bois de la porte en soupirant.

— Il est mignon, lance ma mère, ce qui me fait me retourner brusquement.
— Quoi?
— Si tu veux qu'il repasse réviser ici demain, alors laisse-le. Il a l'air sérieux. Et je préfère que tu sois avec lui ici, en train de bosser, plutôt que je ne sais où en train de faire je ne sais quoi avant de rentrer à la maison dans des vêtements qui ne sont pas les tiens.

Si elle savait mon Dieu... Je soupire et remonte les escaliers pour la énième fois, ce soir. J'ai cette question... cette question à finir, ouais. Et après, temps mort. Je vais glandouiller devant la télé et m'endormir comme une masse après cette longue journée.

— Puis il est mignon, répète-t-elle à la volée avant de repartir dans la cuisine.
— Il est pas mignon..., je marmonne avant de claquer la porte de ma chambre.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant