TROISIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ 'cause you really hurt me.

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L'après-midi qui a suivit mon passage chez Harry a été horrible. Je suis allée en cours à reculons et j'ai très peu parlé avec mes amis. Quand Andreas a évoqué le sujet One Direction, j'ai prétexté un mal de tête et je suis rentrée chez moi après être passée à l'infirmerie. J'ai été en week-end une heure en avance et j'en ai profité pour me reposer, rattrapant ainsi les quelques heures de sommeil que Harry m'avait ôté le matin même.
Plus tard dans la soirée, je me suis sentie mieux.

Ma mère a été au petit soin avec moi et je lui ai raconté que ma rupture avec Jake me pesait toujours et que c'était pour ça que je pleurais, que c'était pour ça que j'avais quitté l'école. Elle a été assez compréhensive, ce qui m'a un peu rassuré même si il ne s'agissait que d'un mensonge, un prétexte. En mentionnant le nom de mon ex, je me suis rendue compte à quel point l'entrée de Harry dans ma vie avait fait s'apaiser la douleur que j'avais pu ressentir à cause de notre séparation. Ca ne faisait pourtant que quelques jours qu'on s'était rencontrés. Deux jours qu'on avait commencé le petit jeu maître/esclave. Ma douleur passée avait été remplacée par celle que Styles me faisait ressentir à présent, ce qui en soit était assez étrange.

Charlie et Andreas disaient peut-être vrai quand ils soutenaient que Harry était la personne qu'il me fallait pour oublier ma peine de cœur. Seulement je ne pensais pas guérir le mal par le mal. Mon cœur avait besoin de répit. J'avais envie d'arrêter de souffrir. En fait, j'avais vraiment espéré rencontrer quelqu'un capable de me faire aimer à nouveau.

Curly Boy ne m'a pas recontacté. Visiblement, le thé qu'il a reçu au visage lui a servit de leçon pour un petit moment. J'ai été tranquille jusqu'à cette fin d'après-midi, disons. Le vingt-quatre mars à 18heures54.

« Viens. »
Disait simplement le texto qu'il m'a envoyé.

Je sors alors rapidement de chez moi, prends mon vélo et pédale jusque chez lui, sans prendre le temps de prévenir qui que ce soit chez moi, tout comme hier. Quand j'arrive à sa porte, il l'ouvre avant même que je puisse frapper. Il m'a probablement entendu fixer mon vélo au lampadaire en face de chez lui. Il prend mon poignet et me tire à l'intérieur pour me pousser devant la télévision. L'écran est noir, pourtant, la télévision est allumée. On entend le son, mais il n'y a pas d'image. Je me tourne face à lui. Ses bras sont croisés sur son torse et il sourit d'un air malicieux.

— Répare.

Sa moue me laisse penser qu'il a fait exprès de faire ça à sa télévision pour que je rapplique. Ce garçon n'a vraiment pas de vie! Je m'approche de derrière le poste et triture quelques fils.

— C'est bon là?
— Non.

Je me penche d'avantage et appuie ma main au sol, mes doigts rencontrant une prise jack débranchée. Je lève les yeux au ciel et la rebranche dans l'emplacement adéquat avant de me redresser et regarder l'écran qui affiche de nouveau les images. Quel imbécile ce mec, c'est déconcertant.

— Tu l'as fais exprès.
— De?
— Tu as débranché la prise qui permet d'avoir l'image.
— Je vois pas de quoi tu parles, dit-il d'un air qui laisse suggérer que si.

J'essuie mes mains contre mon jeans en soupirant. Je n'insiste pas, parce qu'il risque de me taper sur le système et ça va mal se finir comme la dernière fois.

— Bien. Les autres ne sont pas là?
— Louis et Liam sont allés voir leur copines et Niall et Zayn sont avec leur famille.
— Tu n'es pas avec la tienne?
— Partis pour la semaine, ma famille ne rentre que demain.
— Super, ça veut dire que j'ai ma journée.
— Vu comme ça... Oui.
— Dieu soit loué. Génial, à plus.

Je m'apprête à m'en aller lorsqu'il me retient par le bras. Il me fait reculer de manière à ce que nous soyons face à face de nouveau. Il me dévisage longuement, cherchant visiblement à me dire quelque chose, enchaînant de nombreux « um... » ou encore « euh... » ce qui, en soit est assez drôle à voir. J'arque un sourcil alors qu'il passe sa main libre dans sa nuque, l'autre étant toujours autour de mon bras. Je me défais de son étreinte et croise mes bras sur ma poitrine en tapant du pied par terre.

— Oui?
— Euh... en fait, je voulais... pour...

Il imite mon geste de la veille, celui que j'ai fais lorsque je lui ai envoyé le gobelet à la figure, comme pour me faire comprendre ce qu'il veut dire alors qu'il perd ses mots. Ce ne doit pas être simple de mettre sa fierté de côté. Il semble confus et mal à l'aise. Je devine rapidement qu'il essaye de s'excuser pour hier, ce qui a le don de me réchauffer le cœur. J'esquisse un sourire alors qu'il hausse les épaules, ne sachant quoi dire. Ou du moins, ne sachant pas comment tourner sa phrase. Nos regards se rencontrent.

Soudainement, son expression change.

Pendant un instant, j'ai aperçu une facette de Harry qu'il n'a jamais laissé paraitre avant. Abruptement, comme si le fait de m'avoir regardé dans les yeux avait déclenché un déclic en lui, son visage s'est fermé et me revoilà face à la personne que je côtoie depuis le début. Cette fameuse facette de sa personnalité qu'il emploie pour me mépriser ou me faire de la peine.

— C'était un prétexte, lâche-t-il. Je voulais juste te faire déplacer pour t'embêter. En fait, je trouve ça marrant. Ouais, c'est vraiment drôle de te voir venir jusqu'ici le plus rapidement possible pour ne pas me contrarier. Je crois qu'avec l'incident d'hier, tu as compris que je détestais attendre. J'ai débranché le fil exprès. Je m'ennuie assez ce soir, comme il y a rien à la télévision et comme les gars ne sont pas là, je me suis dis que te faire venir ici animerait un tant soit peu ma soirée.

Il parait plutôt satisfait de lui. Je sais que ce n'est pas réellement ce qu'il voulait dire et ce renversement de situation me déçoit de sa part. Je sais pas vraiment ce que j'attends de ce mec, à vrai dire. Mais je sais qu'il n'est pas stupide, alors son comportement me déçoit. Sincèrement. Il paraissait tellement confus et désolé dans un premier temps. C'est fou ce qu'il peut être lunatique. Blasant.

— T'es vraiment le dernier des cons, Harry Styles.

Son regard me glace le sang. Il a vraiment horreur des gros mots on dirait, c'est assez dingue quand même. Une petite insulte, un mot de travers et son visage devient sérieux, dur. Il est agacé. Ses parents ont dû le poursuivre avec ça durant toute son enfance. Il a probablement tout un tas de bonnes manières, mais en vérité, il n'est qu'un gros connard immature.

— Sérieusement, la ferme.
— Non.
— Comment ça, non?
— J'ai dis non.
— C'est dans le contrat, tu dois faire ce que je te demande.
— Tu sais ce que j'en fais de ton contrat?

Il bombe le torse, faisant son coq de basse-cours comme si c'était susceptible de m'impressionner – alors que pas du tout, ce qui me fait pouffer de rire.

— Mh? Je suis curieux de savoir ce qu'une pauvre fille mal éduquée telle que toi est capable de faire à mon précieux contrat.

Nos regards sont encrés l'un dans l'autre. Je ne le quitte pas des yeux, ne fléchis pas. Je m'apprête à répliquer, mais il me coupe dans mon élan.

— Je t'ai, continue-t-il. Au doigt et à l'œil. Je fais de toi ce que je veux. Tu peux me lancer au visage toutes les boissons que tu veux, je sais que tu viendras toujours si je te le demande. T'es complètement soumise à moi, comme une petite marionnette.

Alors celle là, c'est la meilleur du siècle de la vie interplanétaire. C'est fou le débit de connerie qu'il peut sortir à la seconde. Je pourrais le prendre à la rigolade et éclater de rire sous son nez, mais quelque chose me dérange dans ce qu'il dit et me met totalement hors de moi. Ses paroles me mettent tellement en colère que j'élance ma main de manière à le gifler, mais il rattrape mon poignet à la volée, m'empêchant de terminer mon geste et ainsi le frapper en plein visage. Le fait qu'il ait réceptionné mon geste le fait sourire.

— T'es même pas capable de me mettre une baffe. Pauvre, pauvre petite Frances. J'ai su que tu reviendrais toujours à la seconde où tu es arrivée devant cette maison après ce qui s'est passé hier.

Je fronce les sourcils en sentant une boule se former dans ma gorge. Je ne sais pas quoi penser. C'est vrai que j'aurais très bien pu ignorer sa demande, où lui demander ce qu'il voulait avant de bêtement me déplacer. Mais sur le moment ce que j'aurais dû faire m'importe peu, je suis trop focalisée sur son petit air supérieur et son ton méprisant qui me donnent la gerbe. J'élance ma main libre mais il me coince de nouveau, serrant à présent ses doigts autour de mes deux poignets. Je tente de me débattre, mais plus je bouge, plus sa prise est forte.

— Lâche-moi!

Je suis certaine que si je baisse les yeux vers ses doigts, je pourrais voir ses jointures blanchir autour de mes poignets, tant il me serre fort. Je couine de douleur en entreprenant mollement de me libérer, me focalisant sur ses prunelles claires. Est-ce qu'il va me lâcher à la fin?

— Je suis curieux de savoir ce qui te rend si faible..., pense-t-il tout haut. Est-ce que c'est ton ex, à qui tu voulais saccager sa voiture? C'est lui ou ce qu'il t'a fait qui te rend si appliquée quand il s'agit de faire ce que je te demande?

Mais de quoi est-ce qu'il parle? D'où il veut en venir cet imbécile? Après quelques secondes, il relâche doucement sa prise permettant à mon sang de circuler dans mes mains à nouveau. Cette situation devient vraiment n'importe quoi.

— Lâche-moi, Harry..., ma voix se brisant sur son prénom.

Il n'en fait rien et continue de me fixer alors que je suis une fois encore au bord des larmes. Je ne cesse pourtant pas de le fixer dans les yeux en retour, ne voulant pas perdre cette petite bataille. Il se met à ricaner bêtement avant d'arquer les sourcils, mes yeux brillants probablement, désormais.

— Frankie, sincèrement... Tu crois quand même pas qu'en faisant ce que je te demande je vais finir par être attaché à toi? Il se met à rire de plus belle. C'est ça que tu veux? De l'attention en retour de tout ça? Tu crois que je vais te sauver de ton ex petit-ami?

Il s'esclaffe littéralement. Je sais pas ce qui me retient de lui mettre un coup de tête et briser son nez immonde pour qu'il me lâche. Je sais pas pourquoi j'ai envie de chialer, mais wow... J'en ai vraiment follement envie. Je ne sais pas si il met le doigt sur quelque chose ou si c'est juste l'humiliation. Le fait qu'il ait le dessus sur moi, qu'il me retienne par les poignets et que je sois coincée, forcée de supporter ses moqueries.

— C'est vraiment pitoyable, vous êtes vraiment toutes les mêmes, vous les filles. C'est tellement triste.

Je me débats et parviens finalement à me détacher de lui. Je le pousse brusquement, ce qui le fait rire davantage. Ma respiration est vive, je suis au bord de la crise de larmes. Je ne pensais pas qu'il pouvait être aussi méchant, aussi méprisant. Si j'avais su que ses mots auraient ce pouvoir sur moi, si j'avais su qu'il serait aussi dur avec moi, j'aurais jamais accepté d'être son esclave. Il me fait mal sans que je ne saches trop pourquoi. Est-ce que j'espérais inconsciemment obtenir tout ce qu'il vient d'énoncer? Je ne me suis pas déjà attachée à ce monstre... Impossible. En deux petits jours? Alors qu'il est le roi des cons avec moi...? Non. C'est absurde.

Et tout ce sketch pour une misérable voiture, un misérable verre dans la figure, une misérable insulte qu'il a mérité, bordel! Pour des futilités. Il est horrible avec moi pour des futilités. Tout a démarré à cause de quelque chose de matériel qu'il peut se payer en cinquante exemplaire, si il le veut. Mon acte d'hier a dû le vexer et l'humilier devant ses amis, ce doit être pour ça qu'il cherche à me faire tant de mal ce soir.

Je prends une longue inspiration pour puiser en moi toutes les forces qui me restent.

— Je suis simplement honnête, Harold. Tu comprends ça? Tu connais ce mot, honnête? J'ai fait une erreur, je la répare. Je respecte mon engagement. Mais je suis pas là pour répondre à toutes tes fantaisies et t'appeler Maître parce que ça te fait te sentir important. Et je ne suis pas là non plus pour parler de ma vie privée et de ce qui me blesse avec toi, parce que ça ne te regarde pas. T'as pas le droit de me traiter comme ça. Pour qui tu te prends, sérieusement? C'est quoi ton putain de problème?!

Je le pousse une fois encore de manière à passer avant de m'en aller en claquant la porte derrière moi. Il ne me suit heureusement pas. Comme toujours, je m'empresse de m'en aller, complètement bouleversée. Je me mets alors soudainement à penser aux fans de leur groupe et à toutes les filles qui sont amoureuses de lui. Si une seule seconde ses groupies se rendaient compte de la personne qu'il est réellement... Je suis choquée. Je suis vraiment stupéfaite par sa façon d'agir. Il est tellement immature, tellement imbus de sa personne, il me prend de tellement haut...

Ca fait mal.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant