SOIXANTE-ET-UNIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ i will wait for you.

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Il est tard et je dois dormir parce que j'ai cours demain, seulement, c'est toujours le même bordel dans ma tête. Quand c'est le moment de me coucher, il y a toujours ces choses auxquelles j'ai pas envie de penser qui me reviennent en mémoire. Demain, Harry et le groupe partent pour l'Amérique et je suis incapable de savoir si j'ai envie d'aller lui dire au revoir ou pas. Tous ce à quoi je peux penser, c'est le chemin, le long chemin qu'on a fait jusqu'ici lui et moi. Demain ça aurait fait soixante deux jours et je me demande comment les choses se seraient passé si tout avait été différent, entre nous. Si je n'étais pas tombée amoureuse de lui, si il n'était pas tombé amoureux de moi. Parce qu'il est tombé amoureux de moi, n'est-ce pas? Je sais pas même pas. En tout cas, il ne s'est pas battu pour moi. Du moins, je crois pas. J'en sais rien. Probablement pas comme je l'aurais voulu. Je sais même pas ce que je veux au juste.
Voilà comment ça se passe. Je commence à penser à un truc, puis ça me fait penser à un autre truc et au final, je pense à un truc qui me rend malheureuse et qui est à les kilomètres du premier truc auquel j'étais en train de penser.

Je ferme les yeux.

On se détestait au début. Il était affreux avec moi et j'avais une profonde haine envers lui. Il me faisait du mal et Jake me manquait. J'aimerais tellement savoir ce qui le poussait à me haïr autant. Ce qui le poussait à me fuir quand on se rapprochait, ça je crois que je le comprends, en admettant qu'il m'ait aimé. Mais tout est incroyablement flou dans ma tête. Harry est une personne que je comprendrais jamais, finalement. Il a toujours été un mystère pour moi. Son comportement serait justifié si j'étais vraiment sûre de ses sentiments pour moi. Seulement il n'a jamais réellement pris le soin de m'expliquer avec ses mots.

On a jamais eu de conversation à propos de ça. Toute cette histoire se termine avec un goût d'inachevé. C'est désagréable. Je me demande comment les choses auraient pu se passer si elles avaient commencé différemment, mais je me demande aussi comment elles auraient pu finir si je n'avais pas voulu mettre un terme au contrat prématurément. Si je l'avais écouté. Si il était resté après le sexe... Si il n'avait pas fait des erreurs, si je n'avais pas été si borné... On est fautif tout les deux. Le résultat d'un mauvais calcul.

Je suis certaine que les choses n'auraient pas dû se passer comme ça. Est-ce que c'est réellement la fin?



HARRY;


Je soupire en reposant mon portable sur ma table de chevet. Rien. Aucun appel, aucun texto. Que dalle. Je glisse mes mains sous mon crâne en fixant le plafond, pensivement. Tout est silencieux dans la maison, les garçons sont tous partis se coucher. Je m'en fous un peu d'être en forme demain ou pas, dans le pire des cas, je dormirai dans l'avion.

Je suis incapable de fermer l'oeil de toute façon. C'est toujours comme ça avant de partir en tournée. Il y a le stress et l'idée d'être loin de tout le monde pendant longtemps. Et cette fois, il y a Frances en plus de tout ça. Parfois, je me demande si j'aurais pas mieux fait de juste rien faire pour la retrouver. Ces deux derniers mois ont été les meilleurs et les pires de toute mon existence.

J'ai passé des moments vraiment agréables. Toutes les fois où je la voyais pour la première fois de la journée. Les fois où on était assez proches et les derniers jours qu'on a passé ensemble, avant que ça dérape. Et il y a eu des moments affreux. Comme ceux où j'ai été forcé de l'ignorer, d'être méchant avec elle, les fois où elle était méprisante avec moi, quand je m'en voulais de lui faire de la peine, quand on s'voyait pas, quand j'ai pété un câble et quand elle m'a dit qu'elle voulait rompre le pacte.

C'est pas la première fois que je tombe le premier pour une fille... Pourtant, comme d'habitude, ça fait un mal atroce. J'ai l'impression que c'est insurmontable, que c'est pire que la fois d'avant et pourtant, c'est juste l'effet que fait l'amour. Cette douleur lancinante qui te met en garde en te scandant qu'il faut que ce soit la dernière fois. Ne tombe plus jamais amoureux, plus jamais...

— C'est la dernière fois...

Je ferme les yeux et me faufile sous ma couverture en soupirant doucement. Je me décale un peu et me place exactement à l'endroit où Frankie a dormi la fois où on a couché ensemble. Je jette un dernier coup d'œil à mon téléphone en soupirant. Il est déjà affreusement tard. J'arrive pas à croire que deux mois se sont écoulés. Et que toute cette histoire se termine comme ça.

J'espère que Louis a raison, j'espère qu'elle sera là demain.

Mais elle a cours, elle me déteste et elle était quand même sceptique d'après Zayn. Je souffle et enfouis mon visage dans mon coussin, bloquant ma respiration un moment. C'est chiant, cette situation, cette sensation, tout... C'est juste invivable. C'est le même rituel qui me suis depuis ces derniers jours. A chaque fois que je me couche, je retrace notre chemin, je repense à la manière dont les choses se sont passées, comment je les ai vécu, comment je les ai vu de mon côté. Mes ressentiments, mes raisons, ma putain de vie étouffante.

Tous les soirs, je me retrouve sur ce parking, face à elle et si j'étais arrivé quelques minutes plus tard, si j'avais décidé de passer la nuit chez Violet, alors je l'aurais raté. Je me demande si les choses auraient été plus simple... Et je finis toujours pas me dire qu'en fait, ma vie n'aurait pas bougé d'un poil, j'aurais mené mon existence presque banale de célébrité qui a tout pour elle, mais qui est malheureuse quand même. J'aurais passé deux mois à broyer du noir pendant que mes potes seraient allés voir leur copines ou seraient allés boire jusqu'à en gerber dans des pubs. J'aurais probablement vu mes amis et j'aurais été là avec eux, sans réellement l'être en même temps. J'aurais fait semblant de rire aux blagues, de participer aux conversations. J'aurais porté un masque. Je me serais remis en question avant de me coucher et j'aurais probablement pleuré en me regardant dans le miroir.

Tous les soirs, je me retrouve sur ce parking et je me dis que peut-être que cette fille m'a un peu sauvé la vie.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant