SEVEN ❥ ❥ ❥ TRENTE-ET-UNIÈME JOUR.

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Je fais doucement glisser mon pouce le long de mon écran de manière à relire les textos que j'ai pu envoyer à Frances ces derniers jours. J'ai l'impression que ça fait des siècles que je ne suis pas sorti. La seule fois où j'ai pris l'air ces derniers jours, c'est quand j'ai ouvert la fenêtre de ma chambre pour aérer la pièce.
Je me sens mieux, mais j'ai aucune envie de sortir. Frances ne répond jamais et ça me rend triste. Ça devrait pas m'affecter autant, mais elle me manque.

Et cette idée, l'idée qu'elle me manque, ça m'effraie.

— Frances, réponds moi, lit Louis à voix haute d'une voix désespérée, par dessus mon épaule, avant de passer par-dessus le canapé pour s'asseoir à côté de moi un large sourire pendu aux lèvres.
— Te moque pas, Lou, c'est pas drôle, je lance en boudant.
— Qu'est-ce que tu lui as fais encore?
— Rien! Enfin, j'ai pas fais exprès! Je crois qu'elle s'est fait punir à cause de moi.
— Raconte.
— J'ai été malade jeudi soir et elle est venue. Elle s'est endormie ici et elle est arrivée en retard à l'école, donc je crois qu'elle s'est fait punir à cause de moi. Je sais pas si elle s'est fait confisquer son portable ou si elle m'évite juste. Mais ça me saoule, j'ai envie de lui parler.

Louis repose sa tête sur la mienne quelques secondes en se mettant à rire.

— C'est trop adorable, Harry... elle te manque... Je lève les yeux au ciel. Mais attends, dit-il en faisant mine de réfléchir. Tu te sentais pas mieux, jeudi? Qu'est-ce qui s'est passé?
— J'en sais rien, j'ai vomi, j'avais mal au ventre et tout...
— T'as peut-être mangé un truc qui fallait pas, fait-il sans trop réfléchir.
— Oh, j'ai mangé ces pâtes dans le frigo...
— Putain, Haz, dit-il en prenant son visage entre ses mains, ça fait des jours qu'elles traînent là, t'as pas mangé ça quand même! Si?
— Comment je pouvais le savoir moi, qu'elles étaient là depuis des siècles! je m'exclame.

Putain, j'ai fais une intoxication alimentaire. Ces mecs me rendent dingue...

— C'est les choses qui arrivent, Harry..., finit-il par dire pour conclure cette conversation... et passer à une autre: Comment ça s'est passé jeudi soir?
— J'ai chialé devant elle.
— Oh..., lâche-t-il en souriant malicieusement. Les filles adorent quand les garçons pleurent.
— Je déteste être faible devant elle... c'était trop embarrassant...
— Ensuite?
— Elle m'a préparé un thé, elle m'a donné un médicament et on s'est endormis là...
— Dans les bras de l'autre?
— T'es fou... elle s'est endormie... assise. A moitié sur le canapé. Et moi allongé sur le canapé...
— Mais quel gentleman, quelle classe... t'aurais pu lui faire de la place, fait-il en frappant dans mon épaule, presque agacé.

Je lui tire la langue avant de me reconcentrer sur mon portable.

— Elle est partie et depuis, plus rien. Pas de nouvelles, que dalle. Elle me déteste, je conclue en faisant la moue.
— Dis pas de bêtises, Harry. Depuis que t'es rentré dans sa vie, tu fous le bordel partout. Tu la pousses à bout, elle fait n'importe quoi pour toi et t'es même pas sympa avec elle en retour. Alors parfois, il arrive qu'elle soit en colère, parce que c'est peut-être un peu trop pour elle. C'est une fille après tout. Tu sais qu'elles sont plus sensibles que nous, beaucoup plus altruistes. On doit prendre soin des filles. Et toi tu lui laisse pas un moment pour elle, tu lui rends pas la pareille quand elle se plie en quatre pour toi.
— Mais c'est mon esclave...
— Mais c'est mon esclave, refait-il pathétiquement. Espèce de mongole, va. C'est loin d'être juste ton esclave. Il sort son iPhone de sa poche avant de frapper l'arrière de ma tête. Appelle la avec mon portable, j'vais me faire un sandwich, dit-il en se levant. Tu veux un truc?

Je secoue la tête pour dire non avant de composer son numéro. Je souffle, comme pour évacuer la nervosité et colle le téléphone à mon oreille après avoir démarré l'appel. Elle met longtemps à décrocher... Dans un premier temps, je me dis que sa mère a pris son portable et ça me rassure un peu, parce que ça expliquerait pourquoi elle ne m'a pas adressé la parole depuis plusieurs jours. Puis...

— Allô?

En fait, elle m'évitait vraiment.

— Ah, quand c'est le numéro de Louis qui s'affiche, tu réponds, hm?
— J'ai même pas le numéro de Louis, se défend-elle lamentablement, une pointe de honte dans la voix.
— Pourquoi tu m'évites, Frankie?
— Je t'évite pas...
— Tu m'évites, je reprends, fermement.
— Écoute Harry, j'ai des choses à faire, d'accord? T'avais besoin de quelque chose en particulier ou je peux raccrocher?
— Tu m'évites, je répète.

Et je continuerais jusqu'à ce qu'elle avoue...

— Oui, je t'évite.

...Bon, c'était du rapide.
Son ton me fait froid dans le dos. Elle a vraiment dû morfler par ma faute pour être aussi distante et je me sens affreusement coupable. Je suis incapable d'être méchant avec elle. Je pourrais l'envoyer balader, comme elle le fait actuellement avec moi, mais j'en sais rien... Elle a été au petit soin avec moi et... putain, elle me manque sérieusement.

— Tu t'es fais punir, c'est ça?
— Je pensais que le fait que je ne réponde pas à tes appels, ni à tes textos était assez clair. J'ai vraiment pas envie de discuter avec toi, Harold.
— Parfait. Alors je vais faire la conversation tout seul.
— Je préfère raccrocher que perdre mon temps avec toi.

Bouffe ça, Styles. Je mords dans ma lèvre en levant les yeux vers Louis qui se tient dans l'encadrement de la porte, la bouche pleine d'une bouchée de son sandwich.

— Frankie, raccroche pas, je dis précipitamment. Excuse moi.
— Je pense pas que Louis ait le crédit à rallonge de toute façon, rends lui son téléphone.

Mais qu'est-ce qu'on s'en fout du crédit de Louis, on est quasiment milliardaire, bordel de merde!

— J'ai dis excuse moi, Frances.

Elle ne répond plus. Un temps s'écoule. Je décolle le portable de mon oreille et elle est toujours en ligne. Je fronce les sourcils en reposant le portable sur ma joue.

— T'es là?
— Mh.
— J'ai une explication pour l'autre nuit, je déclare.

Peut-être que d'entendre mon excuse suffira pour l'apaiser.

— Fais moi rêver, Harold.
— J'ai fais une intoxication alimentaire. Comme personne n'était à la maison et comme tu n'es pas venue pour me préparer à manger, j'ai pris les restes qu'il y avait dans le frigo, à savoir: des pâtes, et je les ai fait réchauffer. Tu vas me prendre pour un assisté qui ne sait pas se faire à manger, mais c'est juste que j'étais encore un peu dans les vapes à cause de mes microbes, alors j'avais la flemme de m'attarder dans la cuisine. Les pâtes étaient déjà faites, il fallait juste les faire réchauffer. C'était royal pour moi... j'ai juste eu à ajouter le gruyère. Seulement, elles traînaient dans le frigo depuis un moment, alors elle ont probablement dû tourner ou je ne sais quoi. Et du coup, je les ai vomi. Mais je me sens mieux aujourd'hui et je suis guéri.
— C'est génial pour toi, Harry, enchaîne-t-elle directement, sur un ton sarcastique. La vie reprend son cours, tu vas pouvoir sortir avec le groupe ou avec de la bonnasse, faire la star dans la rue, signer des autographes et prendre des photos avec tes groupies... Pendant que moi, je serai en train de moisir derrière une chaise, dans un salle qui sent la transpiration et les chips durant quatre longues heures. Oh et puis dans ma chambre, aussi, de laquelle je ne pourrai plus jamais sortir à moins que ma mère décide que ce soit noël avant l'heure.

Bordel, elle s'est fait coller. Je passe ma main sur mon visage et me tourne pour regarder Louis qui me dévisage avec une moue crispée, maintenant assis près de moi sur le canapé. Il comprend que ça se passe pas spécialement bien, peut-être qu'il entend tout. Je sais même pas quoi répondre. Je me sens idiot. Et j'en veux à tout le monde. Aux garçons de ne pas avoir été là, aux microbes, à moi-même d'être aussi stupide pour lui demander de se déplacer, pour lui faire endurer tout ça.

Je soupire doucement. J'ai pas le droit d'en vouloir aux autres. C'est mon problème, c'est juste moi et ma faute, en fait. Il faut que j'arrête de remettre la faute sur les gens qui m'entourent et que je commence à me remettre en question. Ça me rappelle le tout début, quand j'me disais en permanence que Frances était là pour me punir de mes mauvaises actions. Elle me change complètement. Quelques semaines auparavant, j'aurais jamais fait un truc pareil. Mettre ma fierté de côté, m'excuser en premier, me dire que j'ai tort... jamais.

— Je comprends que tu m'en veuille, Frances. Je suis vraiment désolé, tu sais? Je t'ai appelé au beau milieu de la nuit, je t'ai poussé à rester et tu as fait tout ça pour moi sans protester. Tout est ma faute. Est-ce que tu me laisserais me racheter?

Nouveau silence. Putain, je déteste cette situation.

— Frances serait-elle en train de faire fondre le cœur de pierre de monsieur Styles? murmure Louis en ricanant.

Je lui balance un coussin à la gueule avant de masser l'arrête de mon nez et reprendre:

— Je déteste quand tu es comme ça, avec moi. L'autre soir quand tu as mangé à la maison et que tu as cuisiné pour nous, j'ai trouvé ça amusant au début, mais quand tu es partie, je suis resté sur le cul. Et je m'en suis voulu. J'aime pas quand t'es froide avec moi, j'me rends compte à quel point j'ai pu être con avec toi.
— J'ai jamais été punie de ma vie plus que maintenant, annonce-t-elle brusquement. J'ai jamais été punie de ma vie plus que maintenant. Jusqu'à ce que tu rentres dans ma vie, j'étais l'élève modèle par excellence. Ça peut te parait stupide ou complètement surréaliste, mais j'aimais ça. Être l'élève modèle, première de la classe, intello de service. J'aimais être cette personne là. C'est le seul truc que je contrôlais. Le seul truc que personne ne pouvait m'enlever: mon dossier parfait et mon comportement exemplaire. Mais voilà, il a fallu que tu surgisses dans ma vie, que tu viennes me trouver pour un peu de peinture sur ta poubelle, putain de merde. T'es milliardaire, t'as probablement cinq voitures dans ton garage et tu me demandes de repayer ta carrosserie pourrie. C'est tellement absurde, Harry. Tellement, je sais pas si tu te rends compte. Et là, tu vois, je suis proche de mes examens. Dans deux minuscules mois, j'ai terminé le lycée. Adieu, le lycée pour Frances. Ça me fout en rogne d'encrasser mon dossier avec des conneries alors que je suis si proche du but.
— Je sais.

Je tourne la tête pour regarder Louis qui est à présent concentré sur la télévision. J'ai l'impression de recevoir une claque dans la figure. Voilà d'où il voulait en venir tout à l'heure, quand il est a dit que Frances était bien plus que mon esclave. C'est même plus par rapport à la voiture, à ce stade du "jeu" qu'on est en train de perdre tout les deux. On est en train de se détruire mutuellement. J'suis en train de tomber amoureux d'elle et elle ruine sa vie à cause de moi. On est tous les deux en train de voir tout ce qu'on a toujours pensé contrôler, partir en fumée.

— Je suis vraiment désolé de t'apporter autant d'ennuis, Frances. C'est vraiment pas volontaire, je t'assure. Je soupire tristement. Laisse moi me racheter.
— Comment? demande-t-elle et mon cœur à un raté.

J'y ai pas vraiment réfléchi.

— Sors avec moi demain soir, je lance du tac au tac avant de me rappeler qu'elle est punie. Putain.
— OK donc concrètement, tu veux te racheter en voulant m'apporter plus de problèmes que ce que j'en ai déjà? Harry, je viens de te dire que je suis punie et tu me proposes de sortir avec toi. T'es stupide ou tu le fais exprès?
— Je sais, je sais... Trouve un truc, Harry... C'est un peu bête... Mais j'ai pas d'autre idée. Je suppose que tu n'as pas le droit de recevoir de visite puisque tu es punie. Puis de toute façon, je me vois mal m'inviter chez toi, surtout très tard dans la nuit... Parce qu'il va de soit que si je me déplace en pleine journée pour venir te voir, je vais me faire traquer par des paparazzis et j'aimerais qu'ils ne viennent pas te saouler toi et ta famille. Donc j'en sais rien. Je voulais juste bien faire...
— Pour bien faire, laisse moi respecter ma punition, crache-t-elle. Ça m'arrache un frisson. Je pourrais plus remplir ma part de contrat pour un moment. Fais comme si j'avais jamais existé et débrouille toi seul, comme tu faisais avant que je vienne décorer ta voiture. Je ferais de mon mieux pour calmer le jeu avec ma mère et abréger ma punition au plus vite et je te tiens au courant à ce moment là.

Comme si je pouvais faire sans elle maintenant. C'est quoi le mot qu'elle comprend pas dans la phrase "j'ai besoin de toi" bordel de merde, j'étais pas assez clair l'autre soir?

— Mais Frankie...
— J'ai des priorités dans la vie, Harry, me coupe-t-elle. Je savais que c'était une mauvaise idée de devenir ton esclave. Je le savais depuis le début. Je suis en train de faire n'importe quoi et tout ça pour te mener la vie simple. T'es une célébrité, bordel. T'as tout ce que tu veux en un putain de claquement de doigt. Des gens bien plus compétents que moi se plieraient en quatre pour faire tout ce que tu veux si tu le leur demandais. J'ai mieux à faire, d'accord?

Je déglutis difficilement. Est-ce qu'elle veut arrêter le contrat?

— Te rebelle pas contre le contrat, Frances... il reste encore un mois, je réponds, ma voix plus rauque que tout à l'heure.
— J'ai pas le choix à l'heure qu'il est, tu comprends ça? Je dois le mettre de côté. Moi aussi j'ai envie d'être égoïste, pour une fois. Et c'est pas ma signature sur un morceau de papier qui va y changer quoi que ce soit. Ma décision est prise, j'en ai marre de payer pour tes petites volontés. Je crois pas que tout ça soit équivalent à ce que j'ai pu faire à ta voiture, tu m'excuseras. Laisse moi un moment de répit, d'accord? Mets toi dans mes pompes deux secondes. Je vais exploser. J'en ai marre d'en prendre plein la tronche. Quand c'est pas toi qui me traite comme une merde, c'est ma mère qui me prive de sortie, mes professeurs qui me refilent des devoirs, mes meilleurs amis qui me font la gueule pour que dalle... Je sature, t'entends? Et là et je vais raccrocher.
— Raccroche pas, Frances, s'il te plait, attends! Je suis désolé! Je... Je... Je me rends. Je la laisse jamais respirer, même Louis me le dit, puis je m'en rends compte de toute façon. Même si c'est un peu tard et même si c'est difficile pour moi, je crois qu'il est temps. Prends le temps que tu veux, je comprends. Je suis désolé pour tout ça. Sincèrement..., je lâche dans un souffle avant de reposer ma tête sur l'épaule de Louis qui tapote ma cuisse amicalement, pour me soutenir.
— Ça va Harry. A plus tard.

Je rends son téléphone à Louis lorsque je l'entends raccrocher et ferme les yeux avant de me lever.

— Merci pour ton portable, je dis doucement avant de me diriger vers les escaliers.
— Tu vas où? Tu veux en parler, Haz?
— J'ai besoin d'être tout seul.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant