TRENTE-ET-UNIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ i've got no time for feeling sorry.

5 0 0
                                    

Je quitte la salle de bain avant de retourner vers ma chambre, seulement vêtue d'une serviette. Je glisse mes mains dans mes cheveux encore humides et recouverts d'un masque réparateur, quand mon téléphone se met à sonner. Je soupire et m'empare de ce dernier après avoir essuyé mes mains sur ma serviette, certaine de voir le numéro de Harry s'afficher. Ah, bien-sûr. Quand je suis certaine de connaitre la personne qui tente de me joindre, hé bien c'est une toute autre personne. Classique. Enfin, pour cette fois, je ne connais vraiment pas le numéro. Je fronce les sourcils et décroche, intriguée.
— Allô?
— Ah, quand c'est le numéro de Louis qui s'affiche, tu réponds, hm?

Harry, ce troll.

— J'ai même pas le numéro de Louis.
— Pourquoi tu m'évites, Frankie?
— Je t'évite pas...

En fait, si, je l'évite. Depuis que j'ai été punie par un peu tout le monde: mon directeur, ma mère, le canapé de Harry, mon toit l'autre soir et la feuille sur laquelle j'ai voulu commencer à rédiger mon devoir avec laquelle je me suis coupée, j'ai décidé d'en vouloir très fort à Harry. Et tous les textos qu'il a pu m'envoyer pour avoir des nouvelles ou les coups de fils qu'il a pu passer, je les ai tous ignorés.

J'ai pas envie de lui parler. D'ailleurs, j'ai follement envie de raccrocher.

— Tu m'évites.
— Écoute Harry, j'ai des choses à faire, d'accord? T'avais besoin de quelque chose en particulier ou je peux raccrocher?
— Tu m'évites, répète-t-il.

Je soupire en mordant nerveusement dans ma lèvre.

— Oui, je t'évite, je finis par lâcher froidement.
— Tu t'es fais punir, c'est ça?
— Je pensais que le fait que je ne réponde pas à tes appels, ni à tes textos était assez clair. J'ai vraiment pas envie de discuter avec toi, Harold.
— Parfait. Alors je vais faire la conversation tout seul.
— Je préfère raccrocher que perdre mon temps avec toi.

Bim.

Un ange passe. Je lève les yeux au ciel avant de fermer les paupières. Je me sens presque coupable d'être si désagréable avec lui. Il n'y est pas pour grand-chose, au fond. Il était malade. Et il avait besoin de moi. Il a dit qu'il avait besoin de moi, qu'il voulait que ce soit moi et personne d'autre. Je sais qu'avec la fierté qu'il a, ça n'a pas du être facile à avouer. Il a été si gentil avec moi. Son comportement actuel, c'est ce que j'attends de lui depuis tellement longtemps... Pourquoi est-ce que je réagis de la sorte quand j'ai finalement ce que je veux? Pourquoi est-ce que je décide de tout foutre en l'air?

— Frankie, raccroche pas. Excuse moi.
— Je pense pas que Louis ait le crédit à rallonge de toute façon, rends lui son téléphone.
— J'ai dis excuse moi, Frances, dit-il plus fermement.

Silence. Bordel, mais qu'est-ce que je fais? Et lui, qu'est-ce qu'il fait? Quand est-ce que les rôles ont changés? Il n'a pas cessé de m'appeler depuis ce matin, il s'est inquiété de savoir comment j'allais, il voulait savoir comment tout s'était passé... C'est en partie sa faute si j'en suis là et il ne me laisse pas tomber. Pourquoi est-ce que je suis si difficile, putain? Pourquoi est-ce qu'il doit être le coupable dans cette histoire?

— T'es là?
— Mh.
— J'ai une explication pour l'autre nuit.
— Fais moi rêver, Harold.
— J'ai fais une intoxication alimentaire, commence-t-il. Comme personne n'était à la maison et comme tu n'es pas venue pour me préparer à manger, j'ai pris les restes qu'il y avait dans le frigo, à savoir : des pâtes, et je les ai fait réchauffer. Tu vas me prendre pour un assisté qui ne sait pas se faire à manger, mais c'est juste que j'étais encore un peu dans les vapes à cause de mes microbes, alors j'avais la flemme de m'attarder dans la cuisine. Les pâtes étaient déjà faites, il fallait juste les faire réchauffer. C'était royal pour moi... J'ai juste eu à ajouter le gruyère. Seulement, elles traînaient dans le frigo depuis un moment, alors elle ont probablement dû tourner ou je ne sais quoi. Et du coup, je les ai vomi. Mais je me sens mieux aujourd'hui et je suis guéri.

J'aimerais tellement ne pas lui en vouloir, mais c'est plus fort que moi. Il est guéri. Voilà que tout va bien pour lui et moi, à côté de ça, je suis là comme une connasse, punie dans tout les sens et seule au monde, en sachant que Charlie m'en veut pour l'autre jour et connaissant Andreas, il est de son côté. Même mon frère n'est pas là. Il révise ses futurs examens, lui aussi, sans arrêt, jour et nuit, chez lui, à l'université, à la bibliothèque, dans un café, sous la douche... Il est probablement plus fêtard et plus rebelle que moi, mais on est tous les deux très studieux quand il faut l'être. Du coup, on s'est pas vu depuis un bout de temps. Je pousse un long soupir en sortant de mes pensées.

— C'est génial pour toi, Harry. La vie reprend son cours, tu vas pouvoir sortir avec le groupe ou avec de la bonnasse, faire la star dans la rue, signer des autographes et prendre des photos avec tes groupies... Pendant que moi, je serai en train de moisir derrière une chaise, dans un salle qui sent la transpiration et les chips durant quatre longues heures. Oh et puis dans ma chambre, aussi, de laquelle je ne pourrai plus jamais sortir à moins que ma mère décide que ce soit noël avant l'heure.
— Je comprends que tu m'en veuille, Frances, déclare-t-il, doucement. Je suis vraiment désolé, tu sais? Je t'ai appelé au beau milieu de la nuit, je t'ai poussé à rester et tu as fais tout ça pour moi sans protester. Tout est ma faute. Est-ce que tu me laisserais me racheter?

Je ne réponds pas. Ça proposition me donne envie de pleurer. Pour la première fois, j'aimerais qu'il soit affreux avec moi. Qu'il s'emporte, qu'il m'insulte de lui parler sur ce ton, qu'on se dispute froidement et qu'on ne se parle plus jamais. Seulement non, putain... Il fait son putain de Bisounours. Grande première, Monsieur Styles veut se racheter! Pourquoi est-ce qu'il fait ça? Depuis quand il est aussi gentil avec moi, ça me rend dingue!

— Je déteste quand tu es comme ça, avec moi, reprend-il. L'autre soir quand tu as mangé à la maison et que tu as cuisiné pour nous, j'ai trouvé ça amusant au début, mais quand tu es partie, je suis resté sur le cul. Et je m'en suis voulu. J'aime pas quand t'es froide avec moi, j'me rends compte à quel point j'ai pu être con avec toi.

Et il continue en plus. Dis moi, Harry, tu veux pas me baiser les pieds, non plus? Je suis officiellement hors de moi. Il a pas le droit d'agir aussi calmement, de faire profil bas, de s'excuser comme ça, putain. C'est n'importe quoi!

— J'ai jamais été punie de ma vie plus que maintenant. Jusqu'à ce que tu rentres dans ma vie, j'étais l'élève modèle par excellence. Ça peut te parait stupide ou complètement surréaliste, mais j'aimais ça. Être l'élève modèle, première de la classe, intello de service. J'aimais être cette personne là. C'est le seul truc que je contrôlais. Le seul truc que personne ne pouvait m'enlever: mon dossier parfait et mon comportement exemplaire. Mais voilà, il a fallu que tu surgisses dans ma vie, que tu viennes me trouver pour un peu de peinture sur ta poubelle, putain de merde. T'es milliardaire, t'as probablement cinq voitures dans ton garage et tu me demandes de repayer ta carrosserie pourrie. C'est tellement absurde, Harry. Tellement, je sais pas si tu te rends compte. Et là, tu vois, je suis proche de mes examens. Dans deux minuscules mois, j'ai terminé le lycée. Adieu, le lycée pour Frances. Ça me fout en rogne d'encrasser mon dossier avec des conneries alors que je suis si proche du but.
— Je sais, marmonne-t-il, comme un enfant en train de se faire sermonner. Je suis vraiment désolé de t'apporter autant d'ennuis, Frances. C'est vraiment pas volontaire, je t'assure.

Je mords dans ma lèvre pour la énième fois, les yeux rivés vers mes genoux. Soudainement, toute la colère que j'avais accumulé vient de redescendre. Il est sincèrement désolé. Et je crois que mon petit monologue vient de faire partir ce qui pesait sur mes épaules. Je me sens plus légère. Avoir confié mes états d'âmes, avoir proprement dit ce qui me dérangeait le plus dans cette histoire me fait un bien fou.

— Laisse moi me racheter.
— Comment?
— Sors avec moi demain soir.

Je lève les yeux au ciel. OK, je crois que j'ai pensé trop vite, je suis de nouveau en colère.

— OK donc concrètement, tu veux te racheter en voulant m'apporter plus de problèmes que ce que j'en ai déjà? Harry, je viens de te dire que je suis punie et tu me proposes de sortir avec toi. T'es stupide ou tu le fais exprès?
— Je sais, je sais... C'est un peu bête... Mais j'ai pas d'autre idée. Je suppose que tu n'as pas le droit de recevoir de visite puisque tu es punie. Puis de toute façon, je me vois mal m'inviter chez toi, surtout très tard dans la nuit... Parce qu'il va de soit que si je me déplace en pleine journée pour venir te voir, je vais me faire traquer par des paparazzis et j'aimerais qu'ils ne viennent pas te saouler toi et ta famille. Donc j'en sais rien. Je voulais juste bien faire...

Je secoue la tête en pinçant l'arrête de mon nez. Je me lève brusquement de mon lit et commence à faire les cent pas pour ne pas exploser.

— Pour bien faire, laisse moi respecter ma punition. Je pourrais plus remplir ma part du contrat pour un moment. Fais comme si j'avais jamais existé et débrouille toi seul, comme tu faisais avant que je vienne décorer ta voiture. Je ferai de mon mieux pour calmer le jeu avec ma mère et abréger ma punition au plus vite et je te tiens au courant à ce moment là.
— Mais Frankie..., proteste-t-il.
— J'ai des priorités dans la vie, Harry, je le coupe. Je savais que c'était une mauvaise idée de devenir ton esclave. Je le savais depuis le début. Je suis en train de faire n'importe quoi et tout ça pour te mener la vie simple. T'es une célébrité, bordel. T'as tout ce que tu veux en un putain de claquement de doigt. Des gens bien plus compétents que moi se plieraient en quatre pour faire tout ce que tu veux si tu le leur demandais. J'ai mieux à faire, d'accord?
— Te rebelle pas contre le contrat, Frances..., tonne-t-il, commençant visiblement à perdre son sang froid. Du moins, d'après le ton de sa voix. Il reste encore un mois.
— J'ai pas le choix à l'heure qu'il est, tu comprends ça? Je dois le mettre de côté. Moi aussi j'ai envie d'être égoïste, pour une fois. Et c'est pas ma signature sur un morceau de papier qui va y changer quoi que ce soit. Ma décision est prise, j'en ai marre de payer pour tes petites volontés. Je crois pas que tout ça soit équivalent à ce que j'ai pu faire à ta voiture, tu m'excuseras. Laisse moi un moment de répit, d'accord? Mets toi dans mes pompes deux secondes. Je vais exploser. J'en ai marre d'en prendre plein la tronche. Quand c'est pas toi qui me traite comme une merde, c'est ma mère qui me prive de sortie, mes professeurs qui me refilent des devoirs, mes meilleurs amis qui me font la tronche pour que dalle... Je sature, t'entends? Et là, je vais raccrocher.
— Raccroche pas, Frances, s'il te plait, attends! Je suis désolé, dit-il en soupirant. Je... je... Prends le temps que tu veux, je comprends. Je suis désolé pour tout ça. Sincèrement.

Je ferme les yeux en sentant des larmes se former aux coins de ceux-ci. Bizarrement, le fait qu'il me laisse de la liberté, qu'il me laisse avoir le répit que je demande ne me satisfait même pas. Je sais plus ce que je veux, c'est affreux.

— Sincèrement, répète-t-il.
— Ça va Harry. A plus tard.

Je raccroche et repose mon téléphone sur mon bureau en soufflant. Quelle situation merdique... Je passe ma main dans mes cheveux et me rappelle qu'il est temps que je rince ce truc. J'enfile rapidement une paire de sous-vêtements et retourne dans la salle de bain avant de pencher ma tête au dessus du lavabo pour retirer le produit de ma tignasse claire. Ma vie craint.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant