EIGHT ❥ ❥ ❥ TRENTE-ET-SIXIÈME JOUR.

4 0 0
                                    

J'envoie un dernier texto à Violet après avoir dit bonjour aux fans sur Twitter, avant d'éteindre mon téléphone.
Après avoir laissé Frances chez elle après les cours, quand je suis rentré à la maison, j'ai avoué aux garçons que j'étais amoureux d'elle. Personne n'a été surpris. En fait, on était tous bien conscient de ça, seulement je n'osais pas me l'avouer et même si ils me charriaient en permanence avec elle, ils attendaient que je sois prêt à le dire ouvertement pour qu'on en discute clairement. Ils savent qu'on obtient rien de bon de moi en me brusquant. Je leur ai fait part de mes craintes et ils ne comprennent pas. Trois d'entre nous sont en couple et ils pensent que c'est faisable, que d'avoir une copine, c'est pas si affreux que ça en à l'air. Enfin, par rapport à la célébrité, quoi.

J'aimerais l'appeler aujourd'hui, mais j'en ai pas la force. Son regard d'hier, le mépris dans sa voix quand elle m'a clairement fait comprendre qu'elle en avait marre que je me serve de ma carapace contre elle, ça me hante.

Qu'est-ce qui va pas chez moi? Pourquoi est-ce que je me dégonfle sans arrêt? Je sais pas ce qui se passe à chaque fois. Peut-être que tout ça à trop d'importance, peut-être que j'ai trop peur au fond. Peur pour moi, peur pour elle, peur pour nous. Cette espèce de guerre à l'intérieur de moi, ces deux pôles qui s'affrontent en permanence, l'un voulant à tout prix que je fasse ce que mon cœur m'ordonne de faire, l'autre dirigé par ma raison qui me dit de tenir et de garder la distance. Je ne peux plus me laisser aller, je ne peux pas faire ce que j'ai envie de faire, parce que ce serait trop éprouvant pour l'un, comme pour l'autre.

Peut-être que je suis trop fragile pour assumer tout ça. Trop sensible, pas préparé. Quand je suis près d'elle, je ressens l'intense besoin de la protéger, seulement j'ai peur que ce soit jamais suffisant.

Ces derniers jours ont été assez affreux, soit dit en passant. Elle a été vulnérable et j'ai été là, à chaque fois. Je me sens d'être présent pour elle, le souci, c'est que j'ai un métier qui me demande une grosse partie de mon temps et je sais que Frances a besoin d'attention, qu'elle a besoin de quelqu'un tout le temps...


FLASHBACK.


TRENTE-DEUXIÈME JOUR ❥ ❥ ❥


— Merci de m'accompagner, les gars. C'est certainement pas Monsieur Zayn Branleur Malik ou Monsieur Liam Guimauve Payne qui auraient fait ça pour moi, fait Niall en marchant avec plein d'entrain le long du trottoir.

Niall avait envie de ce fameux cheeseburger qu'ils ne font que dans cet endroit proche de la gare et au départ, personne ne se sentait de sortir avec lui. Mais quand Louis s'est motivé pour accompagner l'Irlandais, je me suis proposé pour venir avec eux, à mon tour. Quand on va dehors avec eux deux, on est certain de ne jamais s'ennuyer. Ou du moins, c'est toujours mieux que de regarder Liam rouler des pelles à sa copine et Zayn se gratter les couilles devant la télé. Alors que nous pénétrons dans le grand snack, Louis s'empresse de choisir une place dans un coin reclus de la salle. Nous avons une vue panoramique sur les gens qui sont là, mais on est suffisamment bien cachés dans une espèce d'angle pour être tranquilles. Je m'installe sur la banquette en face de mes deux potes et en retirant ma veste, je m'occupe de regarder autour de moi.

Je sens mon ventre se tordre lorsque mon regard se stoppe sur cette masse de cheveux familière, sur elle, Frances... en compagnie d'un garçon. Il est dos à moi et je suis incapable de voir de qui il s'agit, mais j'ai déjà vu plusieurs fois son meilleur ami et je suis certain qu'il ne s'agit pas de lui.

Je tends l'oreille et tente de distinguer ce qu'ils disent. « ...quand on s'est embrassés dans le couloir... » D'accord, c'est son ex. Je me redresse et serre les dents avant de me concentrer sur mes deux meilleurs amis qui discutent hamburgers, penchés sur le menu du snack. Louis lève les yeux vers moi.

— T'en fais une tête, Curly.
— Il y a Frances, je dis doucement avant de regarder en sa direction.

Au moment où nos yeux s'encrent les uns dans les autres, mon cœur rate un battement et je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant se mettre à tousser, visiblement surprise de remarquer ma présence. Niall regarde discrètement par-dessus son épaule et se retourne prestement pour me dévisager en faisant de grands yeux.

— C'est qui l'type avec elle? demande-t-il en se servant du menu pour couvrir sa bouche.
— Son ex...
— Qu'est-ce qu'elle fait avec lui? Elle voulait pas ruiner sa voiture aux dernières nouvelles? s'étonne Louis.
— Ils se sont parlés hier. Je suppose qu'il sait quoi lui dire pour qu'elle accepte d'avoir un rendez-vous avec lui, je réponds passivement en regardant de temps à autres en sa direction.
— Qu'est-ce que tu vas faire?
— Qu'est-ce que tu veux que je fasse?

La serveuse vient nous interrompre au beau milieu de notre conversation pour prendre notre commande. Je ne peux pas décrocher mon regard d'elle. Si jamais il se passe quelque chose entre eux deux sous mes yeux, je vais rendre. Je décide de prendre un grand verre d'eau seulement.

Lorsque la serveuse termine de prendre notre commande et quitte notre table pour retourner derrière son comptoir, je tends l'oreille pour écouter ce que Frances et son ex se disent. Louis et Niall en font de même.

— T'entends ce qu'ils disent? chuchote Louis en levant les yeux vers moi.
— Pas très bien... On dirait qu'il lui demande une seconde chance.
— C'est ce que j'ai entendu, confirme Louis.
— Et vous, on dirait des meufs..., fait Niall en passant ses mains sur son ventre, moi j'ai trop la dalle.

Frances lève les yeux en notre direction et croise mon regard avant de prendre la parole. Je peux parfaitement lire sur ses lèvres.

"Pourquoi est-ce qu'il t'a fallu un mois pour t'en rendre compte? Tu m'as abandonné. Tu m'as complètement brisé, je sais pas si tu te rends compte du mal que ça m'a fait de te voir t'afficher avec elle. C'était l'une de mes meilleurs copines. Quand tu m'as embrassé tout à l'heure, j'ai rien ressenti. Tu arrives trop tard, je crois que c'est fini."

J'ai un pincement au cœur.
Je regarde Louis une seconde et ce dernier hausse les sourcils, démontrant sa stupeur.

"Alors t'es avec ce mec, pas vrai?" "Qui ça? Quoi?"

— Je crois qu'ils sont en train de parler de toi, lance Louis, tout bas.

"La célébrité avec qui t'as été vue. Tu m'dis que j'arrive trop tard, c'est que t'es avec lui, c'est ça?"

— Dans l'mille, commente-t-il.

"Non." répond Frances.

Je mords dans ma lèvre en levant les yeux vers elle. Soudainement, la serveuse se ramène avec mon verre d'eau et les hamburgers de Louis et Niall avant de repartir. Je loupe donc une partie de la conversation.

"Oh... J'oubliais que t'es le genre de personne qui baisse rapidement les bras, au temps pour moi." "Bordel..." "Ouais, c'est tout de suite moins drôle quand je touche ton pauvre égo, pas vrai? En fait, c'est pour ça que tu reviens vers moi, hein? A cause de ton égo pourrave, avoue. Parce que tu vis mal le fait que je puisse te remplacer par une célébrité, t'as envie de récupérer ta place pour te dire que tu vaux bien mieux que quelqu'un comme lui."

Elle est belle quand elle s'en prend aux connards à coup de répartie.

"Bordel mais qu'est-ce que tu vas pas chercher. Puis de toute façon t'es bien trop banale pour sortir avec un type comme ça. C'est pas quelque chose pour toi, c'est pas le genre de truc qui arrive au genre de filles comme toi."

J'ai envie de me lever et lui en coller une à cet enfoiré, putain. Déjà qu'elle est complexée à cause de lui parce qu'il l'a quitté pour l'une de ses meilleures amies qui serait, parait-il, plus jolie qu'elle, il en rajoute une couche en la rabaissant plus bas que terre. Je commence à perdre mon sang froid.

— Calme toi, Harry.
— Quoi?

Je regarde Niall qui pointe mon verre du doigt. Je baisse les yeux vers ma main qui entoure le récipient et je remarque que mes jointures sont blanches tellement je serre l'objet fort au creux de ma main. Je relâche ce dernier et esquisse un faible sourire à l'intention de mon meilleur ami.

"Il n'y a que deux choses que tu fais de bien et qui sont parfaites pour moi, c'est quand tu fermes ta gueule et que t'écarte les cuisses."

Je n'en crois pas mes oreilles. Je me lève brusquement et Louis retient mon bras pour que je ne m'en mêle pas. Je le regarde d'un air d'incompréhension, certain que la colère que j'éprouve à cet instant peut se lire sur mon visage tant elle est importante.

— Reste là, Harry. Si tu t'en mêle on va avoir des problèmes, reste assis, calme toi, déclare-t-il d'une voix calme.

Je lève les yeux vers Frances, énervé, confus et frustré et les garçons se retournent pour la dévisager eux aussi. J'ai envie de faire quelque chose, je me sens idiot à rester ici, inutile. Je savais que ça se terminerait mal, je voulais pas ça, je suis fou de rage et à la fois affreusement déçu de rester là sans agir. Cet enfoiré mérite une putain de correction.

Lorsqu'elle s'enfuit dans les toilettes, je tire sur mon bras pour me défaire de l'étreinte de Louis, de manière un peu trop sèche, probablement, avant de traverser le snack pour aller jusqu'aux WC. Je pousse brusquement la porte et déboule dans la pièce avant de me stopper, interdit. Ses affaires sont par terre et elle se tient là, face à moi, complètement bouleversée. Elle ne me regarde même pas. Je sens mon cœur dégringoler dans mon estomac.

— C'est les toilettes des filles, dit-elle faiblement.

Je m'approche instinctivement d'elle et pour une fois, c'est elle qui met des barrières entre nous. Elle tend le bras pour maintenir la distance. Je crois que je suis aussi mal qu'elle à cette seconde, je me sens affreusement impuissant.

— Sors d'ici Harry, j'ai besoin d'être seule.
— Non, t'as certainement pas besoin d'être seule, je réponds un peu trop fermement sous la colère.
— Laisse moi tranquille, t'es la dernière personne que j'ai envie de voir. Je voulais pas que tu sois là, que tu entendes ce qu'il a pu me dire. Je voulais pas que ça se passe comme ça non plus. Je voulais rester forte face à lui et repartir la tête haute. Mais je rate tout ce que j'entreprends. Tous les choix que je fais me mènent au même point: la souffrance. Maintenant que tout ceci vient d'arriver, tout ce à quoi je peux penser sont tes yeux et ton air méprisant, le soir où je suis venue réparer ta télévision, quand tu m'as dis que j'étais faible et pitoyable et que personne et certainement pas toi ne serait là pour me sauver de cet enfoiré. Alors pars, d'accord? Dégage.

J'ai envie de vomir. Je me dégoûte au plus haut point, c'est horrible. Je blâme ce type parce qu'il a parlé à Frances de manière absolument déplorable, mais je ne suis certainement pas un modèle exemplaire. Je l'ai toujours traité comme si elle était rien et je me rappelle parfaitement de cette soirée. Tout était confus dans ma tête et j'ai perdu mon sang froid, j'ai dit des choses atroces que je ne pensais pas et c'était obligé qu'elle retienne tout ça. Elle est tellement soucieuse du regard des autres, elle retient tous les aspects négatifs que les gens lui reprochent et elle se les répète probablement en tête quand elle se regarde dans le miroir. Cette idée me donne des nausées. Je m'en veux terriblement et Dieu sait à quel point j'ai envie de la sauver, à quel point je crève de cette distance. Si elle savait ce que je vis à l'intérieur, ce que je ressens...

— Frances..., je murmure en m'emparant de son bras, dans l'idée de briser le mur qui nous sépare.
— Laisse moi, s'il te plait.

Lorsque je me recule pour lui laisser un peu d'espace, toujours pas déterminé à partir, je peux jurer qu'elle est sur le point de pleurer. Cette vision me tue littéralement.

— Je crois que si je n'avais pas été Harry Styles de One Direction, ton ex serait en train de baigner dans son sang à l'heure qu'il est, je commence doucement. Personne n'a le droit de te parler comme ça.

J'aimerais tellement faire quelque chose, mais je suppose que le Karma s'en chargera à ma place. Il aura ce qu'il mérite.

— Je regrette ce que j'ai pu te dire ce soir là. On se connaissait à peine et je savais pas quelle personne tu étais. Maintenant que j'arrive à mieux te cerner, maintenant que j'en sais plus sur ta personnalité, je peux t'assurer que tu es loin d'être pitoyable et faible comme j'ai pu te le faire remarquer. Bien au contraire, d'ailleurs...

C'est probablement la fille la plus brave que j'ai jamais rencontré. Je veux dire, est-ce que vous rencontrez des filles capable de faire tout ce qu'elle a fait pour moi ce dernier mois, sans jamais baisser les bras? Je l'ai martyrisé, j'ai profité d'elle, je l'ai humilié, j'ai joué au yo-yo avec elle, j'ai été le pire des connards qui puissent exister sur cette planète et elle est toujours là. Toujours là, fière et courageuse. Et elle me fait ressentir des trucs incroyable, même si c'est un peu insupportable parfois. Frustration, etc.

Lorsque je me rends compte qu'elle se met à pleurer, je me décolle brusquement de la porte et m'approche précautionneusement d'elle pour l'entourer mes bras. Ses pleurs s'intensifient et je laisse lentement glisser ma main le long de son dos en nous balançant de gauche à droite, tout en appuyant ma joue contre son visage dans l'idée de l'apaiser.

Elle passe ses bras autour de mon cou en enfouissant son visage contre mon torse et je serre ses côtes au creux de mes bras pour la retenir contre moi et lui faire part de ma présence. J'ai follement envie de l'embrasser et de lui murmurer des paroles rassurantes pour qu'elle se calme, mais j'ai peur que ça la mette mal à l'aise.

— Pardonne-moi, Frankie. Je sais à quel point les mots peuvent blesser, à quel point ils peuvent marquer pour toujours.

Je caresse ses cheveux quelques secondes de plus, le temps que les larmes cessent de couler et me sépare finalement d'elle à contre cœur pour l'attirer proche des lavabos, lui tendre une serviette de manière à ce qu'elle se rafraîchisse le visage. Sa respiration est toujours entrecoupée de sanglots, mais elle est calmée, elle ne pleure plus.

J'ai l'impression d'avoir été utile finalement. Et d'avoir réparé l'une de mes nombreuses erreurs...

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant