QUATORZIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ ignorance is your new best friend.

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Je tends le bras et tâtonne ma table de chevet sans prendre la peine de sortir mon visage de mon oreiller ayant entendu les vibrations dérangeantes de mon téléphone. Je me mets sur le dos après avoir mis la main dessus et dégage mes cheveux de mon visage pour regarder de quoi il s'agit. Je bâille en frottant l'un de mes yeux quand j'aperçois le nom de Harry sur mon écran. Je me lève brusquement, me tenant assise sur mon matelas alors que j'ouvre le texto, dégageant derrière mes oreilles quelques mèches de cheveux qui me retombent encore sur les yeux.« Pain de mie sans croûte.
Laque fixation extra forte.
Ailettes de poulet en sachet.
Marmelade à l'orange.
Doritos nacho cheese.
Bouteille de coca x2.
Hot Pocket x2.
Bananes.
Ben & Jerry : Cookie Dough, Chuncky Monkey.
Coquillettes.
Fromage à hamburgers.
Gruyère râpé.
Œufs frais par dix (bio).
Lait.
Tablette de chocolat au lait.
Granola x3.
Red Bull x2.
Lucky Charms.
Cheerios.
Hollywood chewing-gum à la menthe.

J'ai glissé ma carte de crédit dans ta boite aux lettres. Ramène moi tout ça pour midi. »


Il est dix heures passé. Je ne perds pas de temps et me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche et me préparer. Je suis heureuse d'avoir des nouvelles de lui après ces dernières quarante-huit heures de silence. Je suis heureuse de constater qu'il ne m'a pas complètement zappé. Je n'ai pas spécialement pris goût à jouer son esclave, en fait c'est surtout la personne que j'ai découvert en lui l'autre jour me manquait un peu. Je suis curieuse de le connaitre davantage sous cette facette là, seulement je remarque qu'il est de nouveau bref dans ses messages et avec son snobage de l'autre fois, ça ne me dit rien qui vaille.

Je soupire de frustration avant de glisser mon visage sous le jet d'eau. Est-ce qu'il a essayé de me fuir ces derniers jours? J'ai du mal à suivre ce type. Peut être que je me fais juste des idées à propos de tout ce qui traverse mon esprit, mais il est tellement lunatique. Il est tout le temps différent d'une fois à l'autre avec moi, je ne sais jamais sur quel pied danser.

Une fois prête, je quitte la maison et m'approche de la boîte aux lettres. Au cœur d'une enveloppe marquée de mon nom, trône un petit morceau de papier sur lequel est inscrit ce que je devine être son code et bien évidemment la carte de crédit qui répond aux numéros. Je décide pour cette fois de prendre un taxi pour aller au supermarché. Ce sera plus simple que d'y aller en vélo. Au moins j'aurais une malle pour y glisser les courses du bouclé, ça m'évitera de les porter seules jusque chez lui. Je paye moi-même le court trajet et m'empare d'un caddie avant de pénétrer dans la grande surface une fois sur place.

Comme c'est un matin de semaine, il n'y a pas beaucoup de monde puisque les gens travaillent. Je sors mon téléphone de ma poche et choisis soigneusement tout ce dont Harry a besoin à travers les rayons, sans trainer pour autant, craignant de trop me mettre en retard. Il est déjà près de onze heures et quart et bien que l'endroit ne soit pas loin de chez Harry, le temps que je passe à la caisse et que j'appelle un autre taxi, midi est vite arrivé.

Après avoir tout trouvé, je me dirige rapidement vers la caisse et paye les articles avec la carte de Styles. Une fois dehors et forcée d'abandonner mon caddie, je me dirige tant bien que mal jusqu'à la station la plus proche en portant les sachets à bout de bras de manière à prendre un taxi. Je suis dans les temps, ce qui m'enchante. Après avoir laissé les courses dans la malle du véhicule, j'indique l'adresse de la maison des garçons au chauffeur et attache ma ceinture en soupirant de satisfaction. Il ne manque aucun article, je suis à l'heure et je n'ai fais aucune gaffe pour l'instant.

Lorsque j'arrive à la porte, chargée des achats du bouclé, je commence à être anxieuse. Je sonne à l'aide de mon coude et attends que quelqu'un vienne m'ouvrir. Je souris en voyant Harry apparaître dans l'encadrement de la porte. Il ne sourit pas en retour. Il se penche en avant de manière à prendre quelques sachets et m'invite à rentrer d'un signe de tête sans m'adresser un mot.

Je fronce un peu les sourcils et m'occupe de fermer la porte derrière moi avant de le suivre dans la cuisine. Il est simplement vêtu d'un bas de survêtement gris clair et d'un bonnet assorti. Son torse et ses pieds, eux, sont nus. Il dépose les sacs sur le plan de travail et se saisit de ceux que je tiens pour les poser près des autres. Je suis ses mouvements des yeux, cherchant son regard à chaque fois, mais il me fuit désespérément. J'ai l'impression de ne pas être réellement là et ça me retourne complètement l'estomac.

Il retourne s'assoir à table après avoir ouvert son frigo au passage. Le message est clair. Automatiquement, je commence à ranger les commissions sans qu'il ait à me dire quoi que ce soit. Je suppose que cela va de soit. Si il m'a demandé de faire ses courses et si il a ouvert son putain de frigidaire, tant que je suis là, je n'ai qu'à tout ranger. Je commence à être en colère contre lui. C'est quoi son problème, cette fois? Il s'appuie contre le dossier de sa chaise et termine ses céréales sans un bruit, sans me porter la moindre attention. Le silence me stresse encore plus que ce que je ne l'étais devant la porte. Je me demande où sont les autres.

Je trouve une place pour chaque produit et après avoir terminé, je me tourne face à lui et le considère longuement. Il ne me calcule même pas. Bordel, ça me rend complètement dingue. Je déglutis difficilement et glisse ma main dans la poche arrière de mon jeans pour en extirper sa carte de crédit de manière à la lui rendre. Je la dépose sur la table avec le ticket de caisse.

— Quand est-ce que tu es passé pour me la donner?
— Tard hier soir, dit-il simplement, d'un ton presque sec.
— T'étais occupé ces deux derniers jours?

Je demande ça, simplement pour faire la conversation, pour détendre l'atmosphère, pour attirer son attention. Il lève lentement les yeux vers moi et me fixe froidement pendant une poignée de secondes avant de détourner le regard pour boire son lait au fond de son bol, faisant de nouveau comme si je n'étais pas là. Je suppose que monsieur Styles n'est pas du matin. Je baisse les yeux vers sa carte sur la table en prenant un longue inspiration et j'ose le regarder de nouveau après quelques instants. Je me demande ce qu'il pense. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire de travers? J'aimerais lui demander, mais je sais que cette question restera en suspens elle aussi. Ou alors il risque d'exploser et d'être soudainement affreusement méchant, méprisant et agressif avec moi, comme à son habitude. C'est comme si il ne pouvait être rien d'autre que ce connard détestable après avoir été un minimum appréciable.

Son comportement me vexe.

— Je vais y aller, alors.

Toujours rien, pas de réaction. Il se lève et s'approche de l'évier pour rincer son bol, le laver et le remettre dans le placard proche de lui. Je mords nerveusement l'intérieur de ma joue et fais volte face pour marcher jusqu'à la sortie. Je regarde par-dessus mon épaule avant de passer la porte et par surprise, mes yeux rencontrent les siens. Ceux-ci sont neutres et ils me regardent simplement partir. Je tire sur mes manches après avoir frissonné face à son comportement glacial puis passe mon chemin pour retourner jusqu'à la porte d'entrée et rentrer chez moi à pied.

Ce fut bref comme « retrouvailles » après deux jours d'absence. Cool.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant