QUARANTE-SIXIÈME JOUR ❥ ❥ ❥(avec l'aide de silverfingers.)

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Je me tourne sur le dos, me retrouvant la tête en arrière pour regarder Andreas installé sur le hamac de sa chambre. Tout est silencieux depuis quelques minutes. Charlie est occupée avec l'ordinateur de notre BFF à discuter sur Facebook avec son copain. Après avoir brièvement parlé de Nicolas, puis du fait que je sois partie de chez moi ou encore de l'inscription de Andreas dans une Université de Brighton, un blanc s'est installé. C'est le moment où jamais pour parler de ce qui est arrivé avec Harold hier.
— Harry a voulu m'embrasser hier.

Andreas se redresse et tombe presque de son hamac en entendant la nouvelle. Il rampe jusqu'à moi et s'agenouille devant le lit, au niveau de ma tête et me regarde avec un air de Merlan Frit. Même Charlie cesse d'écrire pour me regarder.

— Raconte, demande-t-il, plein d'entrain.
— Il m'a invité à passer une après-midi jeux vidéos chez lui, hier et... à un moment j'ai gagné... et il m'a... il m'a plaqué au sol et... il s'est approché pour m'embrasser et là les garçons sont rentrés.
— Putain! s'exclame Andreas en s'asseyant au sol, dépité.

Je roule sur le lit de nouveau et me positionne sur le ventre, appuyant mon menton au creux de mes mains avant de soupirer. Je regarde longuement mon meilleur ami en faisant une toute petite moue avant de me tourner vers Charlie qui prend finalement la parole.

— Et comment sont vos rapports, après ça?
— Je l'ai appelé hier soir et... il a été normal. On en a juste pas parlé. Il m'a dit que si je voulais passer, je pouvais. Mais j'ose pas y aller.
— Pourquoi?
— Pourquoi, mais parce que ça va être bizarre et tendu entre nous. Je sais pas si tu te rends compte, Andy. Si ça se trouve il le voulait même pas. Sinon il en aurait reparlé, non? J'en sais rien. Je soupire. Je sais pas quoi penser, je sais pas comment réfléchir par rapport à ça.
— Le mieux c'est que tu te prennes pas la tête puis que t'aille le voir pour en parler. Mettre les choses au clair, ce genre de truc, fait Charlie. Si ça se trouve, c'est pour ça qu'il veut que tu y ailles.
— J'en sais rien...
— Hé bien tu dois en avoir le cœur net. Debout, ordonne Andreas en s'emparant de ma veste et de mes chaussures. Je te mets dehors.
— Oh non, Andreas, me force pas à y aller.
— Je vais me gêner, tiens. Enfile ça et vite, dit-il en me tendant ma paire de chaussures.

Je soupire en faisant une moue boudeuse, m'assois et m'empare de mes Converses avant de les lacer à mes pieds. Je me lève et enfile ma veste avant de me tourne vers Charlie. Elle lève les yeux de son écran pour m'adresser un petit sourire.

— Tiens nous au courant.

Je hoche la tête et embrasse la joue d'Andreas avant de quitter sa chambre. Je salue les grands-parents de mon meilleur ami avant de sortir de chez lui, la mort dans l'âme. Je crois que je n'ai jamais marché aussi lentement de ma vie. Je passe devant chez moi et regarde ma maison comme si cela faisait des années que je n'y étais pas allée, puis trace ma route. Plus je m'approche de chez Harry, plus mon cœur bat fort.

Je comprends pas trop pourquoi je redoute tellement ce moment, pourquoi je suis aussi effrayée à l'idée de lui parler de ce qui est arrivé hier. Mais c'est vrai que si on ne revient pas sur le sujet, que les choses ne sont pas claires, alors je risque de me bouffer de l'intérieur à trop y penser. Je frissonne en rentrant dans le lotissement toujours très calme, dans lequel ils vivent. Je mords dans ma lèvre et une fois à la hauteur des escaliers qui précèdent le petit porche au-dessus de leur porte, je sens mon cœur louper quelques battements.

Je grimpe les escaliers en m'arrêtant un temps entre chaque marche et prends une longue inspiration avant de frapper à la porte. Il ne s'écoule pas trente secondes avant de la porte ne s'ouvre. Je sursaute et me surprends à être rassurée en voyant que c'est Louis.

— Salut Louis.
— Salut Frances, Harry n'est pas là, dit-il directement.

Rien que l'entente de son nom me tord le ventre. J'éclaircis ma gorge en baissant les yeux pour regarder mes chaussures.

— Est-ce que tu sais où il est allé?
— Il est allé faire quatre courses pour qu'on puisse manger ce soir. Il en a pas pour longtemps, tu veux rentrer et l'attendre?
— Oui.
— Rentre, fait l'aîné de la bande en souriant, me laissant suffisamment d'espace pour passer la porte avant de la refermer derrière moi.

Je retire rapidement ma veste et mes chaussures avant de me tourne vers Louis qui me fixe longuement. Ça me met presque mal à l'aise... L'idée qu'il me regarde comme ça, avec tellement d'insistance que j'ai l'impression qui ne me regarde pas moi, mais mon âme. Je racle ma gorge avant de me mettre à rire nerveusement.

— Louis?
— Il se passe un truc entre toi et Harry, pas vrai? demande-t-il abruptement, sans me quitter des yeux.

Je hoquete de surprise en faisant un pas en arrière face à la franchise de mon vis-à-vis. Je fronce les sourcils en tentant de contenir mes émotions, mais je sais que ma réaction n'a pas échappé au mécheux. C'est inutile de mentir, mais je peux quand même tourner autour du pot...

— Qu'est-ce qui te fait dire ça?
— Tu es partie hier, alors qu'on rentrait à peine avec les autres. Et quand je suis entré dans la cuisine, Harry était étrange. Il avait l'air ailleurs. Préoccupé. Il prenait difficilement part aux conversations... Il était là, mais il était pas vraiment avec nous. Tu vois ce que je veux dire? Et je suis sûr que c'est par rapport à toi. Tu serais restée avec nous si il ne s'était rien passé et la manière dont tu as réagis à ma question me pousse à croire que je mets le doigt sur quelque chose. Alors?
— Hum... Euh...

Je penche la tête pour regarder si quelqu'un est dans le salon ou non.

— La maison est vide, lance-t-il.

Je repose mon attention sur lui et plante mon regard dans le sien. Il hausse les sourcils, me laissant suggérer qu'il s'impatiente, qu'il veut une réponse. Qu'est-ce que je peux répondre à ça? Il est tellement direct avec moi que c'en est déboussolant. Je suis comme coincée, forcée de lui avouer ce qui est arrivé. Si il vient me demander, c'est certainement parce que Harry ne lui en a pas parlé hier. Maintenant il faut que je sache si le bouclé n'a pas voulu lui dire ce qui se passait entre nous, ou si tout simplement, Louis ne lui a rien demandé et s'adresse à moi en premier.

— Hé bien, on... on...
— Ouais?
— Louis, ne me persécute pas.
— Excuse moi, fait-il en riant. Pardon, Frances. C'est juste que je suis vraiment curieux de savoir ce qui se passe.
— On m'a dit que tu étais une commère, j'espère que tu iras pas répéter ce que je vais te dire à tout le monde...
— Moi? Une commère? Qui a osé dire un truc pareil?

Je hausse les épaules. Soudainement, la porte s'ouvre sur Harry, les bras chargés d'un sachet marron dans lequel repose des courses. Sauvée. Je pousse un soupir de soulagement, alors que Louis semble frustré par l'entrée précoce du bouclé, qu'il repousse dehors.

— Non, tu sors, tu dégages, Harry. Reviens plus tard, on veut pas de toi ici.

Puis il referme la porte au nez de Harry, le laissant mourir sur le palier de la maison. Il s'appuie contre la porte en me souriant.

— Je t'écoute.
— Louis, laisse le rentrer le pauvre.
— Je veux savoir si mon meilleur ami est en train de se caser, là. Je peux pas supporter d'être là, de vous voir et de ne pas savoir. Ca me rend malade. Aide moi Frankie. Si t'as peur qu'il entende, tu peux venir me le dire dans l'oreille.
— Il s'passe rien de concret, désolée. Maintenant ouvre lui. On a besoin de discuter. S'il te plait.
— Rien de concret? C'est tout?
— C'est tout...
— Rien de concret... Putain, quand je vais dire ça à Liam..., marmonne-t-il en s'éloignant de la porte pour retourner dans le salon presque dépité par ma simple réponse.

Je secoue la tête en le suivant du regard, étonnée de le voir abandonner si facilement et se contenter d'une réponse de ce type au lieu de me tirer les vers du nez. Puis je m'approche de la porte pour ouvrir à Harry. Il se trouve là, sur le palier, à attendre tranquillement qu'on lui ouvre, chantonnant quelque chose. Il se tourne pour me faire face et sourit largement en s'approchant, touchant la porte avant de pousser un petit soupir, tapotant le bois, d'un air presque fier.

— Je trouve que cette porte te va bien.
— Quoi?
— Bah tu sais, quand tu l'ouvres. Ça rend bien. C'est comme si c'était chez toi.

Je crois que je rougis à vue d'œil. Je me mets à rire avant de faire une petite danse ridicule contre la porte pour finalement me décaler et le laisser entrer. Je referme la porte derrière lui et le suis alors qu'il se dirige vers la cuisine. Il commence par ranger les courses dans le frigo puis dans le placard, silencieusement. Je reste dans un coin de la pièce, plus ou mois mal à l'aise.

— Qu'est-ce que c'était tout à l'heure avec Louis? J'ai pas compris pourquoi j'ai été à la porte de ma propre maison pendant un moment, plaisante-t-il en se retournant brièvement pour me regarder.
— Oh, euh... Louis voulait savoir ce qui se passait entre nous.
— Et tu lui as dis quoi?
— Rien de concret.
— C'est à dire?
— Bah... "Rien de concret"...
— Non mais exactement.

Je me mets à rire.

— Je lui ai dis qu'il se passait rien de concret entre nous.
— Ahhhh, pardon!

Il se tourne vers moi et me fait signe de le suivre dans la buanderie. Je m'exécute et me colle contre la machine à laver en le regardant. Après avoir rangé quelques boites de conserves dans un placard, il vient se placer face à moi pour s'appuyer sur le sèche-linge et esquisse un sourire en me dévisageant longuement. Il ne dit toujours rien. Détourne le regard. Prend une longue inspiration. Puis finalement...

— A propos d'hier, lâche-t-il en passant sa main dans sa nuque.
— Oui? je m'empresse de dire en hochant la tête.
— Je... En fait, c'était pas..., grimace-t-il.
— Oh, je pince mes lèvres. D'accord...
— C'était..., essaye-t-il de dire.
— Non, je comprends. C'était..., je hausse les épaules en grimaçant.
— Oui, c'était, hum..., il baisse les yeux en se raclant la gorge.
— D'accord, j'approuve en soupirant doucement.
— On oublie? propose-t-il.
— Oui, c'est mieux, c'est...
— On laisse tomber, affirme-t-il.
— On laisse tomber, je répète... affreusement déçue.

Cependant, nous restons tous les deux là, l'un face à l'autre, appuyés sur les machines qui occupent la pièce. Nos yeux attrapant le moindre recoin de la pièce, évitant simplement soigneusement l'autre... Je mords nerveusement l'intérieur de ma joue avant de lever les yeux vers Harry, au même moment où lui-même, pose son regard sur moi.

Brusquement, par je ne sais quelle force, nos corps se redressent au même moment pour se coller à l'autre.

C'est comme ça que ça arrive. Nos lèvres s'entrechoquent dans un premier temps, sous la violence de cette collision avant de délicatement se caresser. Comme ça. Je reste surprise dans un premier temps, par mon audace, par notre synchronisation, par la douceur de ses lèvres, par la chaleur qui se forme dans mon ventre et les papillons qui prennent leur envol au creux de mon estomac, puis je finis par doucement me laisser aller. Il dépose ses mains au creux de mes reins de manière à me rapprocher de son corps en exerçant de douce pressions sur mes lèvres. Je réponds timidement au baiser en glissant mes mains dans sa nuque, y agrippant quelques boucles. Je sens qu'il sourit contre mes lèvres et moi, j'oublie totalement qu'on est au beau milieu de la buanderie de sa maison, que Louis est dans la pièce d'à coté, que mon prénom est Frances... Tout ce qui m'importe désormais, c'est la langue de Harry qui vient doucement taquiner ma lèvre supérieure, demandant plus qu'un simple baiser en surface. Je soupire d'aise contre sa bouche en entrouvrant les lèvres et me laisse porter, le cœur battant à la chamade, laissant nos deux muscles se caresser avec tendresse, partageant un baiser lent, langoureux, amoureux.

Après une poignée de secondes, Harry met fin au baiser et sépare à peine son visage du mien, le souffle court. Nous ouvrons les yeux en même temps ce qui me fait bêtement rire. Je caresse sa nuque du bout de mes ongles, avant de pincer mes lèvres entre elles, sentant toujours le goût de sa bouche sur la mienne.

Nos regards restent plantés l'un dans l'autre et à cet instant, tout ce que j'ai pu détester chez ce garçon devient incroyablement beau. Son sourire, ses fossettes, la profondeur de ses yeux, la chaleur de son souffle proche de mon visage, son odeur, la sensation de ses mains dans le bas de mon dos, son torse contre ma poitrine, sa taille, ses boucles sous mes doigts... Je me recule finalement et passe mes mains dans mes cheveux en lui tournant le dos. Je ferme les yeux.

— Je serais incapable d'oublier ça, même si je le voulais, je dis dans un souffle.

Il laisse échapper un petit rire avant de se saisir de l'un de mes doigts sur son passage pour m'attirer hors de la buanderie avec lui.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant