VINGT-HUITIÈME JOUR ❥ ❥ ❥

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Je dévale les escaliers en enfilant ma veste, contente d'avoir finalement terminé mes devoirs. Harry m'a demandé de passer chez lui une fois que j'aurais terminé car il avait besoin de moi. Je m'apprête à passer la porte quand ma mère surgit de la salle de séjour pour m'interpeller.
— On peut savoir où tu vas comme ça, Frances?
— Hum... Tu sais, chez la personne chez qui j'ai mangé hier soir.

Elle croise ses bras sur sa poitrine. OK. Ça, c'est la chose qu'elle fait avant de procéder à un interrogatoire. Je prends une longue inspiration, la main posée sur la poignée, déterminée à m'en aller au plus vite.

— C'est ce garçon que tu vas voir?

Je ne sais pas quoi répondre. Je regrette de lui avoir menti l'autre fois. J'ai envie de lui avouer que je n'ai pas vraiment de petit ami et que c'est une star mondialement connue que je m'en vais voir, chez qui je vais trainer pour faire la cuisine ou le larbin... mais elle serait hors d'elle. Folle de rage à l'idée qu'un type se permette de me prendre pour son esclave. Et aussi parce que je lui ai menti depuis tout ce temps.

— Depuis quand tu t'intéresses autant à ce que je fais? je réponds, embarrassée.
— Depuis que tu as des examens à la fin de l'année, depuis que tu rentres à des heures tardives, depuis que tu sors dehors alors qu'il pleut des cordes, depuis que tu manges chez des personnes que je ne connais pas alors que tu dois aller au lycée le lendemain, depuis que tu fais l'école buissonnière...
— C'est bon, Maman... j'ai compris.
— Je suis inquiète pour toi. J'ai peur que tu rates ton année. Tu n'es plus concentrée comme avant et je voudrais pas que tes efforts soient réduits à néant parce que tu es dissipée par je ne sais quel individu. J'ai l'impression que tu t'éloignes de tes études, que tu...
— Les cours, les cours, encore et toujours les cours, je m'exclame avant de lever les yeux au ciel. Je suis à jour dans mon travail, j'ai bossé pendant les vacances, tu sais. Je bosse depuis toujours. Depuis que je suis au primaire, je ne fais que ça. Je suis pas restée là les bras croisés à ne rien faire, ces dernières semaines, crois moi! Je vais très bien et je me sens prête pour les examens. Je profite de mes derniers instants en tant que lycéenne, moi qui ai toujours été le genre de personne qui reste plongée dans ses bouquins. Je m'amuse, je prends du temps pour moi. C'est interdit?
— Tu...
— Jake m'a quitté à cause de ça, je lâche brusquement, la coupant à nouveau. Il m'a quitté parce que j'étais tout le temps en train de travailler, tout le temps en train de faire passer ces putains de leçons avant tout. Je sens une boule se former dans ma gorge. Un ange passe. J'ai rencontré de nouveaux amis, d'accord? Je reprends plus doucement les yeux rivés au sol. Et ils quittent l'Angleterre pour un moment après les examens. Alors je profite d'aller les voir tant qu'ils sont là.

Je lève les yeux vers ma mère et nous nous dévisageons pendant de longues minutes. Je baisse finalement la poignée avant de passer la porte. Ma mère reste statique, silencieuse et continue de me regarder, me laissant faire sans protester. Je suppose que je l'ai convaincue pour cette fois...

— Je rentre pas tard, promis, je murmure avant de sortir.

J'inspire, expire et passe mes mains sur mon visage avant de quitter le palier de ma porte, récupérant mon vélo.Harry doit s'impatienter.


***


J'attache mon vélo au lampadaire qui se trouve face à la maison des garçons et alors que je m'approche de la porte, je m'apprête à frapper contre cette dernière, quand je me fais devancer par Louis qui m'ouvre à la volée, son index collé à ses lèvres, me faisant signe de me taire. Je fronce les sourcils, intriguée et le laisse s'emparer de mon poignet pour me tirer à l'intérieur. Il referme délicatement la porte derrière moi et s'occupe de retirer ma veste de mes épaules. La maison est incroyablement silencieuse. Tout ce que je peux entendre sont de petits ricanements et des chuchotements provenant du salon. Je me tourne vers Louis qui accroche ma veste au porte manteaux de l'entrée.

— Qu'est-ce qui se passe ici? je demande tout bas en frottant mes mains froides entre elles, de manière à les réchauffer.
— Harry s'est endormi sur le canapé en t'attendant.
— Oh... Je suis désolée, j'ai vraiment fait vite pour terminer mes devoirs, pourtant.
— T'en fais pas.
— Et donc?
— Quand Harry s'endort, rien ne peut le réveiller... Enfin, surtout quand il est malade. Comme il était tout pâle à cause de sa pauvre maladie, on a décidé de lui refaire une petite beauté. Histoire qu'il ait meilleure mine, si tu vois ce que je veux dire...
— Oh non, Louis...
— Zayn est donc allé acheter une palette de maquillage à l'institut de beauté, pas loin d'ici... et... Il pouffe de rire. Tu peux appeler Harry... Harriet, maintenant.
— Je veux le voir!
— Shhh, m'intime-t-il avant de me faire signe de le suivre dans le salon.

Lorsque nous rentrons à peine dans celui-ci, le canapé sur lequel dort Harry nous tourne le dos. Niall prend Harold en photo avec son téléphone, faisant de son mieux pour ne pas trembler, secoué de spasmes par ses rires qu'il étouffe tant bien que mal. Zayn et Liam s'approchent du blond en parfaite synchronisation pour regarder la photo et ils finissent tous par glousser bruyamment. En me voyant, Liam me fait un signe de la main pour me saluer alors que Zayn me fait signe d'approcher. Niall, lui est trop occupé à triturer son téléphone pour remarquer ma présence.

Louis se plante derrière moi et pose ses mains sur mes yeux avant de me faire avancer à l'aveuglette. Nous nous stoppons finalement et je devine que nous sommes face au canapé. Je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai hâte de voir Harry. Et les mains de Louis sentent le maquillage bon marché.

— Prête? murmure l'aîné près de mon oreille.
— Plus que prête.
— Ris pas trop fort, fait Liam avant que Louis ne retire ses mains.

Je me retrouve alors face à Harry, allongé maladroitement sur le canapé, un bras tendu dans le vide et un pied par terre, la bouche ouverte, les cheveux emmêlés et le visage complètement peinturluré de maquillage. Son teint est presque orange. Je me demande comment ils ont pu lui étaler du fond de teint sans qu'il ne sente qu'on lui touchait le visage... m'enfin! Ses joues sont exagérément roses, ses paupières sont probablement plus colorées encore qu'un arc-en-ciel. Je distingue du bleu, du vert, du jaune, du violet, du blanc, du rose et du marron. Il a du rouge à lèvres orange sur la bouche. Et « virgin » est écrit sur son front au crayon noir. Harry ressemble à un panda qui a forcé sur les Skittles, qui a attrapé un coup de soleil, et qui assume pleinement sa frigidité. Un truc dans le genre.

Je pose mes mains sur ma bouche pour explose de rire au cœur de celles-ci.

— C'est sur Twitter, chuchote fièrement Niall en rangeant son téléphone. Ça te plait Frances? demande-t-il en glissant son bras autour de mes épaules.
— C'est très réussi!
— Des milliers de fans doivent être en train de se foutre de sa gueule à cet instant..., commente Liam.
— Des milliers de retweet qui se fanent dans le vent, ajoute Zayn d'un air pénétré.
— Et le meilleur pour la fin..., déclare Louis en secouant un tube de mousse à raser sous nos nez.
— Oh non, les gars... pas le châtiment de la mousse à raser.
— Mais il est dans la position parfaite, fait remarquer Louis en s'approchant de la main de Harry, vaporisant de la mousse au creux de sa paume. Niall?

L'irlandais retire son bras d'autour de mon cou et s'empare d'un coussin qui était précédemment posé sur le canapé du salon non occupé par Harry. Il le presse entre ses mains et palpe un peu la matière avant d'en extirper une plume. Je conclus donc que ces coussins sont fourrés avec des plumes et que c'est avec ça qu'ils vont taquiner le bouclé. Je mords dans ma lèvre en regardant Niall contourner le canapé et se pencher au dessus du benjamin de la bande. Le pauvre, quand même... Il est malade et tout...

— Ça, mon très cher Harry, c'est pour toutes les mauvaises blagues que t'as pu nous faire à tous..., dit-il avant de faire lentement glisser le bout de la plume le long du nez de Harry puis carrément dans ses narines.

Ça ne rate pas, gêné par le chatouillement, la main précédemment pendue dans le vide de Harold, et accessoirement, la main couverte de mousse à raser s'abat sur son visage, dans un simple réflexe. Louis, Zayn et Liam explosent littéralement de rire. Suivis de Niall, lorsqu'il remarque le visage surpris/agacé/et tête dans le cul de Harry qui se redresse dans le sofa en retirant tant bien que mal la substance qui recouvre son visage et qui s'imprègne des couleurs du maquillage qu'il porte.

Louis et Zayn continuent de s'esclaffer à s'en casser le bide. Niall s'occupe de lui frapper dans le dos en riant de bon cœur, alors que Liam pointe un miroir en sa direction.

Dans un premier temps, je m'attends à ce que Harry réagisse hyper mal, mais contre toute attente, il se met à rire en essuyant la mousse susceptible de lui rentrer dans les yeux de sa main immaculée.

— Putain, vous allez me payer ça..., dit-il en riant, avant de donner un petit coup de pied dans le mollet de Louis. Je suis malade les gars, ça se fait pas. Vous êtes vraiment une bande d'enfoirés, arrêtez de rire! continue le bouclé, sans pouvoir s'arrêter de rire, lui-même.
— C'était tellement tentant, mec.
— C'était trop facile, surtout! s'empresse de dire Zayn.
— T'en as dans les cheveux et tout, je commente.
— Frankie, putain, s'exclame-t-il en remarquant ma présence. T'es dans le coup aussi?
— Non, moi je débarque juste pour admirer le chef d'œuvre.
— Heureusement pour toi, tu l'aurais payé plus cher que les autres...
— Comment oses-tu traiter cette demoiselle pleine de bonne volonté qui passe te voir après une journée d'école chargée et une tartine de devoirs interminable?
— Merci de prendre ma défense, Louis.
— Puisque la demoiselle est pleine de bonne volonté, elle sera donc partante pour retirer ce truc de mon visage... parce qu'à en juger la couleur, vous m'avez pas fait que le coup de la mousse à raser, là... si?
— T'as du maquillage, lui répond Zayn.
— La photo est sur Twitter, rajoute Liam en lui faisant un clin d'œil.

Harry se lève paresseusement et s'étire en bâillant avant de s'approcher brusquement de Louis pour glisser sa main pleine de mousse à raser sur son visage. Suffisamment vif pour le stopper à temps, le geste de Harold rate, mais sa main atterrit quand même dans les cheveux de l'aîné, à son grand désespoir.

— Harryyyyyy, se plaint-il en repoussant son ami.
— Tu l'as cherché Tomlinson! se moque Bob l'éponge avant de me faire signe de le suivre à l'étage.

Nous montons tout les deux dans sa chambre et rentrons dans sa salle de bain. Alors qu'il s'assoit sur le bord de sa baignoire, je fouille dans les tiroirs pour en tirer une serviette que je mouille. Je me tourne vers lui et ne peux m'empêcher de rire en voyant sa tête recouverte de tout ces produits. Je glisse la serviette humide et chaude sur son visage pour y retirer la mousse à raser dans un premier temps.

— Il reste du maquillage. Je vais l'enlever avec du savon, d'accord? Tu as d'écrit « virgin » sur le front, tu le sais ça? Enfin, ça ressemble plus trop à un mot, maintenant, on dirait plutôt une espèce de dessin fait par un gamin de quatre ans, m'enfin voilà.

Je m'approche de la cabine de douche pour m'emparer d'un gel douche et me mouille les mains avant de mettre un peu de savon dans ma paume pour les frotter ensemble.

— On s'fait souvent des blagues comme ça. La dernière fois, Niall et moi, on a mis de la farine dans le sèche cheveux de Zayn. Il a du en acheter un autre, mais c'était trop drôle de le voir avec plein de farine sur la gueule. J'ai mis du miel dans les chaussures préférées de Niall, une fois. Il m'a fait la tête pendant trois jours avant que je lui rachète la même paire. Louis est trop malin pour se faire avoir par nos petites blagues. Je sais pas comment il fait... Liam s'est prit la farce de Louis à sa place, l'autre fois. Zayn, Niall et moi, on avait mit des laxatifs dans un gâteau, persuadés que Louis allait le manger et en fait, c'est Liam qui l'a avalé à sa place. Il a passé des heures sur le trône. On était morts de rire. A en crever. L'odeur et tout... c'était affreux. C'est toujours embarrassant pour Liam, d'en parler... mais wow, qu'est-ce qu'on s'est marré cette fois là... Bref, c'était mon tour, je suppose. Mais j'en ai pas fini avec eux... Ma sentence sera terrible.

Je secoue la tête de droite à gauche avant de passer mes mains savonneuses sur le visage de Harry de manière à y retirer le maquillage. A défaut de ne pas avoir de démaquillant, on fait avec les moyens du bords. Je m'attaque d'abord aux joues et je sens que Harry me dévisage. Le silence devient pesant.

— T'as une tête drôle quand t'es concentrée, dit-il finalement.
— J'essaye de tout faire partir, mais ce maquillage tient vraiment bien.
— Essaye avec la serviette.
— Ça risque de vraiment irriter ta peau, déjà que le savon c'est pas top.
— Oh...

J'esquisse un sourire en passant ma main sur son front pour y retirer le crayon noir.

— Ta température est tombée.
— Oui, je me sens mieux.
— C'est une bonne chose. Ferme les yeux.

Il s'exécute et j'en profite pour retirer le maquillage de ses paupières. Une fois fait, j'essuie mes mains sur la serviette et prends les poignets de Harry pour le mettre face au lavabo en lui ordonnant de garder les yeux clos. Je tourne le bouton et règle l'eau pour qu'elle soit tiède avant de remonter les manches de Harry.

— Rince toi le visage, je dis en glissant ses mains sous l'eau.

Il se penche et après avoir fait un bol avec ses paumes, dans lesquelles il accumule de l'eau, il éclabousse son visage pour y retirer le savon et répète plusieurs fois de suite cette action avant de s'emparer d'une serviette propre que je lui tends pour éponger son visage. Il se tourne ensuite vers moi en poussant un petit soupir.

— Alors?
— T'as plus un pet de maquillage!
— C'est que t'as fais du bon travail. Merci, Frances.
— A ton service.

Nous quittons la salle d'eau pour nous retrouver dans sa chambre. Harry s'installe sur le bord de son lit et tire un mouchoir de sa boite, posée sur sa table de chevet.

— Tu restes manger avec nous?
— Je pense pas... Ma mère en a assez que je sorte sans arrêt ces derniers temps. Surtout qu'elle ne sait pas que... c'est toi que je viens voir.
— Pourquoi?
— Hum... j'me vois mal lui dire « je sors, j'vais me rendre utile! j'vais chez mon maître, à plus tard! »
— Utile, eh...
— Harry...
— Je plaisante! C'est vrai que... t'as de quoi lui cacher ça. Elle risque de te punir parce que tu sors fréquemment?
— J'en sais rien... je pense pas, je fais rien de mal et puis je respecte le couvre feu. Mais je sens que ça la dérange et j'me sens mal de faire ça.
— Je comprends, il y a pas de souci. En tout cas c'est cool de t'être déplacée après avoir fini tard, après tes devoirs et tout... c'est sympa.
— Quand tu m'as envoyé un texto tout à l'heure... tu voulais que je vienne pour faire quelque chose en particulier, n'est-ce pas?

Il lance un regard circulaire à sa chambre avant de pointer son inhalateur du doigt.

— J'avais besoin que tu me recharge ça. Et que tu fasses cuire mon poulet. Parce que hier, t'as dis que j'avais le droit de manger de la viande, tu te rappelles?
— Je me rappelle, je réponds en m'approchant de l'inhalateur. Voyons voir comment marche ce truc...

Je bidouille l'appareil quelques secondes avant de comprendre comment ça fonctionne. Je m'empare d'une bouteille d'eau à demi vide qui traînait là, sur le bureau de Harry, et verse une petite partie de son contenu dans le réservoir avant d'y ajouter quelques huiles essentielles. Une fois le couvercle remis, je mets l'objet en marche. L'eau se met à frémir et l'inhalateur à diffuser l'odeur d'eucalyptus dans la pièce. J'appuie sur le bouton arrêt.

— Voilà. Tu n'auras plus qu'à le remettre en marche avant de te coucher.

Il me remercie en un signe de tête avant de commencer à se moucher. Je me dirige vers la porte de sa chambre pour retourner en bas et aller dans la cuisine. Harry me suit de près, toujours en train de se moucher. A cette allure là, il va finir par faire sortir son cerveau...

— Enfin... je respire, dit-il en plissant les yeux, avant de prendre une longue inspiration.
— C'est une excellente nouvelle, Harry, je réponds de manière totalement ironique en me tournant vers lui, alors qu'il regarde le contenu de son mouchoir. Harold, mais qu'est-ce que tu fous?
— Regarde, Frances, on dirait pas un cinq? Et là, on dirait une poule, non mais regarde..., insiste-t-il en me tendant son mouchoir, alors que nous traversons le salon sous le regard des garçons, affalés comme des loques dans les canapés, certains sur leurs ordinateurs, d'autres en train de regarder la télévision.
— T'es dégueulasse, Harry, dégage avec tes crottes de nez, bordel!
— Mais c'est pas des crottes de nez, c'est des glaires!
— T'es vraiment écœurant. Franchement, tu me dégoûtes, t'es dégueulasse...

Il se met à rire bêtement, visiblement fier de sa connerie en me suivant dans la cuisine, secouant son mouchoir en ma direction.

— Harry, tu vas m'en foutre dans les cheveux! Arrête ça de suite!

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant