THREE ❥ ❥ ❥ TROISIÈME JOUR. love can be such a beautiful torture.

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— Hey Curly, tu restes là?— Ça m'en a tout l'air.

Louis soupire en venant s'installer près de moi, sur le canapé. Il est le dernier à quitter la maison, vêtu de sa grosse veste et d'un bonnet. Je tourne la tête vers lui de manière nonchalante.

— Ma mère et ma sœur ne rentrent que demain, Zayn et Niall sont sortis et Liam est avec sa copine... tu pars... je suis tout seul.
— Pourquoi t'es pas allé avec Zayn et Niall?
— J'avais pas envie de sortir..., je marmonne en haussant légèrement les épaules, reposant mon regard sur mes mains.
— Tu veux que je reste ici avec toi?

Je fais la moue, parce que j'aimerais vraiment que Louis reste avec moi. Mais ce serait vraiment égoïste de ma part. Je finis par secouer la tête en souriant faiblement.

— Non, va rejoindre ta copine, ça ira, t'en fais pas.
— Hm, fait-il en tapant doucement ma cuisse avant de se lever. Appelle la tienne.
— Quoi?

Je lève brusquement les yeux vers lui en fronçant les sourcils alors qu'il se dirige vers la porte. Il se retourne vers moi en souriant de manière narquoise.

— Frances.
— Elle me déteste après le coup d'hier.
— Tu nies même pas quand je dis que c'est ta copine, dit-il en riant.
— Je relève même pas, tu sais que c'est absurde. Cette connerie est plus grosse que ton postérieur.
— Je sais que t'as le béguin pour elle, Haz. Un béguin gros comme mon cul, s'exclame-t-il en tapant sur l'une de ses fesses.

Je lève les yeux au ciel.

— Arrange les choses.
— J'sais pas..., je soupire en faisant une toute petite moue.
— Fais un effort, lance-t-il avant d'ouvrir la porte et s'en aller en un coup de vent.

Le tic-tac de l'horloge et ma respiration lente sont les seuls bruits que l'on parvient à entendre dans la pièce. Je suis rapidement angoissé par cette ambiance pesante et je m'empresse d'allumer la télévision. Je zappe sans grande conviction et soupire en me rendant compte qu'il n'y a rien à regarder.

Je m'empare brusquement de mon téléphone et commence à taper son numéro de téléphone. Trop nerveux pour parler, je décide de composer un texto à la place.

"Salut Frances. Je suis tout seul ce soir alors je me demandais si tu voulais pas passer pour discuter. J'aimerais repartir sur de nouvelles bases alors s'te plait, même si je t'ai blessé l'autre fois, viens."

Je me relis et mords dans ma lèvre en secouant la tête. Ca fait pas. Elle va croire que j'ai pété un plomb. Ou que c'est pas moi qui lui ait écrit. Je fronce les sourcils et efface l'intégralité du texto, ne laissant que le dernier mot pour ensuite l'envoyer.

Pendant un moment, je me demande comment je vais en venir au sujet du "reste avec moi ce soir" quand elle sera en face de moi. Puis j'en arrive à la conclusion que c'était stupide de ma part de lui demander de venir et foutrement irréfléchi. Parce qu'elle me déteste probablement, parce qu'elle voudra certainement pas traîner avec un connard comme moi et parce que si ça se trouve, elle va se foutre de ma gueule, ou croire que j'essaye d'être sympa avec elle parce que j'ai envie de me la faire. Peut-être que j'ai envie de me la faire. Je passe mes mains sur mon visage avant d'agripper mes cheveux et souffle un bon coup comme pour chasser ces pensées de ma tête.

OK. Il faut que je trouve quelque chose à lui faire faire pour qu'elle vienne, qu'il y ait une raison et qu'elle s'en aille vite, comme ça je me tais et tout ira bien. Je me sens coupable de la faire déplacer pour rien, putain, j'suis trop con.

— Trouve un truc, Harry.

Je regarde tout autour de moi, un peu paniqué. Pas la lampe, pas le tapis, pas l'horloge, pas... mon regard se pose sur la télévision. Je me lève d'un bond, me prends les pieds dans le tapis et m'approche du poste, sain et sauf, en remettant mes cheveux correctement. Je débranche un fil au hasard, me retrouvant privé de l'image. Ça devrait faire l'affaire. Je souffle et m'approche de la fenêtre en entendant du bruit dehors et la voilà qui s'occupe d'attacher son vélo au lampadaire pour qu'on ne le lui prenne pas. Je me dirige rapidement vers la porte de manière à lui ouvrir avant même qu'elle ne manifeste sa présence en frappant.

J'essaye de ne pas trop la regarder parce que ça pourrait me donner envie de lui demander de rester et m'empare directement de son poignet pour la tirer avec moi dans le salon. Je la pousse devant la télévision et je presse mes bras autour de mon corps pour me retenir de dire quoi que ce soit. Je pourrais lui faire: "C'est moi qui ai fait ça, je voulais juste que tu viennes, que tu répares ma connerie et qu'on reste là à regarder la télé en discutant, parce qu'on a pas trop eu l'occasion de faire connaissance. J'suis sûr que t'es une fille sympa, c'est quoi ta couleur préférée?"

Au lieu de ça, je peux pas m'empêcher de la regarder examiner ma télévision sans trop comprendre et sourire face à sa mine confuse, parce qu'elle a vraiment l'air paumée et je trouve ça presque touchant. Je suis content de ne plus être tout seul dans cette maison. Concentre toi Harry. Le simple fait de l'avoir avec moi dans mon salon me donne envie de la voir rester alors j'essaye de bloquer mes émotions et mon sourire change.

— Répare.

Elle s'approche de la télévision pour toucher quelques fils. Je soupire silencieusement et pendant qu'elle est occupée à vouloir fixer ce que je lui ai demandé, je sens cette vague de culpabilité m'engloutir. Pourquoi est-ce que je me sens forcé de lui faire subir ça? Je veux dire, si je suis honnête avec elle, si je lui dis que je veux repartir sur de bonnes bases, ça ne peut que bien se passer, non? J'pense pas qu'elle refuserait, ça m'étonnerait qu'elle aime que je la torture...

— C'est bon là?
— Non, je réponds en regardant l'écran, toujours noir.

Bon, je me lance. Je vais lui dire la vérité. Je suis pas si immature, bordel. Ma télévision montre de nouveau les images et elle se redresse pour regarder l'écran avant de se tourner vers moi, visiblement blasée par quelque chose. Je crois que je suis grillé.

— Tu l'as fais exprès.
— De?
— Tu as débranché la prise qui permet d'avoir l'image.
— Je vois pas de quoi tu parles, je réponds.

Je suis très mauvais menteur parfois. C'est pour ça que durant les interviews, je préfère fermer ma gueule, plutôt que d'essayer de me défendre. Mes expressions faciales et mes mots me trahissent toujours.

— Bien, se rend-elle. Je suis heureux qu'elle n'insiste pas. Les autres ne sont pas là?
— Louis et Liam sont allés voir leur copines et Niall et Zayn sont avec leur famille, oui je mens en disant avec leur famille parce que sinon elle risque de me demander pourquoi je suis pas sorti avec eux et franchement, j'ai juste envie de lui dire la vérité et pas répondre à ses questions.
— Tu n'es pas avec la tienne?
— Partis pour la semaine, ma famille ne rentre que demain.
— Super, ça veut dire que j'ai ma journée, conclue-t-elle.
— Vu comme ça... oui, je réponds en fronçant les sourcils.
— Dieu soit loué. Génial, à plus.

Aïe, touché. Elle me déteste, je le savais. Elle tourne brusquement les talons et je m'empare vivement de son bras pour qu'elle se replace face à moi. Je plante mon regard dans le sien et soudainement, je perds tout mes moyens. Comment tourner la chose? Je me remémore ce que j'ai pu lui faire endurer ces trois derniers jours et la logique veut que je m'excuse, purement et simplement, mais je n'ai absolument aucune justification plausible à mon comportement. Je me vois mal lui raconter l'existence de Violet, ma frustration, mon esprit torturé... J'en ai jamais parlé aux garçons, alors qu'on se connait depuis longtemps. Alors je me vois mal en parler à une fille que je fréquente depuis soixante-douze misérables heures.

— Hm... euh..., je commence à balbutier pour combler le silence et rendre son attente moins pénible.
— Oui?
— Euh... en fait, je voulais... pour...

Autant aller droit au but. Si elle me demande des explications, je lui dirais que je suis stupide. Les filles aiment bien quand on leur avoue qu'on est bête, ça les attendrit. J'imite son geste d'hier, celui qu'elle a fait quand elle m'a arrosé avec mon thé. J'ai vraiment envie de m'excuser putain, pourquoi est-ce que ça sort pas? Je lève les yeux au ciel en soupirant avant de croiser son regard. Je la dévisage et le sourire sur son visage me tord le ventre.

Elle est en train de se moquer de moi.

— C'était un prétexte. Je voulais juste te faire déplacer pour t'embêter. En fait je trouve ça marrant, marrant comme toi tu trouves ça marrant de te moquer alors que j'essaye d'être sérieux et sympa. Ouais, c'est vraiment drôle de te voir venir jusqu'ici le plus rapidement possible pour ne pas me contrarier. Je crois qu'avec l'incident d'hier, tu as compris que je détestais attendre. J'ai débranché le fil exprès. Je m'ennuie assez ce soir, comme il y a rien à la télévision et comme les gars ne sont pas là, je me suis dis que te faire venir ici animerait un tant soit peu ma soirée.

Alors Frances, qui rigole maintenant?

— T'es vraiment le dernier des cons, Harry Styles.

Quand elle m'insulte, j'ai l'impression d'être un moins que rien. C'est le retour de la fille qui est là pour me punir d'agir n'importe comment. Je déteste ça, comment elle peut me maîtriser de la sorte? J'veux dire, c'est pas moi l'esclave dans l'histoire, comment elle peut me faire éprouver tant de culpabilité, me soumettre à elle à ce point? Comment elle peut me faire me sentir aussi mal, c'est un truc de dingue.

Elle me cherche. Plus elle me fait du mal, plus j'ai envie de lui faire du mal et c'est toujours elle qui gagne, quoi que je fasse. Je déteste la manière dont elle me traite et je devrais être plus sympa avec elle? Que dalle.

— Sérieusement, la ferme.
— Non.
— Comment ça, non?
— J'ai dis non.
— C'est dans le contrat, tu dois faire ce que je te demande.
— Tu sais ce que j'en fais de ton contrat?

Je prends une longue inspiration pour ne pas péter un câble. Je commence à sérieusement regretter de l'avoir fait venir. Peut-être que j'aurais mieux fait d'aller me branler et dormir. Je ne perds quand même pas la face et en l'entendant rire, je crois que je perds un peu de mon sang froid.

— Mh? Je suis curieux de savoir ce qu'une pauvre fille mal éduquée telle que toi est capable de faire à mon précieux contrat.

En même temps, le fais qu'elle me tienne tête comme ça me plait affreusement. Quand je me dispute avec Violet, elle flanche toujours. Frances soutient mon regard et si j'avais pas peur d'être pitoyable devant elle, je lui dirais que ses lacets sont défaits, juste pour qu'elle baisse le regard.

Comment toucher la fierté de Frances? Elle déteste se soumettre à moi, alors il faut que je la touche par rapport à ça. Je la coupe alors qu'elle aspire de l'air pour prendre la parole.

— Je t'ai. Au doigt et à l'œil. Je fais de toi ce que je veux. Tu peux me lancer au visage toutes les boissons que tu veux, je sais que tu viendras toujours si je te le demande. T'es complètement soumise à moi, comme une petite marionnette.

Dans le mille. Son visage change d'expression. Elle semble à la fois en colère et vexée. Cependant, je ne suis pas fier de moi. Je sursaute de surprise avant de rattraper son poignet au moment où elle s'apprête à me gifler. Je sens un frisson parcourir mon corps tout entier. Je l'ai vraiment mise en colère et peut-être que je méritais cette baffe. C'est dingue comme j'arrive à contrer toutes les punitions qu'entraînent mes actes. Je vais sérieusement me ronger de remords quand elle va partir, je le sais d'avance. J'esquisse un sourire. Cette fille est vraiment surprenante. Elle me fait ressentir des tas de trucs que j'aurais jamais pensé ressentir un jour.

Je me suis jamais senti aussi mal pour une personne, j'ai jamais autant torturé mon esprit, j'ai jamais remis mes faits et gestes en questions de la sorte avant elle.

— T'es même pas capable de me mettre une baffe. Pauvre, pauvre petite Frances. J'ai su que tu reviendrais toujours à la seconde où tu es arrivée devant cette maison après ce qui est arrivé hier.

Pourquoi j'éprouve le besoin de m'enfoncer davantage? En sortant ma dernière phrase, une boule de je ne sais quoi se forme dans mon ventre. Et si elle revenait jamais? Après tout le contrat n'est qu'un morceau de papier et si je la pousse à bout, elle a le droit de s'en aller. Je me sens tellement coupable de lui faire ça que je serais même pas capable de la retenir et la forcer à continuer. Mais j'ai pas envie qu'elle s'en aille.

Elle élance sa main libre dans le vide et je réceptionne cette dernière de la même manière que la précédente. Je veux pas qu'elle parte. Je fronce les sourcils et resserre mes doigts autour de ses poignets en sentant qu'elle se débat. Mon cœur se serre dans ma cage thoracique et tellement que s'en est douloureux. Je vais trop loin, je sais que je suis en train de dépasser les limites et je sais que je suis en train de la faire souffrir. Je devrais m'arrêter, il faut que j'arrête.

— Lâche-moi!

Elle continue de me fixer dans les yeux et le moment est tellement intense que j'ai envie de me mettre à pleurer. Pourquoi est-ce qu'elle continue de venir? Je l'ai humilié devant son lycée, je lui ai demandé de remuer mon thé, je l'ai laissé me porter sur son dos pour me ramener chez moi alors que je dois faire deux fois son poids, je lui ai demandé de m'apporter à manger et j'ai déjeuné sous son nez, je lui ai demandé de réparer ma télévision que j'ai saboté exprès... et je sais qu'elle continuera de venir, je sais qu'elle continuera de faire ce que je lui demande. Je suis un peu parano sur les bords et je sais que ce n'est pas seulement parce que j'ai besoin d'être puni pour ce que je fais. Elle fait ça pour une raison, pour sa raison à elle, mais c'est quoi? Qu'est-ce qui la pousse à m'obéir?

— Je suis curieux de savoir ce qui te rend si faible... est-ce que c'est ton ex, à qui tu voulais saccager sa voiture? C'est lui ou ce qu'il t'a fait qui te rend si appliquée quand il s'agit de faire ce que je te demande?

Je connais pas son ex et je ne connais pas encore Frances, mais je suppose que si elle a bousillé sa voiture, c'est parce qu'il a du la blesser. Comme moi je la blesse aujourd'hui. Si elle m'a lancé ce gobelet au visage hier, c'est parce que je l'ai blessé.
Et si leur relation était un peu comme la notre? Et si son ex était un gros connard immature qui lui fait du mal et elle le genre de fille qui fait tout pour avoir son attention et lui faire plaisir?

— Lâche-moi Harry..., dit-elle faiblement.

Je ne la libère pas pour autant. Oh mon dieu, admettons que ce soit ça... je ne peux pas m'empêcher de me mettre à rire. Alors Frances n'est pas si différente de Violet. Elle éprouve le besoin de me satisfaire, de me faire plaisir pour gagner mon attention et obtenir mon approbation en retour.

— Frankie, sincèrement... Tu crois quand même pas qu'en faisant ce que je te demande je vais finir par être attaché à toi? je ris à nouveau, bordel, c'est tellement bête. C'est ça que tu veux? De l'attention en retour de tout ça? Tu crois que je vais te sauver de ton ex petit-ami?

Bwahahaha, quelle tristesse. J'pensais que Frances était un peu cool à me tenir tête et tout, mais en fait, bof quoi.

— C'est vraiment pitoyable, vous êtes vraiment toutes les mêmes, vous les filles. C'est tellement triste.

Elle se défait sauvagement de ma prise et me pousse directement après ce qui me fait rire davantage. Mon dieu, est-ce que j'ai raison? Elle est vraiment dans un sale état, en plus de ça. On dirait qu'elle va hurler, pleurer, s'écrouler, me frapper.

— Je suis simplement honnête, Harold. Tu comprends ça? Tu connais ce mot, honnête? J'ai fait une erreur, je la répare. Je respecte mon engagement. Mais je suis pas là pour répondre à toutes tes fantaisies et t'appeler Maître parce que ça te fait te sentir important. Et je ne suis pas là non plus pour parler de ma vie privée et de ce qui me blesse avec toi, parce que ça ne te regarde pas. T'as pas le droit de me traiter comme ça. Pour qui tu te prends, sérieusement? C'est quoi ton putain de problème?

Elle me pousse sur son passage avant de quitter la maison. Je retire ce que j'ai dis. Cette fille est vraiment surprenante. Et une fois de plus, je me sens comme le dernier des cons. La prochaine fois, j'écoute pas Louis. Ca m'évitera de faire n'importe quoi.


Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant