VINGT-ET-UNIÈME JOUR ❥ ❥ ❥

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Il est trois heure de l'après-midi. Sur ma table de chevet reposent des emballages de gâteaux fourrés au chocolat, un thermos rempli de thé Chai et mon portable. Je suis dans un état lamentable. Je me sens un peu comme Tom dans (500) Jours Ensemble après que Summer l'ait largué et je sais même pas pourquoi. Enfin, je veux dire... J'ai aucune véritable raison d'être triste. Ma dispute d'hier avec Harry me contrarie, c'est juste ça...
Je crois que c'était clair: Harold ne veut définitivement pas être ami avec moi. Fin de l'histoire. Ca me rend affreusement triste parce que... bordel, mes pensées se répètent mais, on pourrait tellement bien s'entendre tout les deux, je le sais, c'est juste une putain d'évidence et je comprends pas pourquoi ce serait pas possible, pourquoi il refuse... ça me déprime, ça me dépasse et j'ai juste envie de passer ma journée allongée dans mon lit à bouffer des gâteaux bourrés de produits chimiques et boire du thé à grande gorgée jusqu'à ce qu'il daigne de m'envoyer un message.

Ça veut dire quoi pour lui « un moment »?

Je ne lève même pas les yeux lorsque la porte de ma chambre s'ouvre. J'ai envie d'être seule. J'aimerais dévisser ma tête de mes épaules, la poser à mes pieds et frapper dedans pour l'envoyer loin, très loin... Shooter dedans et faire qu'elle s'envole à des kilomètres loin de moi pour avoir la paix, pour arrêter de réfléchir, pour arrêter de me torturer l'esprit avec toute cette putain d'histoire.

Mais me connaissant, ça raterait. Parce que je suis tellement peu habile que je tâcherai de tirer comme un pied et ma tête ferait des petites tourbillons sur elle-même sans aller hyper loin, pour s'arrêter probablement juste là, dans un coin de la pièce.

Et dire qu'il n'aurait dû s'agir que d'un pauvre contrat de deux mois dans lequel je devais être au service d'un type quelconque. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que des espèces de sentiments se foutent là, au milieu? Tout aurait pu être si simple, si je n'avais pas pris les choses à cœur.

— Laissez-moi crever en paix..., je marmonne avant d'enfouir mon visage dans mon coussin en retenant ma respiration.
— Moi aussi je suis ravi de te retrouver, ma biche.
— Andy?! Je m'exclame et m'étonne en même temps, tout en me redressant brusquement pour me retrouver nez à nez avec mon meilleur ami qui dépose sa veste sur le dossier de ma chaise avant de s'approcher de mon lit pour poser ses fesses dessus. T'es rentré quand?
— A l'instant. Comme promis, je passe te voir..., dit-il doucement en glissant sa main dans mes cheveux.

Il me sourit tendrement en se penchant pour embrasser ma joue avant de jeter un coup d'œil à ce qui trône sur ma table de nuit. Il plisse les yeux avant d'arquer un sourcil, visiblement intrigué. Il s'empare du thermos pour se mettre à boire dedans. Après avoir avalé une lampée, il tire la langue, trouvant certainement mon breuvage trop sucré.

— Je m'assurais que ce n'était pas de l'alcool, mais en fait c'est pire. T'as mangé tout ça toute seule?demande-t-il en comptant à voix basse les papiers démunis de leur biscuit.
— Mh hm...
— Qu'est-ce qui va pas, Frankie? chouine-t-il en s'allongeant près de moi après que je lui ai fait de la place sur mon minuscule lit une place.
— J'ai pas très envie d'en parler...
— C'est à propos de Harry?
— Oui.
— D'accord, au moins je sais quel sujet éviter...

Il glisse rapidement ses bras autour de moi en jouant avec quelques mèches de mes cheveux, bisoutant mon front de temps à autre. Je ferme les yeux en me blottissant contre son torse parfumé. Sa présence m'avait tellement manqué... C'est étrange à quel point je peux être déboussolée sans mes meilleurs amis. Je me demande comment je vais survivre sans eux en sachant que nos chemins risquent de se séparer à l'issue de cette année, nos orientations étant toutes différentes.

— Tu m'as manqué.
— Toi aussi, Princesse. Énormément. J'ai trop pensé à toi pendant que j'étais là bas. Un gars dans mon dortoir était fan de You Me At Six. Et un autre avait un peu le même look que Charlie, mais version mec, tu vois? J'avais l'impression de vous avoir avec moi.
— C'est vrai?
— Oui, je t'assure... Ils étaient sympa, mais c'était rien à côté de vous, forcément. Ils étaient complètement fascinés par le fait que je sois gay. T'sais en général, les garçons ont beaucoup d'a priori sur les garçons homosexuels... ils ont peur de sortir de la douche en serviette ou de dormir dans la même chambre qu'eux... mais là, ils étaient tous hyper cools avec moi! Et ils me posaient plein de question sur ma sexualité. C'était trop drôle... d'être plongé dans un bain d'hétérosexuels curieux... Ils étaient bien plus ouverts d'esprit que ces ploucs qui se foutent de ma gueule au lycée.
— Je me doute... je suis contente que tu aies passé de bonnes vacances, Andy. Vraiment.
— Je suis plutôt satisfait aussi. D'autant plus que je me sens vraiment prêt pour les examens maintenant. Et toi, alors? Tu as pu bien réviser?
— Malgré tout ce qui a pu arriver ces derniers jours, j'ai réussi à tout faire. Faut dire que j'avais pas mal d'avance étant donné que j'révise depuis le début de l'année... Je me sens prête aussi. Par contre, j'en connais une qui risque de moins bien le sentir que nous...
— Tu veux parler de cette meilleure amie ingrate qui flirte avec un français pourri? dit-il amèrement.

Je savais qu'Andreas n'aimerait pas Nicolas! Je sais humer ce genre de chose... je sais humer tant de chose...

— T'es jaloux?
— J'aime pas quand Charlie est amoureuse... Elle me laisse tomber comme une vieille chaussette... Rappelle toi comment ça s'est passé avec Luke. Ils se sont mis ensemble, elle était tout le temps en train de rêvasser à cause de lui, elle mangeait avec lui et sa bande d'homophobes à la con, elle nous laissait tout le temps en plan pour sortir avec lui, pour aller dormir chez lui et faire je ne sais quoi, comme de la baise par exemple... Pouah, ça me dégoûte rien que d'y penser. Puis après, quand elle s'est séparée de lui, quand il l'a largué pour une raison stupide... et qu'elle était brisée... qui l'a ramassée à la petite cuillère? C'est bibi! Et là, revivre le même sketch... avec un français? Elle va être amoureuse transit, nous parler de lui à longueur de temps. Nicolas par ci, Nicolas par là... Et après, elle va commencer à déprimer ou à psychoter toute seule parce qu'elle aura peur qu'il la trompe ou je ne sais quoi... Les relations à longue distance c'est beau. J'trouve ça vraiment bien, hein. Mais c'est pas pour Charlie. Elle est trop fragile au fond d'elle pour subir un truc pareil. Sortir avec un bouffeur de grenouilles, c'est la plus grosse fausse bonne idée qu'elle ait jamais eu...
— T'es jaloux.
— J'ai pas envie de la voir triste encore une fois, gémit-il. J'ai peur de ce qu'elle est capable de faire... Enfin, tu sais de quoi est capable Charlie quand elle est malheureuse. Et je désapprouve. En plus il est même pas beau.
— Arrête Andreas, il est trop mignon son copain... Il sont à croquer tous les deux. Je trouve qu'ils se sont très bien trouvés, moi. C'était leur destin de se rencontrer dans ce château et c'était leur destin d'avoir leurs familles unies... Moi je trouve ça singulier et beau, digne d'un film. Ils étaient fait pour se rencontrer, pour finir ensemble. C'est toujours plus romantique et beau que ce que je vis avec cet idiot de Harry Styles, en tout cas...

Un silence s'installe, Andreas serre les lèvres. Je fronce les sourcils lorsque ma dernière phrase résonne finalement dans mes oreilles, me provocant un pincement au cœur. J'ai besoin d'un nouveau gâteau...

— T'es sûre que tu veux pas en parler? ose-t-il demander en caressant ma joue pour dégager mes cheveux de mon visage, alors qu'ils retombent sur mes yeux, de manière à les ranger derrière mon oreille.
— On s'est disputés hier au téléphone, je finis par avouer.
— A quel sujet?
— Il ne veut pas être ami avec moi.
— Comment ça?
— Il supporte pas qu'on se rapproche. Du moins, c'est ce que j'ai conclus. A chaque fois qu'on agit de manière amicale, il fait tout pour que ça pète entre nous. L'autre soir, je suis allé le chercher à la sortie d'un pub parce qu'il était torché et il m'a dit des choses... Qu'il assumait pas de penser visiblement, et hier, c'est parti en live à cause de ça. Il m'a dit qu'il voulait plus me voir pendant un moment quand je lui ai fais remarqué qu'il s'éloignait de moi quand on commençait à construire les bases saines d'une relation purement amicale. Je sais pas pourquoi il fait ça... Est-ce que tu crois qu'il pense que je suis une mauvaise amie?

Mon meilleur ami se met à ricaner en levant les yeux au ciel.

— Sérieusement, Frankie? Il lui manquerait une case si il pensait ça de toi. T'es la personne la plus attentionnée et la plus adorable que j'ai jamais connu. Personne ne peut te détester... j'veux dire... c'est contre nature. T'es hyper avenante, toujours en train de t'occuper du bien être des autres. Tu te poses beaucoup trop de questions, t'as pas confiance en toi et c'est un peu agaçant parfois, parce que tu te rends pas compte quelle fille géniale tu es... Mais je suppose que c'est ce qui fait ta personnalité. Harry Styles serait un sombre con si il pensait que t'avoir parmi ses proches serait une erreur, ou une mauvaise chose... Tout le monde devrait avoir une Frankie avec soi...
— Tu sais que ça me gêne ce que tu dis, je lui fais remarquer, mes joues étant rouges écrevisse.
— Je sais, mais j'ai pas fini. Écoute bien ce que je vais te dire... Cesse de te remettre en question dans cette histoire, parce que tu es absolument irréprochable, d'accord? Ton comportement est normal, parfaitement normal. Ce mec est tellement indécis qu'il te fait tourner en rond. C'est logique que tu deviennes dingue, que tu perdes ton sang froid, que tu te sentes comme la dernière des connes... C'est lui et son comportement qui te poussent à agir de la sorte. Il marque une pause. Avec le recul, c'est étrange de connaitre la vie privée de l'une de mes idoles, de remarquer à quel point il peut être paumé, lui aussi... humain. J'aurais pas imaginé une seconde Harry Styles, le Harry Styles être de la sorte, pense-t-il à voix haute, pour lui-même.
— J'ai envie de le comprendre, Andy... Je veux savoir ce qui le dérange, ce qui fait qu'il agit comme ça.
— C'est pas assez évident?
— Quoi?
— Bah... C'est toi qui le rend comme ça.
— Quoi?!
— Allez Frances... Me dit pas que t'y as jamais pensé?

Je reste incrédule. Andreas se met à sourire d'un air narquois.

— Bon. Arrête moi si je me trompe... Il agit de manière parfaitement normale avec les autres personnes qu'il fréquente. Du genre, Zayn, Louis, Liam ou encore Niall. Je sais pas si tu l'as déjà vu avec quelqu'un d'autre, alors on va juste prendre les membres du groupe... Il est normal, naturel et simple avec eux, n'est-ce pas? Par là, je veux dire qu'il n'est pas toujours en train de mettre des barrières avec eux comme il le fait avec toi...
— Pas que je sache.
— Bien. Alors si il est comme ça, c'est forcément parce que c'est toi.
— Mouais, léger comme exemple. C'est moi le problème, alors?
— T'es pas un problème, Frankie... Tu dois lui faire ressentir certaines choses qu'il aimerait pas ressentir et... il te rejette parce qu'il sait pas comment gérer ce qui se passe en lui et parce qu'il pense que c'est le seul moyen de refouler ce que tu lui fais éprouver.
— N'importe quoi..., je pouffe de rire en cachant mon visage. T'es complètement à côté de la plaque, je dis en me redressant pour attraper un gâteau et le manger assise en tailleur, près de lui.
— Pense ce que tu veux, bouffeuse de cochonneries, déclare passivement Andreas en s'étirant de tout son long, toujours allongé sur mon lit. Reviens me voir quand tu verras que j'ai raison et quand tu auras de l'acné à cause de tout le sucre que tu t'envoies!

Je lui tire la langue après avoir avalé ma bouchée et avant d'en engloutir une nouvelle. Et pour la énième fois, je me demande combien de temps Harry va rester dans le silence... Mais peu importe. Andreas est là, Charlie rentre demain et les cours reprennent bientôt... J'aurais d'autres choses à penser. Je suppose.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant