CINQUIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ there are no happy endingsbecause nothing ever ends.

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Je sors tranquillement du lycée en riant avec Andreas et Charlie et m'apprête à faire la route avec eux lorsqu'Andy me donne un petit coup de coude, cessant de rire immédiatement. Je lève les yeux vers lui en l'interrogeant du regard, alors que nous nous arrêtons tout les trois de marcher. Je cherche à savoir ce qu'il fixe au loin avec tant d'insistance et me retrouve à bloquer Harry, planté sur le parking en face de nous. Il est appuyé contre la portière de sa voiture toute nettoyée de mes tags, les bras croisés sur son torse, attendant visiblement que je le rejoigne.
— Il est venu te chercher, chuchote Andreas.

Je trouve ça assez dingue que personne ne vienne le voir, que personne ne reconnaisse Harry Styles de One Direction sur le parking de notre lycée, alors que tout le monde me bassine avec ça depuis des jours. C'est sûr que c'est tellement improbable qu'il revienne, que ça ne doit frôler l'esprit de personne, m'enfin quand même... Il est connu, quoi. Et reconnaissable. Surtout à Londres.

Je m'apprête à y aller quand Charlie me retient par le bras. Je me tourne brusquement vers elle en fronçant les sourcils.

— Viens Frankie...

Elle parle suffisamment fort, comme pour qu'il l'entende. Elle ne le quitte pas du regard, déterminée à ne pas me laisser partir avec lui. Ils se fixent longuement des yeux, lancés dans un grand duel. Je me mets face à elle pour attirer son attention.

— Ça va bien se passer, je me laisserai pas faire, j'te promets.
— Il va encore te faire pleurer, si ça se trouve. J'ai pas envie que tu rentres avec lui. On devait aller chez moi pour réviser, tu te souviens?
— J'ai un engagement, j'peux pas l'ignorer.

Elle relâche doucement mon bras au bout d'un temps de réflexion en soupirant, me laisser partir ne lui étant apparemment pas une tâche facile.

— Je t'appelle dès que je suis rentrée.
— Fais attention à toi.

Je lui adresse un sourire que je veux rassurant avant de faire volte-face pour me diriger vers Harry qui, alors que je m'approche de sa voiture, se décolle de sa portière pour l'ouvrir et s'installer derrière le volant. Je m'installe alors côté passager, posant mon sac à mes pieds. Nous bouclons nos ceintures au même moment, puis il met le contact avant de démarrer silencieusement. Charlie et Andy sont toujours là et nous regardent partir. Une fois que nous quittons finalement le lycée, il inspire longuement, se préparant visiblement à parler. Dans un premier temps, j'essaye de savoir où est-ce qu'on va, quand je remarque qu'il emprunte le chemin qui mène jusque chez moi.

— Écoute Frances, je...

Je tourne la tête pour le regarder, surprise d'entendre sa voix être aussi douce. Il se racle la gorge.

— Je suis désolé pour l'autre soir, chez moi. Et pour le coup de la liste pour le petit déjeuner, aussi. J'ai été dur avec toi. Je m'en suis pris à toi, alors que tu dois pas forcément aller bien... Je sais qu'une rupture n'est pas facile à vivre. Je t'ai fait pleurer et je regrette...

Je baisse la tête et regarde longuement mes cuisses, laissant échapper un faible soupir. Je triture du bout de mes ongles la couture de ma jupe en mordant l'intérieur de ma lèvre, heureuse qu'il s'excuse finalement.

— Tu m'as vexée en me lançant ce verre à la figure et en m'insultant, alors j'ai voulu te blesser en retour. J'agis souvent comme ça, ces derniers temps. Je sais que c'est un peu poussé comme réaction, mais... j'sais pas ce qui me prend. Je suppose que c'est la pression que je ressens qui me pousse à être aussi agressif... je sais pas, j'en sais rien. En tout cas, je te demande de m'excuser pour tout ça. Tu m'as ouvert les yeux l'autre soir avec ce que tu as dis. Tu es une bonne personne et je suis vraiment mauvais avec toi. Excuse moi.

Je hoche doucement la tête avant de lever la tête à nouveau pour le regarder.

— Ça va, t'en fais pas. Je me mets à ta place et j'imagine que ce que tu vis doit être difficile à gérer, je comprends que tes humeurs soient variables, que tu réagisses au quart de tour. Je suis désolée aussi, si je te provoque parfois. J'ai juste pas l'habitude de me laisser marcher sur les pieds...
— Merci.

Il décroche son regard de la route pour me regarder brièvement, m'adressant un demi-sourire. L'atmosphère se détend peu à peu. Un ange passe.

— Comment s'était hier avec ta famille? Bien?

Il hoche la tête en souriant largement, restant concentré sur la route.

— C'était génial. Ma mère m'avait beaucoup manqué. Si tu avais vu ce monde. Ça fait du bien de revoir les siens après tant de temps.

Je suppose que c'est en partie grâce à ça si il est si gentil avec moi, aujourd'hui. Le fait d'avoir vu sa famille l'a apaisé et ressourcé. Il se sent mieux. Le silence retombe. Il tapote doucement contre son volant du bout de ses doigts et alors que nous arrivons au stop qui se situe juste avant le croisement qui mène chez moi, Harry passe sans s'arrêter, rentrant presque dans une voiture, ce qui fait qu'il pile brusquement.

— T'as grillé le stop, Harry! je m'écrie en le regardant, complètement paniquée.

La voiture nous klaxonne à de nombreuses reprises avant de passer. Si il y avait eu un accident, j'aurais été la première touchée. J'ai eu la peur de ma vie, je crois.

— Ne me hurle pas dessus, je l'ai pas vu!
— On a faillit avoir un accident, sois plus prudent!
— J'ai pas de conseils à recevoir d'une fille qui n'a même pas son permis.

Je m'apprête à répliquer quelque chose, mais il m'a eu sur ce coup là. Je croise mes bras sur ma poitrine en regardant la route. L'ambiance est désormais complètement ruinée. Un apaisement pour mieux reprendre les hostilités.

— Tu as raté le croisement qui mène jusque chez moi, je lance froidement avant de pincer mes lèvres.

Il regarde dans son rétroviseur et se stoppe sur le coté de la route avant de mettre les warning.

— OK. Descends.
— Pardon?
— Tu me déconcentre pendant que je conduis, t'es vraiment insupportable!
— J'ai simplement évoqué le sujet de ta famille pour faire la conversation, je vois pas ce qu'il y a de dérangeant là dedans. Après si tu ne connais pas ton code et si t'as besoin qu'une personne qui n'a pas son permis te rappelle qu'il faut s'arrêter à un stop, alors c'est pas mon problème.
— Sors de ma voiture!

Je détache nerveusement ma ceinture et récupère mon sac. Avant d'ouvrir la portière, je me tourne vers lui. Il ne me regarde même pas.

— Tu gâches tout, j'espère que tu t'en rends compte. J'ai rien fais de mal. Remets toi en question, Styles. Tout le monde fait des erreurs, tu ne peux pas être parfait partout. Je pensais que tu serais le genre de personne qui se fiche des critiques vu le métier que tu exerces, mais visiblement, je me trompais sur toute la ligne. Tu prends tout de travers. C'est toi qui est insupportable. Grandis un peu!

Je sors de la voiture et claque la portière derrière moi avant de monter sur le trottoir. Je le regarde s'en aller, dressant mon sac sur mon dos. Je soupire de frustration et commence à marcher en direction de chez moi lorsque sa voiture n'est plus visible au loin. Sur le trajet, je sors mon téléphone de mon sac pour joindre Charlie comme promis et lui raconter ce qui vient tout juste d'arriver.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant