PREMIER JOUR ❥ ❥ ❥ you have no choice.

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— Par sa faute, je ne rencontrerai jamais la personne qui me fera oublier Jake. Je vais être malheureuse et exploitée pendant deux longs mois et je vais probablement finir dépressive... et en prison pour meurtre par empoisonnement ou par strangulation.
— Si ça se trouve, c'est lui le gars que tu es supposée rencontrer, répond Charlie du tac-au-tac, sans même me regarder.

Elle est bien trop concentrée à refaire le vernis aux pieds d'Andreas qui lui, joue tranquillement à Nintendogs sur sa Nintendo DS rose pâle. Je soupire de frustration en m'étalant de tout mon long sur le lit de ma meilleure amie, reposant près de moi son ordinateur portable dont je me servais.

— Personnellement, j'aimerais que Harry Styles soit mon maître, commente Andreas en haussant les épaules.
— Mais il est détestable! Comment tu peux admirer une personne pareille? Il a toujours cet espèce de rictus. Il a une tête de poisson, tu sais... On dirait le poisson dans la pub BN là, avec son espèce de sourire forcé débile. Il s'habille comme un plouc, en plus de ça. Si j'étais l'esclave d'une bombe sexuelle, ça m'poserait pas de problème, mais là... Il est petit, son visage est une calculatrice c't'un refuge à point noirs, il met des nœuds papillons et il se croit trop en place parce que des filles de onze ans et demi écrivent son prénom sur leurs petites culottes. Il s'appelle Harold. Harold. Il est aussi moche que son prénom. C'est juste un gros péquenot de base...
— Tu cherches tellement d'arguments pour prouver que tu le détestes qu'on a presque l'impression que tu en pinces pour lui. Hein Andy?
— Totalement, répond-t-il à Charlie en souriant. Tu veux trouver la petite bête, mais ce garçon est parfait et tu l'sais. Je lève les yeux au ciel à ses mots. On aura tout entendu. La couleur de ses yeux est parfaite, ses boucles sont trop adorables, il a un cul de rêve et il est musclé. Que tu le croies ou non, il est vraiment bien foutu, Frankie. Je l'ai vu en boxer sur internet, il a même l'air bien membré, vu la...
— Andreas, épargne-moi les détails, je t'en prie.
— Pardon... Mais avoue qu'il s'habille vraiment bien, par rapport à certains anglais. Il sent bon. T'as senti comme il sent bon? Il t'a porté sur son épaule, t'as bien du sentir, hein t'as senti Fran, dis moi que tu as senti cette adorable créature... Quand tu m'as mis en face de lui, je pouvais sentir son parfum exquis chatouiller agréablement mes petites narines... J'ai juste failli m'évanouir.

Andreas est comme ma mère, voir pire. C'est une Drama Queen. Le top level des Drama Queen, même. Il fait un flan de tout, j'aurais dû compter combien de fois est-ce qu'il a dit le mot « sentir ».

— Il a une fossette trop mignonne et un sourire parfait, continue-t-il. Il est parfait. Il est drôle, il a des belles mains et sa voix... Mon Dieu, sa voix... Franchement, t'aimerais pas l'entendre scander ton prénom pendant qu'il te fait l'amour?
— OK. Faites le taire! Je t'en supplie Charlie, arrête-le dans sa démence, mes oreilles saignent.

Andreas se met à rire en mettant son jeu en pause pour se tourner vers moi et me regarder entre quatre yeux.

— Je suis sûr que Charlie a raison, c'est le garçon qui te fera oublier Jake. Vous n'allez pas forcément sortir ensemble, si c'est ça qui t'effraie... De toute façon, t'es pas son genre du tout, il préfère les filles plus vieilles que lui... Mais tu vois, vous pouvez développer quelque chose d'autre! En tout cas, le fait qu'il soit entré dans ta vie à ce moment précis, juste après ta rupture, n'est pas un hasard. Il aurait très bien pu lâcher l'affaire, ne pas se casser le cul à te retrouver et repayer sa voiture seul... Comme tu lui as dis, il en a largement les moyens. Si il est venu te chercher jusqu'au lycée pour te proposer d'être son esclave, c'est pas un hasard... Saisis ta chance.
— Si tu le dis...
— Envoie l'autre pied, ma biche!

Andreas se désintéresse subitement de moi pour tendre son autre pied à Charlie. Je soupire d'indignation en observant mes deux acolytes.

Charlie et Andreas sont mes meilleurs amis depuis le collège. On est vraiment une sacrée brochette tout les trois.

Charlie est probablement la fille la plus jolie du lycée. Elle est effroyablement grande. Ses jambes sont fines et longues et c'est assez impressionnant quand on y réfléchit. Sa peau est incroyablement pâle – comme une bonne partie des anglaises, vous allez me dire – et ses cheveux sont d'un roux éclatant qui retombent en cascade sur ses frêles épaules. Ce qui contraste avec sa beauté, c'est son caractère bien trempé. Elle a tellement l'habitude de se faire traiter comme un morceau de viande par tout les garçons qui croisent son chemin, qu'elle est agressive et méfiante avec absolument tout le monde.

Andreas a fait son coming-out il y a de ça à peu près trois ans. Il a toujours su qu'il était homosexuel, mais ses parents préféraient l'ignorer, je crois. Quand Andy l'a annoncé clairement, son père l'a foutu à la porte. C'est suite à cet incident qu'il s'est réfugié chez ses grands-parents. Malgré le rejet de ses géniteurs, Andreas est le rayon de soleil de la bande. Il est toujours de bonne humeur, toujours partant pour faire tout et n'importe quoi. En général, il raisonne Charlie quand elle est hors d'elle et il essaye de remonter l'estime que j'ai de moi-même en me faisant des compliments quand je me sens la dernière des nulles, et des moches, et des débiles.

Quant à moi, je suis probablement la personne la plus effacée des trois. C'est vrai qu'il est difficile de rivaliser avec la fille la plus jolie et la plus enragée du lycée ou alors le gay qui s'affirme et qui fait rire tout le monde. Deux grosses personnalités, quoi. Je suis le cerveau de la bande, si on peut dire, en quelque sorte. A défaut de ne pas être forcément très belle et pas très drôle comme le sont mes deux meilleurs amis, je me rabats sur mon intelligence. Je suis vraiment maladroite comme personne, c'est probablement le pire défaut que je puisse avoir. J'ai aussi une très mauvaise image de moi. Je suis affreusement mal dans ma peau et je ne m'aime pas beaucoup.

Je sursaute en sentant soudainement mon téléphone vibrer. Je me redresse brusquement et consulte le message que je viens de recevoir. Le numéro n'est pas dans mon répertoire. Je devine immédiatement qu'il s'agit de Harry.


« Viens me rejoindre au bar auquel nous étions tout à l'heure. Maintenant. »



Je pousse un soupir de frustration avant de me mettre à chouiner.

— Harry? suppose Charlie en ricanant.
— Il faut que j'y aille, le devoir m'appelle.

Je me lève, enfile mes chaussures et ma veste la mort dans l'âme avant de me diriger vers la porte de la chambre de Charlie.

— Tiens nous au courant.

Je hoche la tête en faisant une tête de chien battu.

— A plus tard...

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant