QUATRE-VINGT-NEUVIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ fuck the miles, fuck 'em.

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Lundi, 18 juin.

— J'te parie qu'il sortira entre 15h30 et 15h40.— D'accord, bah moi j'te parie qu'il sortira avant. Et si c'est 15h29, tu perds, on est d'accord.
— Marché conclu. Celle qui perd offre un truc à boire à l'autre tout à l'heure, établie Charlie.

J'appuie ma nuque sur l'une de ses cuisses en posant ma main sur mon visage pour cacher mes yeux du soleil, après avoir frappé dans la sienne de manière à fixer notre pari. Le premier jour des examens, c'était aujourd'hui. Nous avons eu deux épreuves, une ce matin et une cette après-midi. Charlie et moi sommes sorties en avance et comme deux parfaites meilleures amies qui se respectent, nous attendons qu'Andreas termine la sienne avant d'aller s'installer à la terrasse d'un café pour boire quelque chose de rafraîchissant. Il fait incroyablement beau et chaud aujourd'hui et c'est vraiment agréable.

Charlene glisse ses doigts à travers mes cheveux et je pourrais presque m'endormir. J'ai passé une grosse partie de ma soirée d'hier à attendre que Harry se connecte sur Skype pour pouvoir lui parler une poignée de minutes avant d'aller me coucher. J'ai perdu quelques heures de sommeil, ce qui n'est pas très intelligent avant une journée d'examens, mais je crois que j'ai pris l'habitude de dormir moins. Depuis que Bob l'Éponge est rentré dans ma vie, mes nuits sont de plus en plus courtes.

Il est 15h34 quand Andreas sort de sa salle et Charlie est folle de joie à l'idée d'avoir gagné un verre gratuit. Nous nous levons toutes les deux pour le rejoindre et ce n'est que lorsque nous sommes suffisamment proches de lui que nous parvenons à remarquer la moue déconfite sur son visage.

— Bah qu'est-ce qu'il va pas mon Doudou? demande Charlie en imitant la moue d'Andy.

Je me pends à son bras et embrasse sa joue avant de reposer ma tête sur son épaule alors que nous quittons tranquillement la cours dans laquelle nous étions en train d'attendre pour nous diriger vers le premier café qui se présente.

— Ça s'est mal passé? je questionne en resserrant mes bras autour du sien pour lui faire part de ma présence.
— Non, ça allait, j'ai répondu à tout et j'ai bien développé mes idées...
— Alors c'est quoi le souci? Pourquoi tu boudes?
— Parce que je suis resté stoïque pendant une demie heure à regarder le surveillant de la salle qui est venu au bout de la deuxième heure... J'ai été incapable de me concentrer après ça. Enfin, pas véritablement incapable puisque je me suis remis au travail, mais... Il était tellement beau, soupire-t-il.

Charlie lève les yeux au ciel en marchant devant nous, à reculons.

— T'es vraiment grave, se moque-t-elle en regardant derrière elle pour s'arrêter au niveau du passage piéton.
— Tu crois que la fin de ton devoir sera mal notée parce que tu as été trop distrait pour continuer correctement?
— Je sais pas... Je me suis relu deux fois et ça sonnait bien, déclare-t-il le regard dans le vide. Mais imagine, sans faire exprès j'ai écrit quelque part dans mon devoir, sous forme subtile de messages subliminaux qu'il avait les mêmes fesses rebondies et fermes que Louis Tomlinson..., continue-t-il en me regardant d'un air paniqué.

Charlie pouffe de rire en ne marchant que sur les lignes blanches par terre. Une fois de l'autre côté de la route, nous nous posons à une terrasse sur laquelle sont installés des tas d'autres étudiants de notre école. Je m'affale sur la table en soupirant et lève les yeux vers Andreas qui est toujours rongé par l'angoisse.

— En fait, le plus dramatique dans toute cette histoire, c'est pas tellement le fait que ce surveillant et sa merveilleuse paire de fesses m'aient déconcentré en plein examen parce qu'au fond de moi, j'espère sincèrement qu'il sera là demain.... Non, en fait le pire, c'est l'idée que l'année prochaine je serai dans une école de garçons... que de garçons. C'est-à-dire que dans les couloirs, dans ma chambre d'internat, dans les douches, dans la cantine, dans ma classe ainsi que derrière mes paupières quand je me coucherai pour m'endormir le soir, il y aura une multitude garçons mignons vêtus de cet uniforme gris moulant...
- Bonjour! Qu'est-ce que vous prenez? nous interrompt soudainement la serveuse, un large sourire sur le visage.

Nous commandons et Charlie me sourit malicieusement en sachant que je vais payer sa boisson. Une fois la fille partie, Andreas repose sa tête sur la table en gémissant.

— Comment je vais survivre? Je vais sans arrêt être distrait par ces bombes sexuelles et je vais rater mon année et je vais revenir ici et moisir chez mes grands-parents jusqu'à atteindre la trentaine et une fois que j'aurais trente trois ans et demi, je finirais par me pendre au lustre avant ma ceinture à cause de la névrose...
— Arrête de dire des conneries ignoblissimes, Andreas, tu fais flipper, grogne Charlie en frappant l'arrière de sa tête. Tu vas débarquer à Brighton, tu vas te trouver un mec, parce que je te rassure, tu n'es pas le seul homosexuel qui existe sur cette planète et certainement par la seule folle à aller à Brighton. Et une fois que tu auras apaisé tes tensions sexuelles avec un certain mâle bourré d'affection et capable de te supporter, tu verras toutes tes petites craintes s'évaporer... Pouf! Comme ça, dit-elle en levant les bras au ciel.
— Tu crois que quelqu'un voudra de moi? minaude notre meilleur ami en se dandinant sur lui-même.
— Non, en fait t'es trop moche, le taquine-t-elle.
— S'te plait, Charles..., dit-il en adoptant soudainement son petit air supérieur, reprenant visiblement du poil de la bête. Tu sais très bien que de nous deux, c'est toi la moche. Ça a toujours été comme ça: Moi j'suis la bombe et toi t'es le déchet radioactif.

Charlie lui fait un doigt d'honneur avant de détourner le regard pour regarder la serveuse déposer nos boissons devant chacun d'entre nous. Je me saisis rapidement de ma paille, la glisse entre mes lèvres et aspire une longue gorgée de sirop avant de pincer l'arrête de mon nez en grimaçant.

— Putain, je viens de me glacer le cerveau, je geins en appuyant sur mes tempes, comme si ça pouvait y changer quelque chose.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant