QUARANTE-QUATRIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ you and me, we're falling in love.

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Je dévale les escaliers comme une dératée et m'appuie sur la rambarde pour sauter les quatre dernières marches avant de faire quelques pas et ouvrir la porte à Harry. J'explose de rire en le voyant là, attendant comme un imbécile heureux, un sac à dos vert sur le dos. Lorsqu'il remarque que c'est à cause de ça que je me marre il me fait une pichenette dans la joue en faisant la moue.
— C'est le sac de Niall, d'accord? Comme j'en avais pas, il s'est dévoué pour me prêter le sien. Et c'est toujours mieux que les sacs de filles de Zayn... Alors te moque pas. Niall est irlandais, il aime le vert. Et même si je porte pas bien cette couleur, c'est le contenu qui compte, OK?
— Qu'est-ce que tu as apporté, Harold? je lui demande en me calmant, l'invitant à entrer.

Nous montons directement à l'étage pour aller dans ma chambre. Je me laisse tomber sur mon lit et Harry s'empresse de poser son sac à mes cotés de manière à défaire la fermeture.

— C'est hyper silencieux... On est seul?
— Ma grand-mère va bientôt rentrer, mais sinon oui, on est seul.
— D'accord. Hum. J'ai acheté des livres de révisions... J'espère que tu ne les as pas déjà, j'ai cherché lesquels prendre pendant trois quarts d'heure au magasin. Un type est venu me présenter les modèles les plus complets... et je me suis retrouvé avec ça.
— T'es malade, t'aurais pas du faire ça! Ca a du te coûter une fortune, en plus de ça, espèce de...
— Frances, je suis presque millionnaire, c'est pas deux cahiers de révisions qui vont faire ma ruine, détends toi. Puis c'est important les études. J'ai pas pu finir les miennes, mais toi tu as besoin de finir les tiennes si tu ne veux pas terminer comme vendeuse de cafés au Starbucks du coin. J'ai aussi acheté un petit cahier, comme ça je vais te préparer des questions sur les trucs que tu révises pour que tu me montres si t'as bien appris.
— Tu me fais peur là, Harry... T'es conscient que je risque de réviser jusqu'à mi-juin?
— Et alors?
— Et alors tu seras pas toujours là pour me poser des questions, tu a une tournée à préparer, je te rappelle...
— Mais j'ai du temps libre en ce moment, alors je peux bien faire ça! On s'y met?
— T'es presque plus motivé que moi...

Il rit en s'installant en tailleur sur mon lit, son cahier sur les jambes, le stylo à la main.

— Il faut bien que je te torture d'une manière ou d'une autre...
— Petit enfoiré, je souffle en m'emparant du livre de révisions pour la géographie. Commençons par le plus chiant... La Mondialisation.


***


— Is the proof that love's not only blind but deaf, disons nous d'une même voix avant que je ne me mette à faire la mélodie de la chanson avec des "tududu."

Voilà près d'un quart d'heure – trois chansons, en fait – que nous sommes tous les deux allongés sur le toit de mon garage, juste sous ma fenêtre pour faire une pause dans les révisions. Comme quand je fais une pause dans mes devoirs, j'écoute de la musique, nous voilà à nous partager les écouteurs de mon iPod pour écouter du Arctic Monkeys.

— Je suis contente que tu sois venu m'aider à réviser aujourd'hui.
— C'est vrai?
— Ouais...
— Je suis content d'être là, moi aussi.
— C'est vrai?
— Ouais...

Je me mets à rire avant de pousser un long soupir. Je tourne la tête pour regarder Harry qui fixe le ciel prendre cette teinte rose orangée alors que le soleil se couche, les mains derrière la tête.

— Harold?
— Mh?
— Tu vas pas t'éloigner, hein?

Il tourne directement la tête vers moi et nos regards se croisent. Je me glisse sur le flanc pour être complètement face à lui. Il en fait de même.

— Quoi?
— Quand on se rapproche, tu t'éloignes. Tu te rappelles, je t'en ai parlé dans ta salle de bain l'autre fois.

Je m'apprête à changer la chanson qui joue dans nos oreilles, mais Harry balaye ma main de l'appareil en fronçant les sourcils.

— Laisse.

Kiss Me de Ed Sheeran. Je déglutis et lève les yeux vers lui, pour le fixer à nouveau. Il esquisse un sourire avant de prendre une longue inspiration.

— Je ne vais plus... m'éloigner de toi. J'ai bien compris, avec ce que tu m'as dis... que c'était vraiment pas la bonne solution. J'ai plus envie de faire ça.
— Harold, j'ai senti que la chose que je t'ai dite juste après, comme quoi tu faisais ça pour que je ne m'attache pas à toi... C'était pas ça, pas vrai? Dis moi... dis moi pourquoi tu fais ça. Vraiment.
— Tu vas trouver ça con.
— Non, promis... s'il te plait.
— Quand je vois comment les fans réagissent par rapport à la relation de L..., il s'interrompt brusquement. Comment dire... Je... je voulais te protéger des médias. Si... si on se rapproche, si on se fait voir, les gens vont finir par se poser des questions. Personne ne sait véritablement où on habite, mais on est à l'abri de rien. Je voulais pas t'imposer ça... Déjà que je te mène la vie dure...

Je fronce les sourcils. Il ne répond pas à ma question.

— Harry, ce que tu dis... C'est... incohérent. Tu me réponds pas, là... si?
— En fait, je voulais te protéger et... me protéger, moi aussi. De. De toi.
— De moi?

Il s'apprête à prendre la parole, quand deux coups à la fenêtre le coupent dans son élan. Je me redresse brusquement et Harry en fait de même. Ma mère remonte le carreau, visiblement en colère. Elle a passé une mauvaise journée et elle a besoin de se défouler sur quelqu'un, je suppose. Je me lève et rentre dans ma chambre, la mort dans l'âme. Ma mère me lance un regard noir. Harry me suit et range directement ses affaires dans son sac. Je le regarde faire, silencieusement. Ma mère reste dans un coin de la chambre, les bras croisés sur sa poitrine. J'ai aucune envie qu'il parte.

— On se voit plus tard? demande-t-il en hissant son sac sur son dos.

Je hoche la tête en lui adressant un petit sourire. Il me fait un bref signe de main avant de saluer ma mère et disparaît de la chambre. Une fois que la porte claque en bas, ma mère explose:

— Tu es sensée réviser, pas te prélasser sur le toit de notre garage, Frances!
— Pourquoi est-ce que tu es aussi dure avec moi? On a bossé toute l'après-midi, on faisait juste une pause! je réponds plus fort en enroulant les écouteurs autour de mon iPod. J'en ai marre de t'avoir sur le dos en permanence! Je travaille, d'accord? Tu penses que depuis que j'ai fais quelques conneries, je vais rater ma vie, mais c'est faux putain! J'ai dix-sept ans, bordel. Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs! Estime toi heureuse que je ne fasse rien de pire! J'ai séché les cours, tout le monde fait ça! Laisse moi être une adolescente normale, de mon âge, bordel! T'es vraiment horrible avec moi. J'ai besoin de liberté. Et tu me prives de sortie. J'ai besoin de joindre mes amis et tu me prives de téléphone! Je suis allée en colle, j'ai fais ce que j'avais à faire, je suis à jour au niveau de mes devoirs, j'ai rempli ma punition. Je continue de faire mes devoirs, qu'est-ce que tu veux de plus, putain! J'ai le droit d'avoir une pause, j'ai le droit de m'allonger sur le toit de mon putain de garage pour discuter avec un pote après avoir listé mes chapitres sur des feuilles à la con!
— Arrête de jurer, Frances! Parle moi autrement, sinon...
— Sinon quoi? je la coupe. Tu vas me séquestrer dans un placard? Tu vas me priver d'iPod? D'ordinateur? Tu vas me forcer à faire le ménage et la vaisselle? Dommage que mon père m'ait abandonné sinon tu m'enverrais chez lui, c'est ça?

Elle élance sa main pour me gifler en plein visage. Je me calme directement à la suite de sa baffe et serre les dents en gardant les yeux rivés vers le mur. Mon visage me brûle, désormais. J'ai envie de pleurer. Je suis allée trop loin dans mes mots, j'en ai conscience... mais je suis à bout. Je sens un sanglot se coincer dans ma gorge, mes yeux me piquer douloureusement. C'est la première fois que ma mère lève la main sur moi. Je m'approche de mon armoire en sentant la rage monter en moi sur le coup, prends des fringues au hasard et les fourre dans un sac avant de dévaler les escaliers, ma mère à mes trousses.

— Frances! Où tu vas? demande-t-elle à la hâte, visiblement prise de panique.

Je ne réponds pas et me précipite dans la cuisine pour récupérer mon portable dans le pot d'épices vide. Je me tourne vers elle et la dévisage longuement avec de cracher:

— Je me casse d'ici. Tu m'oppresses. Je vais chez Tom.

Je sors par la porte fenêtre et ne prends même pas la peine de prendre mon vélo ou quoi que ce soit d'autre. Je suis tellement en colère que j'ai besoin de marcher, de me dépenser pour évacuer toute cette haine. Tom habite affreusement loin. J'ai besoin de sentir le froid faire se crisper mes muscles, geler le bout de mes doigts à m'en faire mal. J'ai besoin de courir comme une putain de dératée. De pleurer jusqu'à hurler au beau milieu de la rue, me fichant des gens qui sortent leur chien, qui rentrent du travail. Je suis folle de rage. Et c'est tellement digne d'un film ce que je suis en train de faire, que c'en devient ridicule... Parce que je suis mademoiselle Pathétique et que ça rend hyper mal dans cette rue, à cette heure ci, avec moi dans le rôle principal, dans cette situation précise. Je me sens bête et je pleure lamentablement en évitant le regard des passants, les bras croisées sur ma poitrine, morte de froid. Je n'ai pas pensé à prendre de veste.


***Je monte les quelques escaliers qui séparent l'entrée de l'immeuble pourri dans lequel vit mon frère de sa porte pour appuyer mon doigt sur la sonnette sans relâche, de manière à ce qu'il vienne m'ouvrir le plus vite possible. La musique est à fond à l'intérieur du studio et ça résonne dans le couloir, masquant les sanglots bruyants que je laisse échapper. Je sursaute en voyant son colocataire venir m'ouvrir et relâche soudainement la sonnette. C'est la première fois que je le vois..

— Si c'est musique trop forte, nous baisse, dit-il maladroitement avec son accent très prononcé.
— Je suis la sœur de Tom.

Il fronce les sourcils, ne me comprenant visiblement pas.

- Tooooooom! j'appelle, sans quitter son colocataire des yeux.

Mon frère rapplique quelques secondes plus tard et pousse son pote pour me prendre par les épaules. Rien que le fait de le voir me donne envie de pleurer plus fort. Mon menton se met à trembler furieusement alors que de nouvelles larmes se forment dans mes yeux. Il prend mon visage entre ses mains et caresse mes pommettes froides et humides avec ses pouces, l'air inquiet, me fixant douloureusement dans les yeux, comme si il pouvait ressentir ma peine, rien qu'en me touchant.

— Qu'est-ce qui se passe, Sis? Pourquoi t'es là?
— Est-ce que je peux rester chez toi quelques temps?
— Bien sûr, dit-il en s'emparant de mon sac et en m'attirant à l'intérieur.

Il coupe la musique, alors que son coloc s'occupe de fermer la porte derrière nous, complètement paumé. Mon frère lui dit quelques trucs en espagnol et me force à m'asseoir sur son canapé, se reconcentrant sur moi.

— Qu'est-ce qui est arrivé?
— Je me suis disputée avec Maman. Et elle m'en a mise une. Je suis fatiguée, Tom... Je fais des efforts pour lui prouver que je suis toujours sérieuse et que même si j'ai fais quelques trucs de travers, c'est pas.... moi, enfin, je suis pas devenue une délinquante. Mais elle est de plus en plus dure avec moi. Elle devient dingue pour rien. Elle me prive de tout, j'ai l'impression d'être une merde. J'ai l'impression d'être toute seule et j'ai l'impression que tous ceux qui m'aiment me rejettent. J'en ai marre, j'ai juste besoin de quelqu'un... je suis épuisée... j'en ai marre d'être ici.

Je prends mon visage entre mes mains et me mets à pleurer. Je repose mon front contre l'épaule de mon frère après quelques secondes et il s'empresse de me prendre dans ses bras. Je mords dans ma lèvre et retire mes mains de mon visage pour entourer son cou de mes bras et le serrer contre moi. Il embrasse ma tempe et passe sa main dans mes cheveux, tout doucement.

— Calme toi, Frances. On est en weekend, tu vas te reposer et tout va bien aller, c'est promis. Je suis là. T'es pas toute seule... Moi je t'aime. T'entends ça, Franny? Je t'aime.

Je soupire de contentement contre sa peau en me serrant davantage contre lui, hochant faiblement la tête. La pression redescend lentement...

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant