SOIXANTE-DEUXIÈME JOUR ❥ ❥ ❥

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Je me lève brusquement et enfile rapidement mon hoodie avant de m'approcher de ma fenêtre. Je ne prends même pas la peine de mettre de chaussettes sous mes converses et descends le long de la gouttière pour m'emparer de mon vélo et pédaler comme une malade jusque chez Harry.
C'est un coup de tête. Il est trois heures du matin et je n'arrive pas à fermer l'œil. Je vais à une allure incroyable, mes mollets me font mal, mais je sais que si je ralentis, je vais faire demi-tour, alors je m'active en suivant le plan idiot que j'ai en tête.

Je vais affreusement souffrir de son absence et je sais que c'est pas forcément bien pour moi, pas forcément bien pour nous de se revoir une dernière fois juste avant qu'il parte en tournée, sachant qu'on ne pourra plus se voir pendant des mois et que ça va faire long.

Je vais avoir mes examens et il va avoir ces séries de concerts. Je vais devoir me débrouiller pour avoir mon diplôme et il va falloir qu'il fasse en sorte d'être à fond tous les soirs. Je serai sans lui et il sera sans moi. On va tous les deux être malheureux, mais j'en sais rien... J'ai envie de croire Louis quand il dit que c'est une situation qu'on peut gérer si on en a l'envie.

J'en ai envie. Et je crois que j'en ai la force. J'abandonne mon vélo contre le lampadaire devant chez les garçons et me saisis de la clé cachée dans le pot de fleur à l'entrée. J'ouvre la porte et rentre discrètement dans la maison en prenant soin de refermer cette dernière en faisant le moins de bruit possible. Je monte à l'étage sur la pointe des pieds et lorsque je me stoppe face à la porte de la chambre de Harry, je me tourne pour regarder les escaliers.

Je suis venue jusque là. Il ne me reste plus que cette barrière de bois à franchir et on sera de nouveau ensemble. Je me demande comment il va réagir. J'ai peur de le prendre de cours, j'ai peur qu'il se braque, mais de nouveau, je repense à ce que Louis m'a dit et ça me motive pour dépasser ce dernier obstacle. Je soupire et tourne doucement la poignée pour me faufiler dans la pièce. Je me colle contre le mur après avoir fermé la porte derrière moi et retire mes chaussures ainsi que mon hoodie que je laisse tomber là, à mes pieds. Je lève les yeux vers le lit de Harry et je suis plutôt contente qu'il dorme. Au moins il n'est pas en train de se prendre la tête avec toute cette histoire.

Je me dirige vers le côté du lit qu'il n'occupe pas et grimpe sur le matelas pour m'allonger près de lui. Son visage est tourné vers la fenêtre. La lueur de la lune éclaire un tant soit peu la pièce, ce qui me permet d'y voir suffisamment clair. Je l'observe un moment. Il est couché sur le ventre, ses traits sont détendus, ses lèvres entrouvertes, l'un de ses bras est glissé sous son coussin, l'autre est tendu le long de son corps...

Je fais lentement traîner le bout de mon index le long de son avant-bras avant de glisser ma main dans la sienne pour entrelacer nos doigts. Je me rapproche doucement de lui de manière à coller le bout de mon nez contre l'os de sa mâchoire, humant doucement l'odeur de sa peau.

Je sens les battements de mon coeur s'accélérer lorsque ses doigts se resserrent autour des miens et je m'écarte un peu quand il se met à bouger. Il est réveillé. Je dépose mon regard sur son visage et contre toute attente, il garde les yeux clos. Il déglutis doucement faisant remonter sa pomme d'Adam dans sa gorge et mon ventre se tord lorsqu'un léger sourire étire ses lèvres.

— C'est le rêve le plus réel que j'ai fais jusqu'à maintenant, dit-il doucement de sa voix rauque, encore endormi.

Je pouffe bêtement de rire en caressant le dos de sa main à l'aide de mon pouce et approche mon visage du sien pour déposer un baiser juste sous son menton. Au moment où je me recule de nouveau, ses paupières s'ouvrent lentement et c'est à ce moment là que je réalise à quel point ce regard clair m'avait manqué. Nous nous fixons une poignée de secondes, sans bruit, comme pour apprendre les trait de l'autre par cœur de nouveau.

— T'es venue, chuchote-t-il en se glissant sur le flanc.

De sa main libre, il vient doucement jouer avec quelques mèches de mes cheveux. Ses yeux brillent dans la pénombre.

— Je suis désolée, Harry, je dis tout bas tout en me rapprochant de lui.

Je mords dans ma lèvre lorsqu'il passe son bras autour de moi pour me coller contre lui, davantage. Je pose mon front contre ses pectoraux et ferme les yeux, chatouillant sa peau du bout de mes cils. Il exerce une douce pression autour de ma main avant de gonfler ses poumons d'air.

— Frances?
— Mh? j'ouvre brusquement les paupières.
— Je suis vraiment amoureux de toi.

Le temps s'arrête.

Je sens mes yeux s'embuer de larmes. Si je n'étais pas venue, j'aurais raté ces mots. Dieu sait ce qui aurait pu se passer si j'avais décidé de le laisser partir. Peut-être que j'aurais perdu ma chance d'être avec lui pour toujours. Mais voilà... je suis là.

— Ça fait un moment que je voulais te le dire... clairement, ajoute-t-il. Sa voix n'est qu'un murmure.

Et j'ai l'impression de respirer correctement après avoir retenu mon souffle pendant trop longtemps.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant