SEIZIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ don't let emotions make you their bitch.

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— Bordel de fiches de merde, je jure en copiant les phrases surlignées en jaune sur mes feuilles de cours.
Je perds patience. Ça fait des heures que je recopie les éléments « importants » issus de mes notes prises en classe que j'avais déjà révisées. Et tout ce que j'écris depuis le début de l'après midi, je le sais déjà. Je suppose que ce n'est pas inutile de le réécrire, histoire de bien le mémoriser pour le connaitre le jour de mes examens, mais je suis à bout de nerfs et ça commence vraiment à me courir sur le haricot.

Il manquerait plus que quelqu'un vienne me casser les ovaires et là les gars, c'est l'explosion.

Je soupire et épluche mon dictionnaire pour y chercher une définition de manière à la connaitre par cœur pour pouvoir l'insérer dans une potentielle dissertation ou un potentiel paragraphe argumenté. Au beau milieu de la rédaction de cette dernière, mon téléphone me sort de ma présente concentration en se mettant à vibrer.

Je pose mon stylo et m'empare de mon cellulaire. J'espérais avoir enfin des nouvelles d'Andreas – cet enfoiré ne m'a pas contacté depuis qu'il est parti en vacances – ou bien des nouvelles de Charlie et de son histoire avec son beau français, mais il s'agit de Harry. Encore et toujours Harry.

En me remémorant ce qui est arrivé hier soir, mon ventre se tord et je me mets à frissonner au souvenir de ses doigts effleurant ma peau. Hum, stop. Je ferme les yeux et m'occupe d'ouvrir le texto en poussant un long soupir.


« Passe à la maison, c'est urgent. »Je fronce un peu les sourcils et tourne la tête vers ma fenêtre. Sérieusement Harry Styles? Dehors, c'est le déluge. Il y a du vent, de l'orage et... de grosses gouttes, qui ressemblent presque à de la grêle, s'abattent sur ma fenêtre depuis près de vingt minutes. Je soupire une nouvelle fois en reposant mon regard sur son texto. Urgent. Si ça se trouve, il est arrivé quelque chose ou j'sais pas. Je me lève et enfile mes bottes en caoutchouc, mon indémodable veste et dresse ma capuche sur ma tête avant de quitter ma chambre. Je descends les escaliers et m'approche de la porte.

— Tu sors? m'interpelle ma mère.

Je fais marche arrière et me poste dans l'encadrement qui délimite l'entrée du salon, me retrouvant face à ma mère et ma grand-mère, installées devant la télévision. Ma mère lit un tome de Harry Potter pour la énième fois et ma grand-mère recoud les boutons des chemises de mon frère en suivant distraitement sa série télévisée.

— Ouais, je fais une petite pause dans mes révisions.
— Tu veux aller dehors avec le temps qui fait? s'étonne ma grand-mère.
— J'ai besoin de prendre l'air.
— Tu ne préfères pas prendre le thé avec nous? Je comptais aller le préparer après avoir lu mon chapitre.
— J'ai vraiment besoin d'aller faire un tour.
— T'as pas la lumière à tout les étages, ma fille.
— C'est ça, à plus tard!

Je marche rapidement jusqu'à la porte et m'empresse de sortir pour prendre mon vélo et pédaler en direction de chez Harold. Avec la pluie, je manque plusieurs fois de glisser ou de me faire renverser parce que les gouttes me viennent dans la gueule et parce que je vois que dalle.

J'arrive finalement saine et sauve chez lui et après avoir fixé mon vélo au lampadaire qui fait face à leur entrée, je m'abrite sous le petit porche qui précède leur porte avant de frapper. Je suis frigorifiée. C'est Louis qui m'ouvre après une poignée de secondes.

— Frankie? Rentre, vite! s'exclame-t-il en m'attirant à l'intérieur. Bordel, t'es toute trempée! constate-t-il en refermant la porte derrière moi. Qu'est-ce que tu fais là? Tout va bien?
— Harry m'a juste demandé. Alors comme je suis... Enfin tu sais, je dois venir quand il le veut.
— T'es vraiment quelqu'un de brave. Tu t'es déplacée pour cet imbécile avec un temps pareil, tu mérites une médaille. Laisse moi te débarrasser de ta veste...

Il défait ma fermeture éclair alors que je retire ma capuche.

— T'embête pas, je dis en repoussant gentiment ses mains, attendrie par ses attentions. Je pense pas rester de toute façon, ça va aller.
— T'es sûre? s'inquiète-t-il.
— Certaine. Il est en haut?

Il hoche la tête en me souriant poliment, quand même un peu confus par ma situation. Je m'approche des escaliers et monte rapidement les marches avant de frapper à la porte de la chambre de Harry. Lorsqu'il me donne la permission d'entrer, je m'exécute et le retrouve assis à la chaise de son bureau, son téléphone entre ses mains. Dès qu'il me voit, son visage s'illumine.

— Frances! il se lève brusquement et s'approche de moi en glissant son portable dans la poche arrière de son jeans. Tu pues le chien mouillé, déclare-t-il en me considérant un bref instant. T'as ton téléphone sur toi?
— Je t'emmerde, Harry. Hum, ouaip, pourquoi?
— Donne moi le.
— Pardon?
— Passe moi ton phone-tel.

J'arque un sourcil. Déjà cette expression est l'expression la plus minable que j'ai jamais entendue et ensuite, personne ne touche à mon téléphone.

— Pourquoi est-ce que je devrais te passer mon « phone-tel »?
— Parce que je suis ton maître et je te le demande, par exemple?

Je l'interroge du regard, ne jugeant pas sa réponse assez convaincante. Sérieusement, il vient de foutre son téléphone dans sa poche et il est bien plus sophistiqué que le mien, je comprends juste pas. Pourquoi est-ce qu'il aurait besoin de mon vieux GSM tout pourrave? Me trouvant certainement trop longue à la détente, il se saisit abruptement de mes deux fins poignets d'une seule de ses mains de manière à bloquer mes membres. Tout va tellement vite que je n'ai même pas le temps de me débattre. Il fourre sa main libre dans mes poches et en extirpe mon téléphone.

— Oh putain Harry, lâche moi! Prends pas mon...
— Ne jure pas. T'es pas déterminée à me donner ce que je veux, alors je me serre, me coupe-t-il avant de me relâcher. Ça t'apprendra.

Je tends la main pour récupérer mon portable, mais Harry est bien plus grand que moi et évidemment, lorsqu'il lève le bras pour que mon téléphone soit hors d'atteinte, celui-ci devient effectivement hors d'atteinte pour moi et mon pauvre mètre soixante-deux.

— Harry, rends moi mon putain de téléphone!
— Deux minutes, j'en ai pour deux minutes! C'est toi qui rend les choses difficiles à faire la fille qui a des trucs à cacher! Qu'est-ce que tu peux vouloir planquer dans ton portable? T'as même pas de vie. T'écris des poèmes sur moi dans tes mémos, c'est ça?
— Ouais, des alexandrins dans lesquels je souhaite ta mort.
— C'est pas très gentil ça Frankie, répond-t-il d'un air faussement triste.

Il me pousse contre le mur avant d'aller à l'opposé de moi, à l'autre bout de la pièce, les yeux rivé sur mon cellulaire. Je ne me décourage pas, déterminée à récupérer ce qui m'appartient. Je m'approche de Harry et quand j'envoie de nouveau la main pour saisir mon appareil, il prend mon poignet et commence à sereinement me tordre le bras. Je gémis de douleur en le frappant à l'aide de ma main libre.

— Aïe, aïe, aïe, tu me fais mal, putain! Si tu me disais ce que tu voulais faire, peut-être que je n'aurais plus envie de le reprendre!
— Je veux juste comparer les heures.
— Comparer les heures? je m'étonne en stoppant tout mouvement.

Il libère mon poignet et sort son portable de sa poche pour y jeter un coup d'œil.

— Sympa ton fond d'écran, déclare-t-il en triturant l'écran tactile de son iPhone.
— Pourquoi est-ce que tu veux comparer l'heure de mon portable avec la tienne?
— Pour savoir si j'avance ou si je retarde.
— C'est l'heure de mon école, je dis fièrement. Attends, je reprends plus sérieusement. Pourquoi t'as besoin de savoir si tu retardes ou si t'avances?
— J'ai rendez-vous avec une fille, commence-t-il fier de lui en levant les yeux vers moi. Et j'ai pas envie d'être en retard, alors je voulais m'assurer que j'avais la bonne heure!

Wow. J'ai l'impression qu'une pierre vient de s'écraser au fin fond de mon estomac. Je déglutis difficilement et détourne le regard alors qu'il se reconcentre sur son portable. Je frissonne désagréablement en me rendant compte que... ugh. Non, c'est pas possible. Je refuse d'admettre que je suis... que je suis... Je mords nerveusement dans ma lèvre et arrache mon téléphone des mains du bouclé. Il reste bête et lève les yeux vers moi d'un air d'incompréhension.

— Mais Frances... Il allait tout juste être 17heures23...
— J'en ai rien à foutre! T'es complètement barge, ma parole!

Je crois que je hurle littéralement. Ce qui pourrait expliquer son soudain mouvement de recul.

— Il pleut des trombes d'eau dehors, c'est la tempête, bordel! Et toi, espèce de bouffon, tu me fais déplacer jusque chez toi, en sachant très bien que j'ai pas de voiture, pour emprunter mon téléphone et changer l'heure du tien parce que t'as peur d'être en retard d'une pauvre et misérable minute à un rencard avec une meuf? T'as eu ton cerveau dans un Kinder Surprise ou quoi? J'ai des examens à la fin de l'année, tu comprends ça? On est en avril Harry, mes contrôles sont dans deux mois, j'ai dix pauvres jours pour réviser librement avant d'être de nouveau prise par les cours, bordel de merde, est-ce que tu percutes dans ta tête que j'ai des choses plus importantes à faire que ça? Tu pouvais pas demander aux gars de te passer leur téléphone? Ils sont là, aujourd'hui, ils sont tous dans cette putain de maison... Il fallait absolument que t'aies mon heure, c'est ça? J'y crois pas. J'y crois pas! C'est quoi ton putain de but, Harold Edward Styles? Me pousser à bout? Me rendre dingue? Me pousser à te tuer de mes propres mains? T'y arrives là, lentement mais sûrement, ouais, t'y es presque!

Je glisse mon téléphone dans ma poche en reculant de quelques pas. Je suis hors de moi. Il reste interdit.

— Je m'en contre-tamponne que tu me fasse la misère après ce que je te dis là. Je m'en tape si tu deviens froid avec moi parce que je t'insulte ou si tu deviens plus dur dans tes demandes parce que je te mets en face de la vérité alors que tu détestes ça. Parce que t'aimes pas quand on te remet à ta place, parce que t'aimes te dire que t'es celui qui a la vérité absolue et que tout le monde tourne autour de ton petit nombril. J'assume complètement de te dire en face, Harry Styles, que t'es la personne la plus stupide, la plus égoïste et la plus détestable qui soit sur Terre. T'as compris? Démerde toi avec ton heure, ton rendez-vous à la con et tes fantaisies à deux balles. Moi, j'me casse.

Je me dirige vers la porte et lorsque je l'ouvre, les quatre autres garçons sont là, précédemment collés à la barrière de bois, occupés à nous écouter. Ils se redressent tous dans un même mouvement. Je reste quelques secondes face à Niall, le seul qui ne se pousse pas pour me laisser passer, comme choqué par ce qu'il a pu entendre, incapable de bouger. Liam tire sur son col de manière à l'ôter de mon chemin et je m'empresse de quitter la chambre, le couloir et je dévale les escaliers, quitte la maison pour récupérer mon vélo dehors. Ce n'est que quand je m'attaque à déverrouiller le cadenas que je me rends compte à quel point mes mains tremblent.

La pluie battante s'abat sur mon crâne dévêtu de ma capuche. Je rentre chez moi sans prendre la peine de me protéger. J'ai besoin de me calmer, rien de tel qu'une « douche froide » pour apaiser mes nerfs à vif.

J'avais dis que j'allais exploser.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant