VINGTIÈME JOUR ❥ ❥ ❥ take back every words i've said, ever said to you.

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Aujourd'hui, en ouvrant ma boîte mail, j'aurais pu repartir contente en voyant Tumblrbot m'annoncer que j'ai un nouveau follower sur Tumblr. J'aurais pu hein, c'est vraiment une fierté d'avoir un abonné de plus, mais je repars en fait doublement contente parce qu'en plus d'avoir un nouveau follower, j'ai un mail de Charlie. Le titre du mail: La France, pays de l'amour, du romantisme, des pâquerettes et des garçons qui s'appellent Nicolas. Ça commence bien. Je m'empresse d'ouvrir le lien.


« Frankiiiiiiiiiiiiie mon petit bouchon. Je t'apporte une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par la bonne, parce que j'ai décidé de terminer avec la mauvaise pour que mon mail ait un minimum de cohérence dans sa longitude.

Depuis que je suis arrivée en France, j'ai appris à faire pas mal de trucs. D'abord, j'ai appris à dire le mot fanfreluche sans l'écorcher avec un accent parfaitement français. Ensuite j'ai réussi à aller dormir sans boire de tisane ce qui est encore assez difficile, mais je me soigne. J'ai appris à jouer à Abalone qui est un jeu français et très récemment, j'ai pratiqué le French Kiss. Plaquée contre un arbre par les soins de Nicolas dans la forêt qui entoure le château dans lequel je loge depuis le début des vacances. C'est arrivé comme ça. Totalement inopinément. Et c'était tellement d'émotions que j'ai cru que j'allais fondre contre Nicolas et accessoirement contre l'immense tronc d'arbre. Je crois que c'est clair maintenant. Qu'il m'aime bien, je veux dire.

Comme promis, je te joins quelques photos qu'on a fait. La première c'est lui qui se cache de l'objectif. Bon, on ne voit que sa main... Mais dans le coin en haut à gauche, c'est son bonnet rouge American Apparel. Sur la deuxième, c'est lui et moi. Alors, comment tu le trouves? Je me trouve livide sur cette photo, mais lui est tellement beau que ça me fait mal au cœur. Sur la troisième, je l'ai pris en flag en train de penser. Quand je lui ai demandé ce qu'il avait en tête il m'a répondu « toi » avec son anglais trop mignon et c'est suite à ça qu'il m'a collé contre ce fameux tronc d'arbre pour fourrer sa langue dans ma bouche. Je dis ça d'une manière disgracieuse à la mort, mais c'était le moment le plus intense que j'ai jamais vécu de ma vie.

Here comes the bad new. Malheureusement, la connexion est de plus en plus mauvaise ici. J'ai essayé de t'appeler hier, mais le réseau déconnait alors ça a pas marché. J'pense pas te recontacter avant que je rentre parce que c'est vraiment la galère. Mais je suppose que tout comme moi, tu sauras tenir encore deux jours avant que je ne rentre. Tu me manques.

C'est affreux parce que je suis tiraillé entre l'envie de rentrer pour vous revoir Andy et toi et d'un autre coté, j'ai pas envie de partir d'ici. J'espère que tout se passe bien de ton coté, je suis un peu inquiète quand même, avec cet idiot de Harry Styles. Je t'ai dis que Nicolas n'avait jamais entendu parler de One Direction? Comme quoi si ces types ne font que parasiter nos vies, certains français échappent encore à leur sale tronche. Entre toi qui retourne au moyen âge en devenant l'esclave du bouclé de la bande et Andreas qui est complètement mordu de son poto aux sourcils... On devrait migrer en France pour disposer d'une vie plus saine, c'est moi qui te le dit.

Mais trêve de bavardages, ma biche. Prends soin de toi et tâche de rester sage jusqu'à ce que je rentre. Je t'aime.
Ta meilleure amie qui pense fort à toi. Cha. »


Je soupire avant de me mettre à sourire à la vue des photos qui apparaissent à la fin de son pavé. C'est vrai qu'il est pas trop mal son Nicolas. C'est totalement son style. Je suis certaine qu'Andreas ne l'appréciera pas, cependant. Je sais pas trop pourquoi, mais j'en suis convaincue. Je reste bloquée sur la photo d'eux deux avant d'être tirée de ma contemplation par la sonnerie de mon téléphone. C'est Harry. Je décroche.

— Harry.
— Salut, dit-il d'une voix rauque avant de l'éclaircir.

OK, Harry Styles vient d'ouvrir un œil. Je regarde l'heure : 18heures19. C'est à cette heure-ci qu'il émerge? Il a dû se prendre une sacrée cuite hier soir pour ne sortir du coaltar qu'en début de soirée.

— Je... hum. Comme tu dois le savoir, je suis sorti hier soir et j'ai... j'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé. Je viens de croiser Zayn en allant pisser et il me dit que tu m'as ramené hier soir. Je suis un peu embrouillé, tu vois, parce que... t'es effectivement la dernière personne que j'ai appelé et hum... je me réveille complètement nu dans mon lit, alors... alors... je me posais des questions, tu vois... j'ai besoin que tu me rassures sur certains points.

Je reste silencieuse en repensant soudainement à ce qui s'est passé tôt ce matin. A l'état de Harry à la sortie de ce bar, ses paroles et ses actes... Il s'est passé des choses c'est sûr, mais ça aurait pu être pire, je crois. Enfin, d'après ce qu'il avance, d'après ce qu'il croit qu'il s'est passé, ce qui est arrivé hier soir, c'est du pipi de chat.

— Frankie?
— Oui.
— Pourquoi tu parles pas? Est-ce qu'on... on a...?
— Non, il ne s'est rien passé. Rien.
— Est-ce que j'ai dit ou fait des trucs en particulier?
— Comment ça?
— Bah j'en sais rien... des trucs... j'ai fait quoi?
— Pas grand-chose.
— Frances, il faut que tu me fasses un briefing de la soirée avant que je pète un câble. J'ai la tête qui va exploser, je me sens vaseux, j'ai envie de prendre un bain et dormir au fond de ma baignoire pendant une semaine. J'ai pas envie de perdre mon temps, alors il faut que tu me dises en détail ce qui est arrivé hier. N'omets aucun putain de détail. Parle maintenant.

Harry vient de dire « putain ». J'en crois pas les oreilles.

— Alors..., je me racle la gorge. Tu m'as appelé pour que je passe te chercher aux alentours de cinq heures du matin. T'étais dans un pub et... quand je suis arrivée, tu étais déjà dehors. Je sais pas ce que t'as fais en attendant que j'arrive alors je pourrais pas t'aider sur ce point. Tu m'as dis que tu avais bu à cause d'une peine de cœur. Tu as parlé d'une certaine Violet... mais tu as ensuite précisé que ce n'était pas pour elle. Ta peine de cœur, je veux dire. J'ai pas voulu en savoir plus alors on a arrêté d'en parler. Ensuite, hum... on est rentrés. T'as fais un truc assez comique d'ailleurs. T'as sucé le bout de ta clé pour la rentrer dans ta serrure. C'était vraiment marrant à voir, surtout que tu ratais tout le temps le trou...
— Abrège.
— Ouah, Harry... Ta pêche est communicative.
— Enchaîne Frankie... Arrête de jouer là, c'est pas le moment.
— Retiens bien ce qui arrive en ce moment, parce que c'est exactement ce que tu m'a fait subir samedi dernier.

Il se met à souffler et s'apprête à répliquer quelque chose avant que je ne le coupe.

— Bref, après avoir foutu ta clé dans ta bouche on est rentrés et là, on a monté les escaliers. Et tu... tu...

Je fronce les sourcils. Pourquoi est-ce que ce qui est arrivé ensuite ne veut pas sortir de ma bouche? Je suis mal à l'aise rien que d'y repenser. Et j'ai peur qu'il s'énerve. Déjà qu'il est de mauvaise humeur, entendre ce qu'il a fait risque de le mettre en pétard.

— Quoi.
— Tu... tu m'as dis que le fait de ne pas me cerner te plaisait. En gros. Puis que tu me... tu me trouvais belle. On a monté les escaliers, tu as trébuché et tu... tu étais appuyé sur moi et...
— Putain. J'veux pas entendre ce qui va suivre, pense-t-il à voix haute.
— Tu m'as demandé si je voulais bien... t'embrasser. Et j'ai... on s'est pas embrassé, rassure toi.

Il soupire. J'aimerais vraiment le voir, à cet instant. Déchiffrer ses expressions, tenter de savoir ce qu'il ressent réellement face à cette situation.

— Je t'ai aidé à monter dans ta chambre et puis tu es parti te doucher... Je suis descendue dans la cuisine pour te servir un verre d'eau et... Quand je suis remontée, tu as renversé les gels douche dans la salle de bain, alors je suis rentrée parce que j'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose. Et là, tu étais tout habillé sous l'eau. Et tu as commencé à t'excuser pour ta maladresse. Et t'avais l'air vraiment... confus. Presque triste. Tu m'as demandé si je te détestais et cette idée avait vraiment l'air de te toucher. Ensuite, euh... je t'ai aidé à sortir de la douche... Tu t'es déshabillé, tu t'es couché, tu as bu ton verre d'eau, tu as marmonné des trucs avant de t'endormir et quand je suis sortie pour rentrer chez moi, Zayn m'a croisé dans le couloir... Voilà.

Il ne dit rien. Je déglutis péniblement en triturant nerveusement la couture de mon pantalon de pyjama. Son silence est affreusement frustrant. J'aimerais tellement être en face de lui. J'aimerais tellement le voir.

— Super, finit-il par lâcher.
— Tu sais, c'est rien Harry...
— C'est rien? s'exclame-t-il brusquement. Parle pour toi! Tu te rends pas compte...
— Il ne s'est absolument rien passé.
— Mais t'es stupide, ma parole! Avec tout ce que tu viens de me raconter, tu oses me sortir qu'il ne s'est rien passé?
— T'étais bourré, bordel! Ce qui est arrivé, c'est que dalle, arrête un peu de faire ta Drama Queen! Mon meilleur ami fait exactement pareil que toi quand il est sous les effets de l'alcool alors qu'il est gay comme pas possible.
— Je m'en tape, putain... Tu te rends pas compte, répète-t-il.
— Je me rends pas compte de quoi, Harry?
— De ce que ça représente pour moi! Je suis pas ton meilleur ami, tout est différent. Ce que j'ai fais, c'était complètement ridicule et t'aurais jamais dû entendre toutes ces choses. J'aurais jamais dû t'appeler, j'aurais jamais dû me tourner vers toi.
— Pourquoi ça compte autant? J'essaye de te dire que je m'en fiche, que ça me dérange pas, j'essaye de te rassurer en te disant que ton comportement était celui de n'importe quelle autre personne bourrée et toi, tu dramatises complètement la chose, comme si c'était la fin du monde...
— Je vais raccrocher, lâche-t-il brusquement, complètement hors de propos.
— Non, il est hors de question que tu raccroches, Harold Edward Styles. Assume bordel, c'est quoi qui te dérange dans toute cette histoire, au juste? C'est le fait que tu aies pu être proche de moi cette nuit? C'est le fait que tu aies pu me dire des choses gentilles sans t'en rappeler? Ça te fais complètement vriller de te dire que tu n'avais plus de self-control? En fait c'est juste ça le problème, avoue... Quand t'es proche de moi, t'es forcé d'agir comme un affreux connard juste après pour maintenir cette putain de distance à la con, c'est ça? Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tu t'obstines alors que tu vois très bien que c'est pas ce qu'on veut tout les deux?

Il ne répond pas. Un ange passe. Je décolle mon téléphone de mon oreille pour m'assurer qu'il n'a pas raccroché. Je soupire au bout de quelques secondes avant de reprendre:

— Harry... De quoi est-ce que t'as peur?

Il ne parle toujours pas. Son silence me fait me questionner sérieusement. Si il ne dit rien, c'est parce que j'ai forcément raison. Sinon il protesterait, me balancerait des arguments en tout genre pour nier, démentir. Mais il ne fait rien, il ne dit rien. Il est muet et pourtant il reste en ligne. Je sais qu'il réfléchit, mais à quoi? Bordel, mais qu'est-ce qui bloque chez lui? Qu'est-ce qui fait qu'il est comme ça avec moi? Pourquoi est-ce qu'il cherche tellement à rester éloigné de moi? Qu'est-ce qui va pas chez moi? Qu'est-ce que j'ai fais de mal? Pourquoi j'suis pas à la hauteur?

— J'vais plus avoir besoin de toi pour un moment.
— Har...
— A plus, dit-il avant de raccrocher.

Je soupire de frustration en laissant mon portable retomber sur mon lit pour prendre mon visage entre mes mains pendant de longues minutes. Ce type est en train de me rendre dingue et ça me frustre tellement que j'ai envie de pleurer. Je saisis mon téléphone de nouveau pour appeler mon frère. Il est la seule personne à qui j'ai envie de parler, qui est susceptible de me consoler.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant