PREMIER JOUR ❥ ❥ ❥

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Je me rends rapidement jusqu'au café auquel on s'est laissé plus tôt et le retrouve finalement en train d'attendre devant la porte. Je cours pour arriver à sa hauteur lorsqu'il remarque ma présence. Je reprends mon souffle, alors qu'il me considère longuement.

— Ramène moi chez moi.

Je n'ai pas mon sac et mes poches sont absolument vides. Je n'ai pas d'argent sur moi, même pas une misérable pièce.

— Écoute, j'ai pas d'argent pour te payer un taxi, là...
— T'as pas le permis?
— Pourquoi tu crois que je me déplace en vélo?
— Mon dieu... T'es vraiment une esclave bas de gamme.
— Si t'es pas content, t'as qu'à te chercher un autre pigeon, Styles.
— Parles moi autrement, Frances, dans le contrat il est écrit que tu ne dois pas me manquer de respect.
— Et si je te manque de respect, tu me fais quoi? Fessée déculottée devant tout le monde, c'est ça?
— Je vais te mener la vie tellement dure que tu vas regretter de t'adresser à moi de cette manière.
— J'en tremble.
— Je veux rentrer chez moi, alors trouve une solution. Et fais vite parce que j'ai froid.
— Tu habites loin d'ici?
— Non, pas tellement.
— Bien, monte sur mon dos.
— Excuse moi?
— Monte sur mon dos, putain, je vais te porter jusque chez toi.
— Ne jure pas. Tu sais, tu ne m'appelles pas Maître et ça me dérange, dit-il d'un ton neutre en sautant sur mon dos.

Je pensais vraiment pas qu'il monterait sur mon dos, à vrai dire. J'osais espérer qu'il aurait trop honte de se faire porter par une fille ou je ne sais quoi. Qu'il chercherait une solution... Hé bien, je me suis trompé. Ce mec n'a vraiment peur de rien. Surtout pas de me briser le dos avec son poids d'éléphant.

Je glisse mes mains sous ses genoux et soupire doucement en vacillant quelque peu sous son poids, dans un premier temps. Je commence alors à marcher en le portant difficilement, alors qu'il me guide à travers les rues pour arriver jusque chez lui. Je suis vite essoufflée et me rappelle soudainement des paroles d'Andreas alors que je sens l'odeur de Harry venir me piquer le nez... C'est vrai que son parfum n'est pas désagréable. Mais ça ne le rend pas moins détestable pour autant. Mes jambes tremblent un peu. Il est bien plus lourd que moi et le porter devient bientôt compliqué. J'ai l'impression que je vais m'écrouler.

— On y est presque. Je ne te demande pas comment ça va, parce que je m'en fous.
— Enfin une bonne nouvelle. Je n'aurais plus à supporter le dernier des connards, dans le sens propre et figuré du terme.
— Ne jure pas. Vas à gauche, c'est la deuxième maison sur ta droite, tu la vois?
— Oui, j'articule à peine en slalomant quelque peu le long du trottoir.

Je suis certaine qu'il peut remarquer à quel point il est difficile pour moi de le supporter sur mon dos à ce stade du trajet. Il doit jubiler intérieurement alors que je me déteste d'avoir pu lui parler comme je l'ai fait. Il me le fait bien payer là, cet abruti. Une fois à la hauteur de sa maison, je retire mes avant bras du creux de ses genoux de manière à le laisser reposer ses pieds au sol. Il retire ses bras d'autour de mon cou en dépoussiérant ses vêtements d'un air snob. Je reprends difficilement mon souffle en faisant un peu craquer mon dos. C'est certain: demain j'ai des courbatures.

La morale de cette mésaventure, c'est que je devrais vraiment demander à ma monitrice d'auto-école de m'inscrire au permis.

— Arrête McDo, Styles...

Il me considère un instant en souriant un peu avant de monter les quelques escaliers qui le séparent de sa porte. J'imagine que c'est la maison qu'il partage avec ses potes du groupe. C'est sûr que c'est tranquille comme quartier, ils ne doivent pas être dérangés tant que ça, ils sont plutôt bien cachés. Sur la boite au lettres, il n'y a même pas de nom.

— Je t'appelle plus tard si j'ai besoin de quelque chose, tu peux disposer.

Je fais la révérence d'un air totalement ironique avant de faire volte-face et m'en aller sans un mot de plus. J'ai affreusement mal au dos. Je crois que j'ai dû me bloquer quelque chose. Quand je rentre, je prends un bain, un antidouleur et je me couche avec ma bouilloire sans passer par la case frigo. Cet idiot m'a coupé l'appétit.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant