SIX ❥ ❥ ❥ DANS LA NUIT DU DIX-NEUVIÈME AU VINGTIÈME JOUR.

5 0 0
                                    

Je pousse un long soupir avant de me redresser brusquement dans mon lit. J'ai pas sommeil et je peux pas m'empêcher de penser. A la manière dont s'est terminée ma nuit avec Violet. Ses sentiments pour moi, mes sentiments pour Frances... Pourquoi est-ce qu'il arrive toujours ce genre de truc? Cet espèce de cercle affreux. Violet ne peut pas m'avoir, parce que je veux Frances et je ne peux pas avoir Frances parce que je ne m'en donne pas les moyens. Et peut-être que de son côté, elle veut quelqu'un d'autre qui n'est pas moi. Et la personne que Frances veut, veut probablement une autre personne. Et tout le monde est malheureux et personne ne peut combler le manque de l'autre.
Je pourrais aller avec Violet, j'ai toujours été avec elle. Mais elle avait raison hier, je ne serais jamais satisfait. J'aurais ce dont j'ai besoin... Son affection, son amour, sa douceur, une épaule sur laquelle me reposer, une relation stable, du sexe, la sécurité... Mais c'est pas ce que je veux réellement. En fait, ce que je veux réellement, c'est Frances. Je veux ressentir la peur constante que fait éprouver l'amour, la peur de se lever un matin et de voir la personne à qui on tient s'en aller, je veux connaître cette insécurité perpétuelle qui fait vivre les choses plus intensément. J'ai besoin de conquérir quelqu'un, de trimer pendant longtemps pour obtenir ce que je désire. Avec Violet tout est acquis. C'est pas ce que je veux, c'est pas mon rêve. C'est pas ma vision de l'amour.

J'aimerais tellement que ce soit simple, parfois j'aimerais tellement être amoureux de Violet... Mais la réalité me rappelle à l'ordre en me disant que je n'aime pas ça la simplicité et qu'on ne commande pas les sentiments comme ça. Je suis coincé, quoi que je fasse. C'est juste pas possible.

Et j'arrive pas à me sortir ça de la tête. Ce nœud qui grossit, qui me pourrit l'existence. Je veux quelque chose que je repousse désespérément à cause de la peur. La peur du rejet. J'ai fais des erreurs depuis le début, pourquoi est-ce que j'aurais le droit à un cadeau maintenant? Je paye pour mes actes et j'en souffre. C'est épuisant.

Je m'habille rapidement et quitte la maison. Les garçons ont déserté, je n'ai donc personne avec qui parler. J'ai besoin de me vider l'esprit de toute façon. J'ai trop peur qu'en essayant de discuter de tout ce qui me tracasse avec quelqu'un, je risque d'empirer les choses dans ma tête et me poser de plus grosses questions.

Je marche pendant une bonne vingtaine de minutes avant de m'arrêter dans le premier pub que je rencontre. Je m'installe au comptoir et passe mes mains sur mon visage. Je ne noies jamais mes peines dans l'alcool d'habitude. Je ne sais même pas ce que je suis en train de faire.


***


Je passe mes mains dans mes boucles une énième fois et lève les yeux vers le barman qui s'approche de moi. J'ai un sourire béat pendu aux lèvres.

— Un autre s'il vous plait.
— Dans ce cas, il faudra me donner les clés de votre voiture, répond-il.

Je me lève en titubant légèrement et tire sur l'intérieur de mes poches après avoir posé mon porte feuille et mon portable sur le comptoir, devant moi.

— Je suis venu à pied! je m'exclame gaiement.

Et il ne s'écoule pas deux minutes avant que je ne vide un nouveau verre. Je ne compte plus les fois ou ce type m'a resservi et je m'en fous de toute façon... Parce que je suis riche. Lorsque je consulte mon téléphone pour regarder l'heure, je réalise que ça fait des heures que je suis assis ici à me torcher comme un ivrogne. Évidemment, j'ai fais des pauses. J'ai comaté entre deux verres à des moments et j'ai un peu joué au flipper avant que ça ne me donne envie de vomir. Il reste trois/quatre personnes dans le bar et lorsque j'essaye de me rappeler de l'endroit où j'habite, je me mets à rire nerveusement, parce que putain, impossible de réciter correctement le nom de la rue dans laquelle je vis. Ça risque d'être compliqué pour prendre un taxi.

Je songe à appeler un des gars. Je m'empare de mon portable et cherche le numéro de Louis dans mon répertoire avant que mon regard ne se pose sur le nom de Frances. J'esquisse un sourire en pensant à elle, m'égarant quelques minutes et me décide à l'appeler elle, plutôt que quelqu'un d'autre. C'est marrant parce que même quand je bois pour oublier tout ce qu'elle me fait ressentir, c'est elle que je contacte au final.

— Beep beep.... Beep beep..., je fais doucement, imitant les tonalités de mon iPhone avant de me mettre à rire.
— Allô? je suis content d'entendre sa voix. Harry.
— Frankie.
— Bordel, qu'est-ce que tu veux? s'énerve-t-elle.
— Viens me chercher, je lâche dans un souffle avant de m'affaler contre le bois du comptoir.
— T'es où?
— Hum... J'en sais rien.

J'explose de rire. Je sais même plus où j'habite, comment je suis supposé savoir où je me trouve? Sur une chaise. Dans un bar. Et j'ai hyper chaud. Et j'ai trop envie de me toucher le sexe.

— Est-ce qu'il y a quelqu'un près de toi? Passe ton portable à quelqu'un, Harry, m'ordonne-t-elle.

Je tape doucement sur l'épaule d'un gars qui se trouve proche de moi et la manière dont il se tourne vers moi me fait rire. Il a une tête bizarre, on dirait que sa bouche est un gros vers de terre.

— Tenez monsieur, voici ma copine Frankie, elle voudrait te parler parce que t'es près de moi.

Il fronce les sourcils en me regardant curieusement, avant de s'emparer du téléphone, sceptique. Je pose mes coudes sur le comptoir et cale mon menton dans la paume de mes mains en le regardant d'un air totalement niais, papillonnant des paupières.

— Oui? fait-il, peu sûr de lui. Après quelques secondes il pose son regard sur moi et répond: Duke of York.

Je souris largement lorsqu'il me rend mon portable et colle ce dernier à mon oreille avant de me lever, laissant de l'argent pour payer ma consommation.

— Fraaa-annyyyy!

Je quitte le bar et m'appuie contre la façade du bâtiment en soupirant doucement. L'air frais me fait du bien.

— Harry. Reste où tu es, d'accord? J'arrive.
— D'accord, je serais sage. Je reste là où c'est que je suis, je lui assure en me redressant brusquement, restant raide comme la justice, devant le pub.

Elle raccroche et je m'empresse de fourrer mon portable dans ma poche avant de regarder autour de moi, distraitement. Je fixe mes chaussures et fais quelques pas de fourmis en suivant une fissure dans le sol qui s'arrête dans une petite ruelle, proche du pub. Je pose mes mains sur mon nez en m'apercevant que je suis à côté de gros containers et lève les yeux pour regarder les étoiles disparaître dans le ciel avant de faire demi-tour.

Je souris en reconnaissant Frances, le nez collé contre la vitrine du bar. Je m'approche d'elle à pas de loup et pince soudainement ses hanches.

— Bouh!

Elle se retourne tellement vite que j'en ai un vertige. Je cligne péniblement des yeux et l'attire contre moi pour la serrer dans mes bras. Je suis rassuré qu'elle soit venue. Ça fait des jours qu'on s'est pas vus. Et elle commençait à furieusement me manquer.

— Frankiiiiie, je suis content que tu sois là! je hume doucement l'odeur de son parfum en souriant tendrement.
— Harry, lâche-moi, putain, tu m'étouffes...
— Tu sens bon, Frankie.
— Lâche-moi, on rentre.
— Tu veux pas que je te paye un verre?
— J'ai dix-sept ans moi et puis tu as assez bu pour ce soir. On rentre, répète-t-elle, ferme.
— D'accord.

Je la lâche à contre-cœur et la dévisage longuement avant de sourire en voyant la marque d'oreiller sur son visage. C'est trop mignon... Je veux tendre la main pour retracer les lignes sur sa joue, mais en m'approchant, je perds l'équilibre et je pousse un bref soupir lorsqu'elle se précipite pour me retenir. Je souris et m'appuie légèrement sur elle, alors que nous commençons à marcher.

— Je te jure que je vais te tuer.
— Merci d'être venu me chercher, Frances, je lui dis en souriant. T'es la plus mieux du monde entier, je continue en tendant la main vers le ciel.
— C'est ça, Styles. Achète moi avec des compliments, vas-y.

Je regarde mes pieds en laissant retomber mon bras le long de mon corps. Je commence à être incroyablement fatigué et ma vue se trouble. J'ai envie d'être à la maison. Mais en même temps, je suis trop heureux. Je suis heureux qu'elle soit là et qu'on soit bras dessus bras dessous, comme des amoureux.

— Je vois double, est-ce que toi aussi tu vois double ou c'est juste moi qui vois double?
— Pourquoi t'as bu, Harold? demande-t-elle, hors sujet, comme d'habitude.
— Je crois que j'ai des problèmes.
— Quel genre de problèmes?
— Des problèmes... de cœur. Tu sais. Ce genre de truc, je mords l'intérieur de ma joue avant de lever les yeux vers la maison devant laquelle nous passons.
— C'est ta copine qui t'a brisé le cœur?
— Violet?!

Je sens mon cœur dégringoler dans ma poitrine et soudainement, j'ai envie de rendre tout l'alcool que j'ai pu ingurgiter. Tout me revient en pleine face. Tout ce que j'ai voulu oublier cette nuit me revient en tête et... j'ai des putain de nausées affreuses. J'ai l'impression d'être un monstre. Et le pire dans tout ça c'est que je m'apitoie sur mon sort.

— C'est moi qui lui brise le cœur, ouais! je réponds en prenant un air presque supérieur. Puis je me rends compte que c'est totalement ridicule. Non, moi c'est quelqu'un d'autre qui me... Je perds mes mots. C'est... C'est une histoire très triste. Tu veux que je te la raconte? Ma théorie sur le cercle infernal me brûle les lèvres.
— Non, j'y tiens pas, me rembarre-t-elle.
— Frankie... Pourquoi t'es si méchante avec... Oops, un remonté. Avec moi? je reprends avant de déglutir difficilement.
— Parce que tu m'appelles aux aurores pour que je vienne te chercher alors que t'es complètement mort, putain! s'exclame-t-elle.

Bouh, elle est pas contente.
Je fais la moue et me pends à son cou en adoptant un ton enfantin et triste.

Mes désirs sont désordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant