Chapitre 13

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Nous venions d'arriver chez moi, le trajet s'était fait dans le silence. Andrew devait ressentir mon malaise, il n'avait pas tenté d'amorcer la discussion, préoccupé à me ramener chez moi. Il avait senti l'urgence dans ma voix lorsque je lui avais demandé de me déposer à mon domicile.

- Merci de m'avoir ramener. Je suis désolée, j'ai gâché ta pause déjeuner.

- Ne dis pas de bêtise Gabriella. Ça va aller ? Tu veux en parler ? Me demanda-t-il.

Je me remémorai ce qui venait de se passer et je ressentis aussitôt la nausée. Comment avaient-ils pu ? Pourquoi moi ?

- Je suis ridicule... Parvins-je à dire, la boule au ventre.

- Non, tu ne l'es pas, c'est eux qui le sont. Prendre les sentiments des autres pour un terrain de jeu est exaspérant à leur âge. Répondit Andrew, posant un regard tendre sur moi.

- J'aurai dû le savoir, j'aurai dû me méfier. Comment ai-je pu être aussi bête au point de me laisser si facilement bernée. Continuai-je, honteuse.

- Comment aurais-tu pu le savoir Gabriella ? Je veux dire, regarde-toi tu es une très jolie jeune fille, et en plus tu es drôle et sympathique. N'importe lequel de ces types aurait pu s'intéresser sincèrement à toi. Me réconforta-t-il en posant sa main sur mon épaule.

- Merci Andrew. C'est gentil à toi d'essayer de me remonter le moral.

- C'est sincère Gabriella. Écoute, si le coeur t'en dit, la semaine prochaine il y a une soirée étudiante, accompagne-moi, ça te changera les idées ! Et tu verras que tous les mecs ne sont pas comme ces abrutis.

- Je ne sais pas... C'est gentil mais jusqu'à présent, les soirées ne m'ont jamais trop réussi, c'est bien tout l'inverse. Dis-je, voyant ma vie se transformer en véritable désastre depuis quelques temps.

- Réfléchis-y, et redis-moi. Je te donne mon numéro au cas où. De toute façon, on se revoit à l'hôpital. J'ai besoin de toi pour les prises de sang et gérer Betty. Me taquina-t-il me redonnant le sourire.

Je le remerciai une fois de plus avant de quitter la voiture. Je traînai mon corps comme un boulet jusque sur le seuil de ma porte. Je pris une grande bouffée d'air avant de pénétrer dans mon foyer. La maison était incroyablement silencieuse par rapport à ces derniers jours. J'entendis quelques bruits à l'étage me confirmant la présence de mon frère Tim. Mes parents étaient sans doute encore au travail. Je grimpais l'escalier qui menait à ma chambre lorsque j'entendis la porte de celle de mon frère s'entrouvrir.

- Tu es déjà rentrée ? Me demanda mon aîné.

Je n'avais pas la force de répondre, et surtout je n'avais pas envie de lui donner une occasion de me rabaisser avec l'une de ses phrases cinglantes. J'avais eu ma dose d'humiliation pour la journée. Devant mon silence je l'entendis avancer dans le couloir et venir à ma rencontre, il me stoppa de son torse juste devant l'entrée de ma chambre. Je voulus le contourner, mais il me bloqua avec adresse.

- S'il te plait Tim, pas aujourd'hui, je ne p... Commençai-je avant de plonger ma tête dans mes mains, laissant les larmes couler sur mes joues.

Je ne pouvais davantage retenir mes émotions, mes sanglots jaillirent sans que je ne puisse en réguler le flot. J'étais épuisée à la fois physiquement et mentalement, et peu m'importait que Tim se moque une fois de plus de moi, je n'avais plus la force de lutter.

Pour la première fois depuis très longtemps, je sentis les bras de mon frère m'entourer de leur chaleur et m'inviter à me poser contre lui. J'entendis alors les battements de son coeur que je pensais vide d'humanité et de sentiments à mon égard. Étrangement, celui-ci battait à une vitesse folle, je pouvais l'entendre tambouriner avec force.

From the shadow to the lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant