GABRIELLA
Je m'attendais à ce qu'il me ramène chez lui, mais on s'éloignait plus qu'on ne se rapprochait de son domicile. Avec le bruit du moteur et nos casques, il était difficile de communiquer, alors je me retins de lui demander où il comptai m'emmener.
J'avais encore le coeur à vif de ce qui s'était passé il y a quelques minutes de cela. J'étais en colère, c'était une véritable ébullition à l'intérieur de moi, et je m'efforçais de me contenir. Il m'avait prévenu pourtant, comme à chaque fois qu'il allait se passer quelque chose qui pouvait me blesser. Il m'avait demandé de ne pas venir mais je m'étais obstinée. Pour autant, je ne parvenais pas à passer l'éponge.
Devrai-je tolérer cela encore longtemps ? Est-ce qu'à chaque sortie publique, je devrai faire face à ce genre d'acte au point de souffrir encore et encore. C'était la première fois que je ressentais des émotions aussi fortes en si peu de temps et ça m'effrayait. Jusqu'où est-on prêt à accepter des épreuves par amour ? Pouvait-on seulement parler de niveau ? Pouvait-on mettre un seuil pour délimiter la frontière entre l'acceptable et l'inacceptable ?
En me regardant sur cette moto, m'accrochant à lui, je me fis la remarque que j'avais sans doute accepter bien plus que n'importe qui. Mais alors où serait ma limite ? En avais-je seulement ?
Josh ralentit la cadence à mesure que l'on se rapprochait d'un endroit que je connaissais bien. Il se gara sur le bas côté, actionna sa béquille et m'invita à descendre en premier. Je retirai mon casque, totalement dans l'expectative. Je fixai l'entrée boisée du lac avant de me retourner sur mon chauffeur.
- Qu'est ce qu'on fait ici ? Lui demandai-je, alors qu'il récupérait les clés de son engin.
- Viens. Me répondit-il en me tendant sa main.
Je le regardai sans trop comprendre pourquoi il faisait autant de mystère. Il se rapprocha et saisit mon poignet ignorant mes plaintes. Il me traîna à sa suite pour m'amener à l'endroit même où je me trouvais lorsqu'il était venu me récupérer à la demande de mon frère. Il me tourna pour que je me retrouve face à lui et j'attendis qu'il parle.
- Même si je sais que ça n'effacera rien, je veux te dire de nouveau que je suis désolé Ella. Je ne sais même pas comment s'appelle cette fille.
- C'est dommage tu as quand même partager ta salive avec elle. Crachai-je.
J'avais besoin de vider cette pression en moi, il fallait que je me déleste de cette rage qui me rongeait de l'intérieur.
Je le vis soupirer à mon attaque, mais il garda son calme.
- C'était la seule solution pour que je me débarrasse de Jenkins. Mais ce n'est pas une excuse. Je veux que tu me crois lorsque je te dis que tu es la seule qui occupe mes pensées. Tu es la seule que j'ai envie d'embrasser. La seule avec qui je partage mes problèmes. Jamais je ne m'étais confié sur mon père avec une fille. Tout le monde sait qu'il est mort, mais ce que je ressens là, à l'intérieur, personne n'en a idée. Personne à part toi. Me déclara-t-il, en pointant sa poitrine de son index.
Je ne pouvais que le croire. Il m'avait fait assez confiance pour se livrer sans contraintes, sans retenues, et ce soir-là un véritable lien s'était créé entre nous. Un lien qui était déjà fort bien avant qu'on s'embrasse lui et moi, bien avant qu'on laisse cette attirance s'exprimer et vivre.
- Ce soir, je voudrai te faire une autre confidence. Ajouta-t-il en se rapprochant davantage et en enroulant ma taille de ses bras.
Je levai la tête pour plonger mon regard dans le sien, appréhendant ses mots. Avec lui, tout était noir ou blanc, mais je n'avais pas encore connu la demi-teinte. Chaque révélation emmenait son lot de réactions, plus ou moins bonnes. Après avoir été mise à mal tout à l'heure, devais-je m'attendre à ce qu'il m'achève là, là où tout a commencé ?
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From the shadow to the light
RomanceÀ l'aube de ses 18 ans, Gabriella jongle entre les cours et les petits jobs, ne laissant que très peu de place pour sa vie sociale et sentimentale. Mais le début des vacances, marquant la suspension de ses activités, va la pousser à se plonger inévi...