Chapitre 45

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JOSH

J'avais déposé Ella chez elle juste après la fête. Je l'avais surprise en me garant dans l'allée de sa maison et non pas à distance de celle-ci comme j'en avais pris l'habitude auparavant. Je m'étais attendu à ce qu'elle m'invite à entrer chez elle mais elle avait semblé hésiter. Comment lui en vouloir ? À chaque fois que l'occasion s'était présentée, je m'étais enfui comme un lâche. Je l'avais regardé regagner sa maison non sans se retourner une dernière fois sur moi et afficher un joli sourire radieux.

Ce fut avec cette image en tête que je rentrai chez moi et cela ne passa pas inaperçu à mon petit frère lorsque je passais dans le couloir de l'entrée. Il sauta de son siège pour venir me barrer la route, les bras croisés.

- Quoi ? Lui demandai-je, en le voyant me fixer.

- C'est parce que vous avez gagné le match contre les Bulldogs que tu es si joyeux ?!

- Et bien oui, pour quelle autre raison ? Eludai-je.

- Tu en es sûr ? Tu es parti très vite après nous avoir salué maman et moi. Dit-il sur un ton soupçonneux.

- Avec l'équipe, on devait fêter ça au Tavern, donc je me suis juste dépêché de les rejoindre. Me défendis-je devant son interrogatoire.

- Et ça n'a rien à voir avec la présence de Gabriella au stade ?

- Quoi ? Tu l'as vu ? Demandai-je, surpris.

Il me fit un large sourire en guise de réponse avant de partir rejoindre sa chambre, me laissant décontenancé. Je jetai mes clés sur la console à l'entrée et montai à l'étage. Je déposai mon sac d'entraînement au sol avant de m'installer à mon bureau. Je repensais à l'après match et au discours élogieux de notre coach. Même s'il n'était pas surpris de notre victoire écrasante, il avait pris le temps de féliciter notre jeu. Le violent plaquage était passé sous silence et Jenkins s'était encore une fois bien tiré. Quoiqu'il fasse, il s'en sortait toujours avec les éloges sans jamais être mis en cause. J'en venais presqu'à regretter m'être confié au coach. Après tout, que pourrait-il faire devant son capitaine d'équipe ? Comme il l'avait si bien dit pendant notre entrevue, l'intérêt de l'équipe passait en priorité même si cela devait inclure de fermer les yeux sur le comportement de Max.

- Deux matchs... Soufflai-je, passant mes mains derrière ma tête.

Le bip aigu de mon téléphone me sortit de mes songes et mon sourire revint lorsque je vis le nom d'Ella sur l'écran.

- Ma mère vient de rentrer, j'en ai profité pour lui parler de Boston...

- Alors ? Tapotais-je en retour, le coeur battant.

- Alors... Elle n'y voit pas d'inconvénient même si elle semble un peu déçue que je ne sois pas là pour fêter mon anniversaire.

- Comment as-tu réussi à la convaincre ?

- Je lui ai dit que mes amis m'avaient préparé cette surprise depuis longtemps et que je ne pouvais décemment pas leur faire faux bond. Répondit-elle, avec un semblant de langage soutenu.

- Je ne vous savais pas si douée avec le mensonge mademoiselle Johnsson. Fis-je en feignant de la sermonner.

- Il faut bien que je vous réserve quelques surprises monsieur Anderson, ce serait dommage que vous vous lassiez de moi au bout de si peu de temps. Me nargua-t-elle.

Je pouvais deviner son sourire espiègle au travers de notre discussion, ce qui fit disparaître en un claquement de doigts mes soucis. Elle avait ce pouvoir de radoucir mes maux, et je l'en aimais que davantage pour cela. Bien sûr j'étais heureux de passer le weekend avec mes amis, mais la savoir avec moi pendant ces deux jours me rendait davantage euphorique. Jusqu'à présent, chaque moment passé ensemble était furtif, dissimulé, ou encore écourtés. Ce séjour était l'occasion d'être vraiment ensemble, sans se mettre de barrières, sans se cacher aux yeux des autres, sans calculer nos gestes ou nos regards.

From the shadow to the lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant