Chapitre 12

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À l'entrée du bus, je mis mes écouteurs, laissant la musique en libre piste avant de m'assoir sur une des banquettes disponibles. Je suivais la route des yeux, avec la joie dans le coeur de retrouver les patients du service.

M'occuper d'eux allait me changer les idées, et j'en avais bien besoin après l'agitation de ce weekend. J'avais besoin de me concentrer sur autre chose, grâce à l'hôpital ce serait chose facile.

Le véhicule marqua un troisième arrêt et je vis à travers ma lucarne la devanture du Peace Coffee, là où travaillait Sophia. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire, ravie de constater que je n'aurai pas à marcher des kilomètres pour aller la saluer. Je lui avais promis qu'à mon retour du service je viendrai prendre un café avec elle.

J'aimais la compagnie de Sophia, elle était simple, douce et avenante. Je remerciais le ciel de l'avoir mise sur la route de mon frère. Je pouvais me confier à elle sans retenue, je la sentais attentive et à l'écoute avec moi. C'est sans doute ce qui avait plu à mon frère.

L'alerte sonore du bus me prévint d'un énième arrêt, le mien. Je descendis les marches et m'avança devant la grande bâtisse blanche. Les ambulances allaient et venaient devant l'entrée des urgences, parfois les pompiers faisaient leur apparition entre deux camions blancs. Les sirènes résonnaient de temps à autre.

Autant je pouvais apprécier venir travailler, autant le son des secours mettait mon corps en alerte. J'avançais vers cette grande bâtisse blanche, passait les portes battantes, contournait l'accueil pour aller prendre directement l'ascenceur qui mènerait à mon service de prédilection. Les grandes portes en ferraille s'ouvrirent et je me glissais à l'intérieur, appuyant sur l'étage numéro 5. Alors que les portes se refermaient, une voix au loin me hurlait de retenir l'ascenseur. J'appuyais fermement sur le bouton pour retenir l'ouverture et un homme en blouse blanche se glissa entre les deux portes de justesse.

- Merci beaucoup ! C'était moins une ! Fit-il en réajustant son badge.

- De rien.

- Ces ascenseurs sont si hasardeux ! On ne sait jamais quand on pourra réussir à en emprunter un ! Plaisanta-t-il avant de se tourner vers moi.

J'esquissai un sourire à sa plaisanterie. Il est vrai que les ascenseurs étaient souvent sollicités, si souvent, qu'il était difficile voir impossible de monter dans l'un d'eux.

- Oh je vois qu'on va dans le même service. Vous venez rendre visite ? Demanda-t-il sans préambule

J'hésitai à lui répondre.

- Pardonnez-moi, ça ne me regarde pas. C'est juste que ces grosses boîtes me rendent nerveux.

- Alors pourquoi être monté ?

- Pour la simple et bonne raison que je suis en retard et pour un premier jour de stage ça craint. Grimaça-t-il.

- Vous êtes ...

- Externe ! Je suis externe en médecine. Je dois rencontrer la cadre avant de prendre du service.

Je le détaillais davantage, il était, en effet, jeune, plutôt mignon avec ses cheveux châtains et son regard noisette. Il n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens, ce qui ne cachait en rien sa nervosité. Il réajustait sans cesse ses lunettes rectangulaires qui n'arrêtaient pas de glisser sur son nez. Il semblait très stressé, et j'avais envie de le rassurer.

- Ne vous inquiétez pas, Isabelle est très gentille. Le rassurai-je.

- Oh, vous la connaissez ? Vous travaillez ici ? Mon Dieu je pose trop de questions. Faites-moi taire !!

- Il n'y a pas de problème. Oui je la connais, c'est une amie de ma mère. Et on peut dire en quelque sorte que je travaille ici oui.

- Oh alors on va être amenés à se voir régulièrement. Je m'appelle Andrew, Andrew Collins. Me dit-il en me tendant sa main.

From the shadow to the lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant