Chapitre 62

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GABRIELLA

Nous avions passé le début d'après-midi ensemble, à marcher dans les rues de ce quartier atypique de Boston. L'influence italienne était si présente que j'en oubliais presque le pays où nous nous trouvions. Ce petit clin d'oeil qu'il m'avait fait m'avait vraiment touché. Je découvrais encore une nouvelle facette de lui et je n'en étais que plus amoureuse.

Nous nous étions arrêtés chez un marchand de glace. Je contemplais avec gourmandise tous les parfums et je le vis en faire autant. Lorsque le glacier nous demanda notre choix, c'est avec stupeur que nous répondîmes à l'unisson :

- Stracciatella !

Nous échangeâmes un regard complice avant de récupérer nos cornets respectifs sur lesquels il avait planté des petites cuillères en plastique.

- Quand est-ce que tu vas me dire la vérité ? Fis-je en lui faisant face.

Je n'arrivais pas à voir ses yeux derrière ses lunettes de soleil, mais je le devinais perdu. Son corps s'était tendu et sa main, qui tenait l'ustensile, resta en suspens près de sa bouche.

- De quoi tu parles ? Me demanda-t-il, tout en fronçant les sourcils, l'air inquiet.

J'esquissai un sourire en voyant son air décontenancé.

- Attends, ta pizza préférée est la quatre fromage, tu maîtrises quelques mots italiens ou en tout cas tu comprends parfaitement bien la langue. Et maintenant, la glace Stracciatella ? Sérieusement Josh, tu as du sang italien ce n'est pas possible autrement ! Lâchai-je en haussant les sourcils devant tant de synchronismes.

Aussitôt, je le vis se détendre et étirer ses lèvres avant de rire franchement. Il avala sa cuillère de glace avant de se lécher les lèvres et de la planter à nouveau dans le cornet. Il prit un air de nouveau sérieux et s'approcha de moi, m'obligeant à lever la tête pour sonder ses verres teintés.

- Smascherato ! Me répondit-il avec un accent à couper au couteau.

*Démasqué

Ce fut à mon tour de rire aux éclats, en comprenant qu'il se jouait de moi. Mais ma curiosité restait insatisfaite, j'avais envie de savoir d'où lui venait un tel penchant sur mes racines, pour cette langue latine et pour tout ce qui s'y apprêtait.

- Allez sérieusement Amore... Le suppliai-je.

Josh inspira profondément et se mit de nouveau à marcher, m'entraînant à ses côtés.

- Mon père était un grand amateur de cinéma et un grand fan de Coppola. Son film fétiche restera à tout jamais le Parrain avec Al Pacino. Il connaissait les dialogues presque par coeur à force de le visionner. Il arrivait même à placer certaines répliques dans notre quotidien. Relata-t-il, nostalgique.

- Ça devait vous agacer à force. Répondis-je, en l'écoutant avec attention.

- Non pas du tout, au contraire. Son imitation d'Al Pacino était ridicule, mais ça nous faisait beaucoup rire ma mère et moi. Dit-il, arborant une attitude joyeuse à ce souvenir.

Il se plaça devant moi, m'obligeant à m'arrêter, il glissa ses lunettes le long de son nez et me fixa de ses yeux verts :

- Gli farò un'offerta che non potrà rifiutare*. Dit-il, le sourire en coin et les doigts joints devant sa bouche.

*Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser.

Je rigolais face à la célèbre réplique et à ses mimiques ridicules. J'affrontai son regard espiègle avant de lui répondre, fière de moi :

From the shadow to the lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant