JOSH
J'avais toujours connu Ethan taciturne, mais à le regarder là, assis sur sa serviette à contempler sa petite rouquine dans l'eau, sourire aux lèvres, j'avais dû mal à le reconnaître. Fils unique, il n'a jamais trop parlé de lui, ni même de sa famille. Le fait est qu'il passait la majorité de son temps à l'entraînement ou sur le terrain, loin des siens. Un soir où nous faisions la fête, il avait bu plus qu'il n'en fallait pour se retrouver saoûl. Je l'avais raccompagné chez lui. Scott habitait dans un quartier plutôt résidentiel mais modeste. Lorsque nous étions arrivés devant chez lui, les lumières étaient encore allumées malgré l'heure tardive, et il avait semblé hésiter à rentrer.
Ce soir-là, il m'avait confié que les disputes entre ses parents s'étaient accentuées depuis l'hospitalisation de sa grand-mère. Il n'avait jamais eu connaissance de son existence jusqu'à ce que l'hôpital appelle chez eux. Quand il avait demandé des explications à sa mère, cette dernière avait coupé court à ses questions et lui avait demandé de ne pas en parler à son père.
Il m'avait expliqué que depuis cet appel, les rapports entre ses parents s'étaient vivement dégradés sans qu'il ne comprenne la véritable raison. Tout portait à croire que ça avait un lien avec cette grand-mère dont il ne connaissait rien. La seule famille dont il connaissait l'existence était ses deux parents. Pas d'oncle, ni tante, ni cousin, ni grands-parents jusqu'à ce fameux coup de fil.
- Je n'ai pas de famille, pas d'attache mis à part mes parents. Enfin jusqu'à aujourd'hui... Vous autre les gars, vous êtes mes frères ou des cousins éloignés, selon certains. M'avait-il dit, en titubant.
Je l'avais regardé rentrer chez lui, le corps déséquilibré. Arrivé sur sur le seuil de sa porte, il s'était retourné et m'avait adressé un signe de la main avant de rentrer.
- Tu as cherché à la voir ? Lui demandai-je, me rappelant cette conversation.
- Qui donc ? Me répondit-il en tournant sa tête vers moi.
- Ta grand-mère...
Ethan reposa sa tête sur ses genoux, le regard lointain. J'avais touché une corde sensible et je m'en voulus en voyant son sourire s'évaporer.
- Non.
Sa réponse était catégorique et ne laissait pas de place à la discussion.
- Elle est morte. Ajouta-t-il, la voix fragile.
Je tournai si violemment la tête que mon cou se contracta de douleur.
- Merde, Ethan je suis déso...
- Tu n'as pas à l'être. J'ai essayé. J'ai été à l'hôpital. J'ai pris l'ascenseur. Mais à chaque fois que les portes s'ouvraient, j'étais incapable de faire un pas en avant. Je ne sais pas, j'avais peur. Peur de blesser ma mère, peur de rencontrer cette dame dont je ne connaissais rien.
Un bref silence suivi durant lequel j'observais mon ami. Son regard était toujours rivé sur les filles, mais son esprit était ailleurs.
- Je ne sais rien d'elle, comme elle ne savait sans doute rien de moi. J'aurai aimé la connaître, comme j'aurai aimé comprendre pourquoi, pourquoi elle et ma mère ne se parlaient plus au point de ne pas venir la voir à son chevet ou de ne pas me la présenter...
J'imaginais à quel point Ethan pouvait se sentir triste et impuissant. Je ne savais pas grand chose de son histoire ou de son enfance, mais je connaissais bien mon ami. C'était quelqu'un de droit et de loyal, qui méritait sans doute qu'on se montre honnête avec lui.
- Je n'ai pas les réponses à tes questions, mais j'espère que tu les trouveras un jour. En attendant, comme me l'a dit une belle personne, je te souhaite à toi et ta mère de trouver la paix, et de ne pas vivre toute votre vie dans la culpabilité. Dis-je en regardant de loin Gabriella flotter sur l'eau.
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From the shadow to the light
RomanceÀ l'aube de ses 18 ans, Gabriella jongle entre les cours et les petits jobs, ne laissant que très peu de place pour sa vie sociale et sentimentale. Mais le début des vacances, marquant la suspension de ses activités, va la pousser à se plonger inévi...