From the shadow to the light

Chapitre 38

GABRIELLA

Cela faisait une heure que j'étais rentrée chez moi. J'avais rapidement salué Matt qui était au téléphone. Tim était apparemment parti retrouver des amis pour jouer au basket. Quant à mes parents, ils étaient tous les deux au travail. Je ne tardais pas à monter dans ma chambre pour m'y reposer.

Je m'installais sur mon petit bureau de travail et vit sous une pile de bloc notes mon carnet d'écritures. Je le repris entre mes mains et le feuilletais, me plongeant à nouveau dans chaque bribes d'histoires des patients de l'hôpital. Certains passages me firent sourire, d'autres pleurer. Je repensais à chacun d'entre eux, tentant de m'inspirer de leur sagesse, de leur recul sur la vie, leur clairvoyance, ... Mes yeux s'arrêtèrent sur une phrase que Betty m'avait citée une fois « Quand on a rien à perdre, autant tout risquer ».

Rien à perdre... Tout risquer... Cette citation, plus que toutes les autres, me fit un étrange echo. Rien à perdre, peut-être, et même s'il me restait encore des choses à perdre, j'étais prête à les risquer pour être avec lui. La dernière chose que je devais avoir perdu était sans doute la raison, mais ne dit-on pas que le coeur a ses raison que la raison ignore ?

Je refermai délicatement mon carnet et observai le sweat shirt de Josh, posé négligemment sur ma chaise. Je le saisis du bout des doigts et décidai de l'enfiler. Une fois la tête passée dans l'encolure, je savourai son odeur à travers le tissu, imaginant ses bras autour de moi. Je m'enivrais de cette sensation, balayant toute la tension de notre dernière conversation, quand Matt frappa à ma porte.

- Ella, je peux entrer ?

- Oui, bien sûr.

Il entrouvrit la porte avant de pénétrer dans ma chambre.

- Désolé de te déranger mais maman m'a demandé de te prévenir dès que tu rentrerais que tu avais un premier cours de conduite tout à l'heure.

- Ils n'ont vraiment pas perdu de temps. Ok, je suppose que tu m'y emmèneras ? Demandai-je plus de manière rhétorique qu'autre chose.

Je ne pensais pas me dire cela un jour, mais ce cours tombait à pic. J'avais besoin de faire autre chose que de ressasser tout cette histoire. Je regardai mon frère qui restait immobile devant moi.

- Quoi ? Il y a autre chose ?

- Non. C'est juste que... Tu peux me dire d'où tu sors ce sweat-shirt ? M'interrogea-t-il en pointant le vêtement du doigt.

Merde, le sweat de Josh... J'étais tellement dans le brouillard que je n'ai pas pensé à le retirer.

- C'est... C'est un ami qui me la prêté au lac. J'ai oublié de le lui rendre. Répondis-je gênée.

À cet instant, j'étais sûre que le mensonge pouvait se lire sur mon visage et j'en étais honteuse.

- Et au lieu de le rendre tu préfères le porter. C'est logique. Me dit-il, l'air taquin, en croisant ses bras contre son torse.

Et le voilà de retour, le discernement à la Matt Johnsson. Rien n'échappait à mon aîné, même s'il avait pris l'habitude de se mettre à distance de ma vie, il n'en était pas moins très observateur.

- Pour un type qui porte le même chouchou au poignet depuis trois jours, je ne suis pas certaine que j'ai des remarques à recevoir. Non ? Le piquai-je en retour, fière de ma trouvaille.

- Sauf que moi on sait à qui appartient le chouchou en question et que je ne m'en cache pas. Alors que toi, petite soeur, tu as l'air de quelqu'un qui dissimule beaucoup trop de choses, à commencer par le nom du propriétaire de ce sweat. Insista-t-il, l'air plus sérieux.