Tumultueuses négociations (Partie 2)

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Pour éloigner le violent ouragan qui s'apprêtait à s'abattre sur la rencontre déjà houleuse entre le sultan et sa captive, Djalal se mit entre les deux afin de les éloigner l'un de l'autre.

— Calmez-vous, je vous en prie ! Cria-t-il avant de regarder le sultan. Votre altesse, soyez un peu indulgent avec miss Harris. Ce qu'on lui demande n'est pas un banal service. C'est un grand sacrifice.

Hicham dut user de toutes ses forces mentales pour refouler sa colère et détendre son corps en garde à vous.

— Miss Harris, il me reste encore quelques minutes.

— Inutile de les gaspiller, monsieur Djalal. J'ai saisi ce qu'on attend de moi. À vous de comprendre qu'il me sera très difficile de faire confiance à un homme capable d'enlever et de séquestrer une femme comme si rien n'était. Qui me dit que je retrouverai ma véritable vie après avoir sacrifié mon identité ? Qui me garantit que je serai relâchée et ramenée chez moi à la fin de mon rôle dans cette machination ?

Ne croyant pas leurs oreilles, Hicham et Djalal se regardèrent pour s'assurer qu'ils avaient bien entendu la même chose. Victoria ne le disait pas clairement, mais ses questions laissaient supposer qu'elle serait prête de les aider.

— Miss Harris, doit-on comprendre que vous êtes d'accord pour le principe ? Et qu'il ne vous manque juste des garanties ? Demanda Djalal à la jeune femme en tremblant de joie.

Surprise elle-même de sa prédisposition à aider son ravisseur,
Victoria s'arrêta un long moment sur le visage d'Hicham. Sans pouvoir détacher ses regards de ses traits sauvages et virils, elle le fixa longuement à la recherche de signes pour faire le bon choix.

Comme à son habitude, le sultan dégageait une telle férocité et une telle froideur qu'il lui donnait mille et une raisons de le détester et de le craindre. Pourtant, il y avait quelque chose en lui qui adoucissait et sublimait son portrait sombre et obscure.

Victoria était partagée entre l'avenir d'un peuple et la cruauté de celui qui le gouvernait. Elle n'était pas sûre de ce qui était pire pour le royaume. Être envahi par un autre pays où rester sous le contrôle d'un tyran.

En remarquant que le sultan en personne était accrochée à ses lèvres comme un désespéré, Victoria conclut, avec ahurissement, que l'homme qui avait réussi à la terroriser n'était finalement qu'un être faible doté du puissant pouvoir d'une couronne, et cachant sa vulnérabilité sous la cape de la tyrannie.

Curieusement, de la fragilité de son ravisseur, elle n'en tirait ni jouissance ni satisfaction. Même l'envie de l'inférioriser ne lui frôla guère l'esprit.
Plus étrange encore, la jeune femme se sentit extrêmement gênée de faire languir un roi qui s'apprêtait à perdre son trône.

— Vous ne pouvez pas vous contenter de présenter un acte de mariage ? Je veux dire, avez-vous réellement besoin de la présence d'une femme qui prétendrait être l'épouse du sultan ? Un acte suffirait peut-être. Proposa-t-elle au sultan et à Djalal en espérant d'éviter le mariage blanc.

— Malheureusement non, miss Harris. Les Émiratis exigeront plus que la parole du sultan. Quant à l'acte de mariage, lui seul ne contentera pas les ennemis. Ils savent que le souverain pourrait en trafiquer un. Vous êtes bien une avocate, non ? Avouez que vous serez capable de démolir un acte de mariage pareil en quelques lignes.

Déçue, Victoria comprit qu'il n'existait plus qu'un seul et unique espoir pour s'en sortir.

— Je veux avoir la certitude que je retrouverai mon pays, ma vie et mes amis.

Plus qu'une demande de garantie, l'exigence de Victoria sonna comme un inespéré consentement dans les oreilles d'Hicham et de Djalal.

Sceptique, le sultan doutait de la véracité des propos de sa captive qui, étonnement, ne demanda pas un délai de réflexion. Il demeura inébranlable face à l'inestimable et généreuse faveur accordée par elle. Persuadé de son refus, il se tourna de nouveau vers la fenêtre.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant