À la découverte d'Azima

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Même si elle n'osait pas l'avouer, Victoria était soulagée de se débarrasser de l'ensemble classique sale et collant qu'elle portait depuis plus de dix jours. En enfilant la robe abaya longue et large choisie par Oumi, la jeune femme sentit que les pores de sa peau s'ouvrirent telle une fleur qui éclorait pour inspirer l'air frais.

— C'est fou ce que nos robes vous siéent à merveille, miss Harris ! En même temps, on vous mettrait dans un sac-poubelle, vous resterez aussi belle que gracieuse. La complimenta Oumi.

Face à son reflet, l'Anglaise se toisait avec mélancolie et sans dire le moindre mot. La sentant perdue et confuse, Zahra lui envoya un tendre sourire à travers le miroir, puis elle posa ses mains sur les épaules de la jeune femme.

— Il tiendra ses promesses. Peu importe ce que vous lui avez exigé pour sacrifier votre identité, notre sultan vous le donnera.

— Tu as fini de m'habiller ? J'ai hâte qu'on en finisse.

Avec sa légendaire patience, Oumi encaissa la mauvaise humeur de la captive sans se plaindre.

— Il vous reste de mettre ce voile intégral. Les femmes d'Azima ont le droit d'exposer leurs visages, mais vous, miss Harris, vous devez rester loin des regards pour le moment. Si jamais vous acceptez d'aider le sultan, il vaudrait mieux rester invisible.

Victoria eut du mal à s'accommoder au fait de devoir entièrement cacher son visage, mais elle accepta d'enfiler le couvre tête en mousseline qui ne laissait apparaître que ses yeux.
Les deux femmes entendirent frapper à la porte. Sans entrer, Djalal leur annonça que le sultan était prêt, et informa Victoria qu'il espérait son autorisation pour aller chercher la voiture. Oumi répondit à sa place et donna son accord à Hicham.

— Qu'avez-vous, miss Harris ?

— Il m'a toujours montré une profonde haine pour ce que j'ai fait, et j'ai accepté cette animosité justifiée. Là, forcé ou non, il se montre avenant, courtois et étrangement tolérant. Pourtant, je découvre un autre type d'hostilité. Un ressentiment plus personnel. Si comme si je l'ai blessé intimement, rien à voir avec l'accident. Je sais que tu ne me diras rien, J'ose toutefois espérer que tu confirmerais ou repousserait cette impression.

Oumi soupira avec nostalgie puis caressa la joue de la jeune femme.

— Le sultan vous attend.

Résignée à réprimer ses interrogations, Victoria suivit Oumi et Djalal à l'extérieur du palais.

En allant au bureau d'Hicham, la jeune Anglaise avait pris le temps de s'émerveiller devant la magnificence de l'architecture de la résidence royale. Pour cette fois, ni la somptuosité des décors des mille et une nuits, ni la féerie des paradis luxuriants, ni même la chaleur étouffante ne réussirent à captiver son attention.

— Miss Harris, le sultan vous attend en bas avec la voiture. L'informa Djalal après avoir traversé avec elle l'immense porte d'entrée du palais.

— Vous n'allez pas venir avec nous, monsieur Djalal ? S'inquiéta Victoria.

Souriant, Djalal fit un geste de la tête à Oumi pour la prier de retourner auprès de sa soeur, puis, avec la main posée sur le dos de Victoria, il poussa délicatement cette dernière à s'avancer dans l'interminable seuil qui menait aux marches.

Devant un énorme 4x4 noir se tenait un homme élancé, habillé en tenue traditionnelle blanche constituée d'une longue tunique, d'un pantalon, et d'un turban sur la tête de la même couleur. Victoria ne reconnut le sultan que quand celui-ci retira ses grosses lunettes sombres.

— J'ai la conviction que ma présence est inutile, miss Harris. Je ne m'inquiète ni pour vous ni de vous, autrement, sachez-le, je ne vous aurai jamais laissé tous seuls tous les deux.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant