Gratitude

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Pour sa nouvelle journée en captivité, Victoria peina à quitter son lit. Après une longue soirée passée en compagnie de l'insomnie, elle se réveilla avec le moral à zéro, le cœur endolori, et l'esprit stressé. Une fois de plus, elle s'interrogea sur sa capacité à tenir le coup et à endurer cette épreuve.

Insoutenable et pesante, sa séparation avec son fiancé et sa famille l'entraînait vers les abysses du désespoir, et plus sa séquestration s'éternisait, plus l'espoir de retrouver les siens s'évaporait.

Par chance, la jeune femme sut trouver une planche de salut sur laquelle s'accrocher pour s'en sortir. Même si cela ne l'enchantait guère, elle reconnut qu'en l'emmenant à résipiscence, le sultan réussit l'impensable en trouvant le remède miracle aux afflictions de son âme.

Jusqu'ici, elle croyait que le seul fait de reconnaître et assumer sa faute suffisait à apaiser sa conscience suppliciée. À présent qu'à cela s'ajouta la résolution et la possibilité de s'en amender, la jeune femme commençait à ressentir les délices de la paix et de la quiétude.

Étrangement, le châtiment du sultan lui apportait plus que les longues séances de thérapie qu'elle avait dû faire. Se trouver et se racheter auprès de la princesse Amina était finalement le seul meilleur moyen de déculpabiliser.

Réconfortée par sa volonté de bien faire, Victoria quitta sa cellule pour retrouver la victime de sa nuit d'ivresse. Au moment de s'en approcher, ses jambes la clouèrent à quelques pas d'elle.

La princesse avait les yeux grands ouverts avec lesquels elle fixait le vide. N'étant pas encore prête à l'affronter, Victoria perdit tout son courage et recula lentement loin du lit.

— Miss Harris ?! Mais que faites-vous ? Lui demanda Oumi qui entra dans la pièce avec un plateau dans les mains.

Abattue, Victoria se tourna vers elle avant de river vers le sol ses yeux prêts à libérer un déluge.

Sensible à la peine sincère de la captive, Oumi déposa le plateau du petit-déjeuner, puis s'avança vers la jeune femme avec un sourire séraphique entre les lèvres.

Pour la première fois depuis leur rencontre, Victoria fondit en larmes dans les bras de celle qu'elle considérait, hier encore, comme le cerbère de sa prison.

— Mon enfant, tout ira bien, vous verrez ! Lui assura-t-elle dans le but de la rasséréner.

— Ton sultan a vu juste. Il m'a trouvé la plus horribles des punitions. Comment pourrais-je cohabiter avec celle à qui j'ai tout pris, à commencer par sa dignité ? Comment ?

— Il suffit de faire le premier pas, miss Harris. Vous verrez, ça vous aidera pour la suite.

Victoria s'écarta d'oumi en essayant ses larmes.

— Quand je suis dans ma cellule, je me sens d'attaque à aller la voir, mais toute ma détermination me quitte dès que mes regards tombent sur son lit. Je suis incapable de l'approcher. C'est très dur. Elle est la clé de la délivrance de mon âme et de ma conscience, pourtant, quelque chose en moi met une barrière entre elle et moi, et me tient loin d'elle.C'est sans doute mon égoïsme. Je suis horrible ! Pathétique !

En sanglotant, la jeune femme s'écroula sur ses genoux avant de cacher son visage derrière ses mains.

— Mais miss Harris, comment pouvez-vous parler de vous de la sorte ? Vous n'êtes ni horrible, ni pathétique, et encore moins égoïste ! Vous ne vous rendez pas compte que vous venez de prouver que vous êtes une femme intègre et altruiste ? Lui apprit Oumi en s’accroupissant difficilement devant elle. Vous avez dit que la princesse est la clé de votre délivrance, et non celle de votre liberté. Cela prouve bien que vous ne vous souciez plus de vous-même autant que vous vous préoccupez d'elle. Une autre personne aurait agi de deux façons différentes aux exigences du sultan. Soit elle aurait continué de refuser de lui obéir par orgueil, soit elle aurait accepté de s'occuper hypocritement de la princesse dans le seul objectif de repartir chez elle. Il est évident qu'en ce qui vous concerne, vous désirez vraiment vous racheter.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant