Abandonnée

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Bien qu'elle avait tout tenté pour lui arracher des aveux sur ce qui s'était passé entre le sultan et elle, Oumi finit par baisser les bras, et laissa Victoria avec les cheikhs Wadahe et Hilali pour tester ses nouvelles connaissances sur Azima.

La jeune Anglaise créa la stupéfaction chez les deux hommes de confiance d'Hicham. Non seulement, elle répondit correctement à toute leurs questions, elle adopta également une attitude fière et digne qui les poussa à s'interroger sur ses véritables origines.

— Vous êtes sûr qu'en Angleterre vous n'étiez qu'une simple roturière ? Lui demanda Cheikh Hilali agréablement marqué par sa rencontre avec la jeune femme.

Après leur départ, Victoria se félicita d'avoir passé le test avec brio. Elle était également heureuse d'avoir caché sa désolation aux deux cheikhs.

Hicham avait refusé de l'écouter. Il ne lui avait même pas donné la chance de lui dévoiler la preuve de son innocence. Il était allé jusqu'à lui faire comprendre qu'elle sera la responsable de la mort de son frère, et cela peu lui importait les circonstances qui avaient mené à l'accident mortel.

Ce n'était pas tout malheureusement.
La jeune femme avait senti qu'en dépit de ses dires, le sultan la pensait innocente. Quelque chose dans ses regards, dans sa voix et dans son attitude lui assurait qu'il était convaincu de son innocence, ou du moins, qu'il commençait à considérer l'accident comme une erreur et non tel un crime. Malgré cela, et comme s'il s'obstinait à ne plus revenir sur son premier jugement, il continuait à lui refuser sa clémence, à rejeter l'idée de la commutation de sa peine, et à remettre en cause toute preuve de son innocence.

Pour Victoria, ce qui était encore pire que le comportement révoltant du sultan, c'était ce chaos qui secouait tout son être, cette perdition qui déviait son esprit du droit chemin, et cette nouvelle doctrine adoptée par son cœur.

Comment en vouloir à Hicham ? Comment lui reprocher son refus de l'écouter ? Comment lui tenir rigueur alors que c'était elle qui avait délibérément gâché et raté sa plaidoirie ?

Victoria ne pouvait pas le nier. Elle s'était tu alors qu'elle aurait dû crier son innocence. Elle avait baissé les armes alors qu'elle aurait dû fusiller le sultan avec les preuves de son innocence. Au lieu de le fuir, elle aurait dû le traîner de force jusqu'à la princesse pour le forcer à écouter ce qu'il reniait.

Ce n'était pas elle la coupable. Elle ne portait pas sur les épaules les fardeaux d'une âme fauchée et d'une vie détruite. Elle était innocente. Le sultan devrait aller enlever Austin. Il devrait forcer Alexa à jouer son épouse. C'était à eux deux de payer le prix fort de leur trahison, de leur lâcheté et de leur cruauté.

Voici ce qu'elle aurait dû dire à Hicham. Et voici le discours qui tournait en boucle dans sa tête alors qu'il était trop tard.

Victoria s'était tu par peur de partir, par peur de ne plus le voir, par peur de ne plus être à ses côtés. Même la frayeur de sacrifier son identité pour incarner une sultane qui n'existait que sur papiers n'était rien face à sa crainte de perdre Hicham.

L'aimait-elle ? Son cœur lui avait-il succombé ?

Si oui, pourquoi ? Quand ? Comment ?
Si non, pourquoi refusait-elle de le quitter ?

Ces questions sans réponses tourmentèrent Victoria jusqu'à très tard dans la nuit. Son corps s'éteignit et la plongea dans un sommeil qu'elle n'avait même pas vu venir.

À son réveil, la jeune femme grimaça en sentant ses membres se tortillaient de douleur. Elle se redressa difficilement tout en s'étonnant de s'être endormie sur le sol.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant